Meyer Habib se fiche tout autant de la « laicité » que des intérêts de l’ensemble des Français des différents pays étrangers qu’il est censé représenter. Il roule pour Israel et ne s’en cache pas. Mais il va loin dans le détournement de son mandat à l’assemblée nationale, souligne l’historienne, Martine Sevegrand.
« En 2013, lors de la première élection de députés représentant les Français de l’étranger, Meyer Habib a été élu dans la 8e circonscription comprenant Israël, l’Italie, la Grèce, la Turquie, Chypre, Malte, San Marin et le Vatican. Naturellement, la circonscription avait été découpée pour que les Franco-Israéliens soient largement majoritaires. Il vient d’être réélu en juin dernier et, à cette occasion, il a remercié, non seulement ses électeurs, mais aussi le « Tout-puissant ». Un peu plus tard, il chantait : « Sans les forces de la Torah, sans les forces de la République, sans les forces de Dieu, on n’aurait pas gagné cette élection ».
Meyer Habib participa dans sa jeunesse à des actions violentes du Betar contre des organisations d’extrême-droite et, à cette occasion, fut arrêté par la police. Puis il devint directeur général du groupe Vendôme (joaillerie de luxe) et, à trois reprises, a été élu vice-président du Crif.
En 2013, lors des élections françaises, il a reçu l’appui officiel de Netanyahu – dont il est un ami très proche – pour être élu député sous l’étiquette UDI.
Un député très particulier
Meyer Habib est alors élu à la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale où il défend les intérêts d’Israël et y devient, en quelque sorte, le porte-parole de Netanyahu ! Or, en juin 2017, il vient d’y être réélu comme vice-président de la commission…
On ne s’étonnera pas que toute son action ainsi que sa réserve parlementaire soit consacrée à Israël. Sous la présente législature, sous l’étiquette « Les Constructifs », il est intervenu à la commission des Affaires étrangères pour demander si la déclaration de Macron présentant l’antisionisme comme une version de l’antisémitisme « aura une portée concrète »…
A deux reprises, à l’Assemblée nationale, il a défendu la réserve parlementaire, précisant, le 28 juillet dernier, qu’elle lui avait permis d’aider 50 associations mais s’est plaint que le ministère des Affaires étrangères l’ait empêché d’accorder une subvention de 3 000 euros à un professeur de physique français qui vit « de l’autre côté de la Ligne verte ». Gageons qu’un grand nombre de députés n’ont pas compris qu’il s’agissait d’un colon.
Dans une autre intervention, le 2 août dernier, à l’occasion d’un débat pour défendre les transports maritimes contre le terrorisme, il a osé comparé le FPLP (Front populaire de libération de la Palestine) à Daech, puis a justifié l’attaque israélienne de la flottille se rendant à Gaza, en qualifiant cette dernière d’ « enclave terroriste contrôlée par le Hamas ».
Meyer Habib prétend aussi prendre la défense des chrétiens d’Israël. Mais, en fait, seulement celle des quelques chrétiens qui, reniant leur arabité, se déclarent araméens ! Le gouvernement israélien qui a lancé cette opération a créé une sixième nationalité, celle des « chrétiens araméens » (pour les arabes qui sont de liturgie ou de langue araméenne) et espère recruter parmi eux des jeunes recrues pour l’armée. Le prêtre orthodoxe qui dirige cette petite scission, Gabriel Nadaf, a été invité à l’Assemblée nationale française par… Habib Meyer ! »
Martine Sevegrand
CAPJPO-EuroPalestine