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Attention Intox : la série télévisée « FAUDA »

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Le journaliste israélo-palestinien Sayed Kashua, du quotidien Haaretz, démonte point par point « Fauda », une série télévisée ultra-violente qui enchanterait tout le monde, selon la propagande israélienne, y compris voire surtout, la population arabe et palestinienne.


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«Fauda » (« chaos », en arabe) a pour trame la traque, par des unités spéciales de l’armée d’occupation, d’un chef du Hamas responsable de nombreux attentats. La série est diffusée dans de nombreux pays, y compris en France, sur une chaîne payante.

« Ses créateurs prennent les Arabes pour des idiots. Ils prétendent ainsi que le public palestinien va apprécier une fiction où l’on ne voit ni dominants ni dominés, où il n’y a pas d’occupation, aucun contexte historique, pas de checkpoints, pas de misère, pas de démolitions de maisons, pas d’expulsions, pas de colons ni de soldats brutaux », s’insurge d’emblée Sayed Kashua. On n’y voit pas non plus ces députés palestiniens emprisonnés sans procès, non plus que ces adolescents et même ces enfants condamnés pour avoir essayé de repousser des soldats armés jusqu’aux dents.

Malgré cela, « il n’y a pas eu un seul critique de télévision pour questionner la moralité de cette série, et le sentiment de supériorité dont est imbu tout producteur israélien, convaincu qu’il peut parler au nom des Arabes tout aussi facilement qu’il peut se ‘déguiser’ en Arabe en portant des vêtements bon marché ou en se laissant pousser la barbe».

La production cinématographique et télévisuelle israélienne, poursuit Kashua, sert quasiment toujours le discours officiel. « Dans le meilleur des cas, si l’on excepte quelques œuvres documentaires, on a droit à des œuvres sur le thème de « je tire et puis je pleure », manière de s’enorgueillir d’une « éthique juive » de contrebande.

« Fauda » n’échappe pas à cette règle. Son arrogance, et sa prétention à s’approprier l’histoire des Palestiniens sont la conséquence inévitable du régime militaire imposé par Israël à ce peuple.

« Tout comme les soldats, de nombreux artistes israéliens se moquent des frontières. Il y a des gens qui s’emparent des terres d’autrui, et d’autres qui s’emparent de l’histoire d’autrui ».

« Si j’écris cet article sur ‘Fauda’, c’est parce qu’ici, en Israël, il y a une flopée de commentateurs qui osent écrire que les Arabes, les membres du Hamas, les dirigeants de l’AP ou plus généralement ‘les gens d’en face’ se réjouissent de l’existence de cette série télévisée, qui servirait leurs intérêts bien compris », explique Sayed Kashua.

« Mais je leur réponds : vous avez la supériorité militaire et l’hégémonie en matière de communication. Laissez au moins les Palestiniens détester ‘Fauda’. Les producteurs de la série ont-ils réellement besoin de faire le marketing de leur produit en le présentant comme quelque chose d’objectif, qui montrerait la réalité de l’occupation ? »

« Les communicants israéliens qui ont inventé le subterfuge selon lequel les Palestiniens étaient véritablement fans de ‘Fauda’ sont des imbéciles ».

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(les réalisateurs de Fauda, « cul et chemise » avec l’ex-Premier ministre et chef de l’armée Ehud Barak ; la messe est dite)

Pour donner un aperçu du contenu de la série : « la deuxième saison de ‘Fauda’ s’ouvre sur un plan montrant un Arabe, barbu et assoiffé de sang, qui envoie son ami devant un arrêt de bus rempli principalement de femmes et de jeunes soldats. Mais quand l’apprenti « terroriste » hésite à commettre l’attentat et commence à faire marche arrière, le barbu en question, Nidal dit « al Maghdessi », déclenche la charge à distance. Il tue ainsi son ami, mais cela ne l’affecte pas outre mesure, du moment que quelques juifs périssent aussi dans l’explosion. Voilà ce qu’est censé retenir le spectateur ».

« Et qu’en pensent nos critiques israéliens ? Que le Palestinien qui regarderait la série sauterait de joie en criant Allahou Akbar, et penserait que ce Maghdessi est un véritable héros ? »

« Et ces mêmes propagandistes israéliens se figurent-ils que des militants du Hamas, devant leur poste télé, vont se dire que Maghdessi est décidemment un mec trop cool, et qu’il faut absolument regarder les épisodes suivants, car à Hollywood, c’est toujours le gentil qui gagne à la fin ? »

Quant aux personnages israéliens de cette fiction, ce sont assurément des disciples parfaits de « l’éthique juive ». Témoin cette tirade de l’un des principaux protagonistes, un officier israélien en uniforme, qui renonce, par bonté d’âme, à une exécution extra-judiciaire : « Il y a trop de non combattants dans le voisinage, on ne peut pas utiliser un drone pour le moment, attendons que notre cible soit à découvert », dit le brave soldat, si soucieux de la vie des civils palestiniens.

« Non, ne vous en déplaise, les Arabes, les Palestiniens, les membres du Hamas, ne sont pas des fans de Fauda, et je serai curieux de connaître le nombre de ceux qui le regardent ou même en ont entendu parler, malgré la promotion ».

« A mon avis », poursuit le journaliste, « si un Palestinien regarde ‘Fauda’, la première question qui lui viendra à l’esprit sera la suivante : comment se fait-il que le soldat israélien déguisé en indigène qui arrive dans un quartier de Naplouse ne soit pas immédiatement trahi par son lourd accent dès qu’il ouvre la bouche en arabe ? ».

Et puis, le scénario procède par moments d’une véritable mystification : on voit ainsi al-Maghdessi à moto dans les rues de Naplouse, et à un autre moment, il chevauche son engin quelque part dans le désert du Neguev, c’est-à-dire de part et d’autre de la barrière dite de séparation. « Si une telle mobilité était possible, la moitié de nos tourments aurait disparu, se dirait le téléspectateur palestinien, qui s’interrogera aussi sur le fait qu’on ne voit jamais, dans ‘Fauda’ un Arabe habillé un peu élégamment », commente Kashua.

Au final, « le téléspectateur arabe n’aura plus qu’à espérer que le téléspectateur étranger de ‘Fauda’ sera assez intelligent pour ne pas accorder la moindre crédibilité à cette œuvre commerciale », conclut-il.

Source : https://www.haaretz.com/misc/article-print-page/.premium-1.834416

CAPJPO-EuroPalestine

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