Christian Estrosi, maire de Nice, connu pour son amour de la surveillance de la population et son incapacité à empêcher les poids lourds, pourtant interdits de circulation sur la Promenade des Anglais, de rouler tous feux éteints sur 2 km et de faucher 86 personnes, vient de s’adresser à un criminel de guerre pour introduire la délation à grande échelle à Nice.
Israël, modèle de « sécurité ». A quand ce genre de situation en France ?
Estrosi ne pouvait en effet tomber mieux que sur Ehud Barak, ancien premier ministre et ministre de la défense pendant les terribles bombardements sur Gaza à l’hiver 2008-2009, responsable des massacres sur le Mavi Marmara en mai 2010 où des passagers furent jetés à la mer*, et actuellement compromis dans un gros scandale en tant qu’entremetteur entre le producteur déchu Harvey Weinstein et les agents du Mossad qu’il a employés pour espionner les actrices s’apprêtant à révéler ses agressions sexuelles et intimider les journalistes enquêtant sur l’affaire.
Bravo ! De quoi faire affaire avec un tel individu, et qui en dit long sur le maire de Nice lui-même.
Quant au « Reporty », gadget proposé par Ehud Barak –qui est aussi à la tête d’une « start-up technologie »– et dont Estrosi fait faire la pub à tous les médias, il est tout sauf anodin.
Si en termes de technologie, il ne représente pas la moindre avancée, en revanche sa nocivité en termes de promotion de la délation de tout le monde et n’importe qui, n’est pas négligeable.
Il s’agit en effet de pousser tous les consommateurs à télécharger sur leur téléphone une application permettant de transmettre en temps réel les images de toute personne semblant suspecte.
Estrosi, qui a annoncé avoir commencé son expérimentation avec 2000 personnes à Nice (notamment des membres du réseau « Voisins vigilants »….) pour une durée de 2 mois, a donné lui-même des exemples assez ahurissants du soi-disant intérêt de cette application en matière de « sécurité ».
« Chacun d’entre nous doit devenir un citoyen engagé acteur de sa propre sécurité, et donc de la sécurité collective », a déclaré Christian Estrosi,en proposant aux citoyens de filmer les « incivilités » (sic) dont ils sont témoins pour les transmettre aussitôt à la police. Parmi les exemples donnés –tenez-vous bien– : « un maraudeur lorgnant sur des voitures en stationnement et une fourgonnette déchargeant sur la voie publique de l’électroménager usagé ».
« Artisan de la massification de la vidéosurveillance dans sa ville, Christian Estrosi a été vivement critiqué par l’opposition municipale qui dénonce un système de « délation » généralisé. », nous dit-on dans la presse.
Quelques commentateurs ont fait preuve d’un peu de bon sens en expliquant : « Ce qui est étrange dans cette affaire c’est que tout le monde réagit comme si la possibilité pour tout citoyen d’informer la police était nouvelle. Or il faut rappeler qu’il existe depuis plus de 20 ans des téléphones portables et que la procédure ordinaire consiste à appeler les numéros d’urgence de la police nationale (le 17), des pompiers (le 18) ou de la police municipale lorsqu’il y en a une. »
« Le risque est de faire remonter des comportements suspects de personnes qui ne sont absolument pas délinquantes. Il y a aussi un problème moral et celui d’un encombrement des services de sécurité », a déploré sur RMC Mathieu Zagrodzki, chercheur au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales.
Selon deux associations, l’application cache des mouchards et collecte des données sur ses utilisateurs. Elle est déjà épinglée par Exodus Privacy et la Quadrature du Net. La première association, spécialisée dans la confidentialité et l’évaluation d’applications Android, estime que le code de Reporty contient de multiples mouchards. La seconde met en doute la légalité du système mis en place.
*Ehud BARAK avait même dû renoncer à sa visite en France, le 14 juin 2010., craignant d’être traduit devant un tribunal après les plaintes déposées contre l’agression israélienne de la flotille de la liberté.
CAPJPO-EuroPalestine