Dans un éditorial du quotidien israélien Haaretz, Yossi Klein dénonce le machiavélisme d’Israël, qui nourrit l’antisémitisme contre les Juifs du monde entier.
Juif américain qui dit sa « honte de l’insatiable machine de guerre israélienne »
« Israel est bien content de pouvoir exploiter à sa guise les Juifs de par le monde, et se moque comme d’une guigne du danger qu’il leur fait courir.
Israel est un danger pour les Juifs, sur toute la planète. Il prétend être leur protecteur, mais n’a que faire des conséquences qu’ils auront à subir, à la suite de ses agissements. Israel use sans vergogne des Juifs vivant à l’étranger comme d’un gilet pare-balles, se prémunissant ainsi de l’hostilité suscitée par ses propres agissements.
« Ma politique vous révulse ? Vous comptez me menacer? Fort bien ! Sachez que les premiers touchés seront les Juifs de vos propres pays. »
Savoir comment les Juifs vivant à l’étranger, pourraient subir les conséquences de ses opérations militaires, n’entre pas dans les plans de l’armée israélienne. Cela ne compte pas.
L’armée fait ce qu’elle veut, que cela soit dommageable ou non à la sécurité des Juifs dans le monde. Ceci, tout en n’omettant jamais prétendre les représenter, de parler en leur nom, les prenant, de fait, en otages, tels des boucliers humains.
« Sois obéissant à Israël. Ta loyauté à ton propre pays, cela passe après »
Le judaisme affiché par Israël, n’est pas du tout celui que, dans une grande majorité, partagent les Juifs de la diaspora. De toute façon, c’est Israel qui définit ce qu’est le Judaïsme.
Le judaïsme, à la sauce israélienne, c’est celui d’une minorité qui s’est emparée des manettes en Israel, et qui, aux USA, est toute ouïe aux discours des chrétiens sionistes, et n’est guère réceptive aux préoccupations des Juifs américains. Qu’ils soient libéraux ou conservateurs, Israel les combat s’il le faut, sans pour autant cesser de les instrumentaliser.
Tous les gouvernements israéliens ont toujours su utiliser les Juifs de la diaspora. Israel ne se sent nullement gêné aux entournures si, en se camouflant derrière le judaïsme, il l’expose au danger.
Ainsi, en 1956, Israel a manipulé les Juifs égyptiens, en les incitant à nuire à leur propre pays.
Pour ce faire, ce fut l’espion Jonathan Pollard qu’Israel envoya, sur place, mener à bien des opérations de déstabilisation de l’Egypte, pourtant son propre pays.
Israel impose sa présence dans le monde juif, faisant de la loyauté à son égard un véritable dogme, tout en n’ayant de cesse d’assimiler la moindre critique le concernant à une attaque contre les Juifs du monde entier et, selon ce scabreux raisonnement à … de l’antisémitisme.
Si on voit les choses ainsi alors, très franchement, Israel ne devrait nullement manquer d’antisémites, et ce à l’intérieur de ses propres frontières. On estime en effet à la moitié de la population israélienne, le nombre de réfractaires au gouvernement en place.
Alors, au bout du compte, ce qui devait arriver est arrivé.
A ce petit jeu réduisant toute voix critique à son égard à de l’antisémitisme, Israel a fini par trop tirer sur la corde. Selon l’adage bien connu, tant va la cruche à l’eau qu’elle finit par se casser.
La tactique, usée de manière éhontée, consistant à porter à tout vent l’accusation d’antisémitisme, est devenue complètement obsolète.
Le temps où nous arguions de notre bon droit à bombarder Gaza, en nous abritant derrière les atrocités nazies, le camps d’extermination d’Auschwitz, est désormais derrière nous.
Mais Israel ne souhaite nullement s’y résoudre, et pour cause, tant il peut être bénéfique de parler à tout bout de champs d’antisémitisme. Cela ne permet-il pas de prouver ainsi l’échec des pays étrangers à protéger leur propre population de confession juive, mettant ainsi, en évidence, l’excellence d’Israel en la matière, seule bouée de sauvetage et refuge pour les Juifs d’un monde forcément hostile?
Les chefs d’Israel sont tellement fiers de se voir ainsi portés au pinacle, en héros d’un peuple juif tellement menacé. Pour Israel, les Juifs du monde sont, avant tout et sur toute la planète, ses Juifs.
Que l’on se rappelle lorsque, il y a maintenant trois ans, une attaque terroriste a frappé mortellement des Français de confession juive. Israel s’est alors empressé d’appeler ceux-ci à émigrer en Israel, « seul pays à même de garantir leur sécurité ». (Ironie de l’histoire, c’est en Israel que le nombre de Juifs morts lors d’attentats est le plus élevé.)
Israel balaie d’un revers de mains toute condamnation de ses crimes commis à Gaza. Dans le même temps, il abandonne à leur sort les Juifs de l’étranger, dédaigne les non Juifs, tout en leur demandant de l’aimer. Israel a soif de toute forme de la sollicitude que le monde, si reconnaissant, devrait lui prodiguer.
Pour une médaille de judo, la naissance en fanfare d’une start up, notre pays se démènera dans tous les sens, nationalisant d’un côté, privatisant de l’autre, prêt à manger à tous les râteliers pour parvenir à ses fins.
On en a eu un petit aperçu la semaine passée lorsque, aux Pays-Bas, deux questions de portée hautement nationale, étaient en jeu. Je veux parler de la victoire à l’Eurovision, et des tirs meurtriers contre la population gazaouie, deux sujets si chers à nos coeurs.
La parodie néerlandaise de la chanson » Toy », où l’action de l’armée israélienne se voyait remise en question a été, très rapidement, qualifiée d’antisémite. Le tout accompagné, comme il se doit en de telles circonstances, de protestations en provenance de l’ambassade israélienne. La chanson n’avait absolument rien d’antisémitisme mais après tout, peu importe. Réduire toute contestation des crimes israéliens à de l’antisémitisme, voila tout ce qui compte.
Si vous osez vous moquer de notre chanteuse Neta Barzilai, c’est que vous en voulez au premier ministre, à sa femme, son parti, et au bout du compte à tout son gouvernement que vous voulez renverser.
Et pourquoi me direz-vous?
Parce-que nous l’avons décidé.
Circulez, il n’ y a rien à voir, nous faisons autorité en la matière et, pour définir ce qui est, ou non, antisémite, c’est nous qui avons le dernier mot, et s’il le faut, pour appuyer nos dires, nous instrumentalisons sans honte les six millions de juifs assassinés par les nazis.
Les israéliens sont responsables de l’arrivée au pouvoir de Nethanyaou. Pour autant, en quoi les Juifs du reste du monde devraient en assumer la responsabilité ? Pourquoi devraient-ils porter le fardeau des crimes et délits commis par cet autoproclamé « Roi des Juifs », qui fuit ses responsabilités quand sont menées des investigations criminelles à son égard?
Si je vivais à l’étranger, c’est d’un oeil aussi inquiet qu’alarmé, que je suivrais les tenants et aboutissants de sa politique. L’affaire du bunker souterrain, comme celle de la voiture blindée pour Sarah, sont de très mauvais augure pour les Juifs. Qu’ils vivent, ou non, en Israel. Lorsque l’on apprend qu’il est en contact avec des agents immobiliers en Toscane, ou qu’il a ouvert un compte bancaire dans les Caraïbes, c’est qu’il est vraiment temps de donner un sérieux coup de balai dans la maison, de la cave au grenier.
Le superbe et non moins magnifique Roi des Juifs, vendrait père et mère, pour le retrait d’une seule de toutes les charges l’accablant. »
(Traduit par Lionel R. pour CAPJPO-EuroPalestine)
Source : https://www.haaretz.com/opinion/.premium-israel-uses-diaspora-jews-as-human-shields-1.6135014
CAPJPO-EuroPalestine