Que vient faire l’armée israélienne à une frontière entre la Jordanie et la Palestine ? Première question que devrait se poser cette jeune touriste américaine, assez naïve pour aller dire à ces « garde-frontières » israéliens qu’elle a des amis palestiniens et qu’elle est invitée à leur mariage. Un mariage palestinien ? C’est sûr que la sécurité d’Israël ne peut y résister !
« Le premier juillet, j’ai essayé de passer la frontière entre la Jordanie et la Palestine, pour visiter les sites historiques et assister à un mariage à Ramallah. Mon professeur d’université m’avait invitée et il se trouve qu’elle est palestinienne. On nous a séparées au contrôle des frontières, du côté jordanien, et on a placé mes bagages dans un autobus, tandis que j’ai dû rester en Jordanie et attendre le bus touristique.
Je suis arrivée de l’autre côté, en Israël, vers 15 heures trente et j’ai attendu le passage au contrôle des passeports. Lorsque j’ai expliqué les raisons de ma visite en Israël au garde-frontière, ce dernier m’a interrogée sur ma famille et m’a posé des questions au sujet de mes intentions dans ce pays. Tout ce que je voulais, c’était visiter les meilleurs centres d’intérêt, assister au mariage et retourner en Jordanie d’ici quinze jours.
Leur attitude a totalement changé, quand je leur ai dit que je serais cette nuit-là avec ma professeure d’université, à Ramallah : Extrême hostilité.
Trois gardes m’ont interrogée et invectivée, avec, derrière moi, une file d’autres touristes américains. On m’a détenue immédiatement, sans explication, et on m’a confisqué mon passeport.
Du fait que mes bagages se trouvaient déjà en Israël, je portais seulement mon sac à dos, et le garde en a profité pour faire des commentaires grossiers sur ma personne, genre « Comment pensez-vous survivre avec un unique sac » ?
J’ai posément expliqué aux gardes que mes affaires avaient déjà traversé le contrôle frontalier avec ma compagne de voyage, et qu’on m’attendait.
Cette réponse ne leur suffisait pas. Suivent d’autres commentaires grossiers sur la somme d’argent que j’avais dans mon portefeuille : Cette somme (50 dinars jordaniens) qui se trouvait là, n’avait ni queue ni tête, puisque j’avais l’intention d’utiliser ma carte de débit une fois en Israël.
On m’a obligée à m’asseoir toute seule, après que je leur eus donné mes adresses et des renseignements sur ma compagne de voyage, sans m’informer de ce qui se passait.
Trois heures environ ont passé, lorsque les militaires en présence m’informent que je retournais en Jordanie, sans mes bagages. J’y avais des médicaments essentiels dont je ne pouvais pas me passer, mais les gardes et l’armée n’en ont pas tenu compte et ont fait des commentaires grossiers sur mon besoin de médicaments, de lunettes prescrites et de verres de contact.
Raison donnée : « Il est peu probable qu’on vous ait invitée à un mariage dans ce pays. Vous n’êtes pas organisée. Alors, pour la sécurité d’Israël, on vous renvoie en Jordanie. »
Je me demande comment une présence à un mariage et le tourisme sont des raisons pour barrer l’accès à un pays.
La grossièreté du personnel israélien au contrôle du Pont du roi Hussein est inexcusable. On m’a aussi forcée à donner mes empreintes digitales. J’ai été traitée comme criminelle. Insultes en plus. Renvoi forcé en autobus vers la Jordanie où la police m’a traitée avec une grande douceur et où on m’a affirmé que je retournerais à Amman, saine et sauve.
Aucun être humain ne devrait souffrir ni humiliation, ni intimidation pour vouloir tout simplement voyager. J’ai pris contact avec l’ambassade des États-Unis, afin de la prévenir de ce problème.
Je suis dégoutée et déçue par le fait qu’un pays préfère déshumaniser les gens plutôt que de les laisser circuler librement. Ce qui s’est passé aujourd’hui était petit un aperçu de ce que subissent quotidiennement les Palestiniens. »
Par Laura Comstock
(Traduit par Chantal C. pour CAPJPO-EuroPalestine)
Publié par Mondoweiss
CAPJPO-EuroPalestine