Dans une vidéo devenue virale, Nabila Makram, ministre égyptienne de l’immigration, apparaît un micro à la main, en train d’expliquer, en riant, que la décapitation attend « quiconque qui se trouve à l’étranger et qui dit du mal de notre pays »…
La ministre égyptienne de l’Immigration, Nabila Makram.Photo : Reuters / Asmaa Waguih
« Si quelqu’un dit du mal de notre pays, on lui fait quoi ? On coupe », a-t-elle lancé en faisant signe de sa main de trancher sa gorge, déclenchant les rires de la salle, lors de ce discours tenu dimanche au cours d’une soirée privée réservée aux membres de la diaspora égyptienne à Toronto, et en présence de l’ambassadeur égyptien au Canada, Ahmad Abou Zeid.
Dans cette séquence, dont l’une des vidéos la relayant sur Twitter a dépassé les 160 000 vues, Nabila Makram loue d’abord sa patrie avant d’évoquer la décapitation : « Ce qui réunit les expatriés c’est l’amour de leur pays et ils ne tolèrent pas qu’on le critique ou qu’on en dise du mal », a-t-elle déclaré en arabe.
Mohamed Kamel, membre du conseil d’administration de la Coalition égyptienne canadienne pour la démocratie (CECD), interrogé par Radio-Canada, a estimé mardi que ces propos étaient « très dangereux et inacceptables ». « Ça nous rappelle l’affaire Jamal Khashoggi » a-t-il fait valoir, en référence au journaliste saoudien assassiné, puis démembré, l’an dernier au consulat saoudien d’Istanbul en Turquie.
« Si la ministre adresse ces menaces-là aux dissidents égyptiens au Canada, que fait donc le gouvernement égyptien des opposants en Egypte même ? », s’est interrogé Mohamed Kamel, membre du conseil d’administration du CECD.
M. Kamel dit prendre les mots de la ministre égyptienne au sérieux, même s’ils ont été prononcés sur le ton de la blague : « Il ne s’agit pas ici d’une citoyenne ordinaire, mais d’une ministre en visite officielle au Canada », dit-il. « Son geste de la main imitant la décapitation a une signification très claire. Le fait qu’elle l’ait fait avec le sourire est encore plus grave. »
Et il n’a pas tort, étant donné les méthodes de répression utilisées par le meilleur client de la France pour les achats d’armement.
Depuis 2014, plus de 1891 condamnations à mort ont été prononcées et au moins 174 personnes ont été exécutées, « souvent à l’issue d’un procès inéquitable », affirme Amnesty International. Et ce ne serait que la partie émergée de l’iceberg…
Source : https://ici.radio-canada.ca
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