Israël était déjà l’un des principaux fournisseurs d’armes de la junte militaire sous Pinochet. Il continue de plus belle à équiper et former la police et l’armée chiliennes, pendant la répression qui sévit, rapporte le site britannique « Independent ».
Photo: AP – Esteban Felix
« Ces dernières années, les soldats israéliens ont apparemment utilisé une tactique consistant à mutiler les manifestants palestiniens au lieu de les tuer – et c’est quelque chose que nous avons vu se reproduire cette semaine au Chili.
Ce qui a commencé comme un acte de désobéissance civile des étudiants contre la hausse des tarifs du métro de Santiago s’est maintenant étendu en dehors de la capitale chilienne. Dans un soulèvement soudain contre l’austérité et les inégalités économiques persistantes, une proposition d’augmentation tarifaire n’était que du sel sur une plaie ouverte pour les pauvres et les classes populaires du Chili. Les manifestations pacifiques, lorsqu’elles sont dispersées de force par la police nationale, sont devenues violentes. Le gouvernement, dirigé par le président milliardaire conservateur Sebastián Piñera, a réagi en déclarant l’état d’urgence et en appelant les militaires à réprimer les manifestations, déclarant que l’État était « en guerre ».
Alors que les militaires font régner une brutalité sans précédent contre les civils depuis la dictature qui a pris fin au début des années 1990, il est important de souligner les liens internationaux de cette brutalité. Il convient de noter en particulier l’appui tactique passé et présent et les ressources militaires fournis par l’État d’Israël au Chili.
Sous le régime d’Augusto Pinochet, soutenu par les États-Unis, le Chili a vu des dizaines de milliers d’opposants politiques emprisonnés, tués ou disparus. Au cours de ces années, Israël et le Chili ont entretenu des relations de collaboration, Israël étant l’un des principaux fournisseurs d’armes de la junte militaire.
L’ère sombre du règne de Pinochet a des liens notoires avec le présent. Le Président Piñera, après avoir nommé des membres de son cabinet qui ont fait des commentaires en faveur de Pinochet, a également travaillé à affiner les lois dites « anti-terroristes » de l’époque de la junte. Ces lois ont à leur tour accru la surveillance et l’oppression des Mapuches et des groupes de gauche.
Aujourd’hui, les forces armées du Chili et d’Israël ne tentent pas de cacher leur alliance, citant sur le site Internet de l’ambassade du Chili en Israël l’objectif de « resserrer les liens avec… Israël, afin de rendre possibles la connaissance, la formation et les échanges d’expériences ». Le Chili et Israël ont signé un accord en 2018 qui préconisait une « coopération accrue en matière d’éducation, de formation et de doctrine militaires » lors de la visite du général israélien Yaacov Barak au Chili, cette année-là.
Et les plus touchés sont la classe ouvrière et les peuples autochtones des deux régions. En Israël, les Palestiniens sont soumis à un système d’occupation et d’apartheid, et au Chili, la classe ouvrière et des groupes autochtones, tels que les Mapuches, vivent des siècles d’oppression coloniale.
Ces dernières années, l’armée israélienne a apparemment utilisé une tactique consistant à mutiler les manifestants palestiniens au lieu de les tuer. Depuis plus d’un an, les civils palestiniens marchent vers les barbelés autour de Gaza pour protester contre l’occupation israélienne, et l’armée en fait des handicapés.
Au cours de la semaine dernière, cette tactique israélienne a été utilisée contre des civils chiliens à plusieurs reprises. Une femme a reçu une balle dans la cuisse et a été signalée dans un état critique en raison de saignements importants. Dans un autre cas, un homme de 23 ans a reçu une balle dans la jambe avant qu’un véhicule militaire ne l’écrase.
Ces tactiques similaires ne sont pas le fruit du hasard et font partie de ce que des groupes militants tels que Jewish Voice for Peace ont appelé « l’échange mortel ». Aux États-Unis, la police municipale, les agents de l’ICE et d’autres agents de sécurité s’entraînent régulièrement aux côtés de l’armée israélienne, partageant des tactiques et des armes qui peuvent encourager le profilage racial, les exécutions extrajudiciaires et une surveillance accrue des groupes les plus marginalisés des deux pays.
Emilio Dabed, un avocat palestino-chilien, a déjà établi les liens par écrit : « Dans les deux cas, les Palestiniens et la population indigène du Chili vivent dans un état d’exception qui leur est imposé par les colonisateurs, et dans lequel le peuple colonisé n’est considéré ni comme un citoyen détenteur de droits ni comme un sujet politique, mais plutôt comme une menace – des corps qui sont gouvernés par une violence normalisée en droit » .
Les armes israéliennes qui ont maintenu Pinochet au pouvoir par la force ont été utilisées de manière disproportionnée contre les Mapuches, qui avaient soutenu les efforts de la gauche, comme l’élection du socialiste Salvador Allende en 1970. Aujourd’hui, beaucoup d’indigènes participent aux manifestations et sont des cibles pour l’armée.
En dehors du Chili et d’Israël, il est important que nous fassions connaître les partenariats militaires qui perpétuent l’oppression des peuples autochtones marginalisés. »
– Articles de référence :
– https://en.wikipedia.org/wiki/Human_rights_violations_in_Pinochet%27s_Chile
– https://972mag.com/investigate-israeli-complicity-with-pinochets-crimes/125566/
– https://chile.gob.cl/israel/en/sobre-la-embajada/agregadurias/agregadurias-militares/
– https://deadlyexchange.org/
-https://www.mintpressnews.com/despite-state-policy-chile-well-placed-to-further-struggle-for-palestine/235499/
Traduction: CSPRN pour l’Agence Media Palestine
Source : https://www.independent.co.uk/voices/chile-protests-army-israel-palestine-santiago-pinera-pinochet-mapuche-a9167021.html
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