C’est la saison des collectes de dons. Tout le monde en sollicite, et le KKL (Keren Kayemeth LeIsrael -Fonds National Juif – FNJ), qui collecte en France pour Israël, et qui bénéficie néanmoins de déductions d’impôts, cherche à exproprier une famille palestinienne à Jérusalem-Est.
La famille Sumreen a porté plainte contre le Fonds National Juif qui aide les colons d’Elad à l’expulser de son domicile à Silwan, un quartier palestinien de Jérusalem-Est.
Après 30 ans de batailles juridiques, un jugement du tribunal de Jérusalem a décidé en septembre dernier que la propriété de cette maison devait revenir au KKL-FNJ, qui a plaidé que l’un des ancêtres de la famille était un « absent » (en réalité chassé de ses terres par Israel, NDLR), dont Israel a de ce fait confisqué le bien et le lui aurait vendu .
Mais cette famille palestinienne, qui compte 18 membres, a fait appel de ce jugement, et a payé une caution de 8000 euros en attendant la décision de la cour d’appel.
Le KKL-FNJ, organisme créé en 1901 pour acquérir des terres en Palestine et, comme il est écrit dans son mémorandum de 1907, pour « administrer ces terres pour ceux de race ou de descendance juive », possède une grande partie des terres israéliennes (pour la plupart arrachées aux Palestiniens depuis 1948).
Et il ne se cache même plus de son rôle de facilitateur auprès des colons israéliens.
Il se présentait jusqu’ici, notamment à l’étranger, comme une organisation « écologique » qui se chargeait de reboiser des terrains, de créer des parcs — sans s’appesantir bien entendu sur le fait que ces terrains et parcs sont engendrés par le nettoyage ethnique des Palestiniens.
(A noter au passage que le caractère « écologique » du KKL a été dénoncé en 2019, en Israël même, par la Société pour la protection de la nature en Israël. Elle accuse dans un ouvrage « la politique de reboisement systématique du KKL de détruire les écosystèmes naturels tels que les matorral, les prairies, les plaines limoneuses et les déserts de sable ou de pierre »).
Une campagne a été lancée en Grande-Bretagne pour faire connaître le vrai visage du JNF-KKL, qui ose se présenter comme la plus ancienne association caritative du Royaume-Uni, tout en proclamant : « Chaque penny collecté par le Fonds National Juif au Royaume-Uni est envoyé en Israël ».
Effectivement, le Fonds National Juif a collecté outre Manche de quoi acheter et planter 250 millions d’arbres en Israel depuis 1948, année où plus de 750.000 Palestiniens ont été expulsés de leurs terres par l’armée israélienne.
Et au fil des ans, le FNJ a recouvert de forêts un grand nombre des 500 villages qui ont été rasés ou détruits par l’armée israélienne, se vantant ainsi d’avoir « fait fleurir le désert ».
Le premier objectif était d’effacer les traces de ces villages, afin que les réfugiés palestiniens ne puissent plus y revenir. Ce qui n’a pas empêché des pays comme l’Angleterre et la France d’accorder un statut d’utilité publique au KKL-FNJ et une importante déduction fiscale à tous ses donateurs.
La campagne « Stop the JNF », lancée par plusieurs associations de défense des droits de l’homme en Grande-Bretagne, réclame la fin de ces largesses avec l’argent des contribuables, et 68 députés travaillistes ont approuvé cette revendication, dont Jeremy Corbyn (dont on se demande bien pourquoi il n’est pas apprécié par le lobby israélien…)
L’universitaire israélien Uri Davis a même qualifié la création de ces parcs sur des propriétés palestiniennes, de crime de guerre.
Ce à quoi la Commission britannique, qui accorde ou pas le statut d’association caritative, a eu le culot de répondre : « Le critère pour mériter le statut d’association caritative n’est pas ce qu’elle fait en pratique, mais sa vocation à l’origine » (sic).
La campagne « Stop The JNF » est pourtant loin d’être terminée au Royaume-Uni. Et elle ne se contente pas de souligner la dépossession massive par Israel des Palestiniens en 1948. Elle montre que le KKL-FNJ continue à contribuer à la politique raciste et discriminatoire du gouvernement israélien.
On constate ainsi que l’argent collecté depuis 2016 par le KKL-FNJ a permis la création du mouvement « OR », une organisation israélienne qui soutient les collectivités pour « Juifs Exclusivement » en Israel et dans les territoires palestiniens occupés.
C’est le cas d’Hiran, qui s’est établie sur les ruines des maisons bédouines dont les habitants ont été récemment expulsés de leur village d’Umm al-Hiran. Le KKL-JNF a remercié ses donateurs pour leur argent qui a permis la création sur place d’une forêt qui « contribuera à atténuer les conséquences du changement climatique ».
Les comptes du Fonds National Juif révèlent par ailleurs qu’il verse de l’argent à l’armée israélienne et notamment pour ses bombardements de 2014 sur Gaza, sous l’intitulé “Tzuk Eitan 9 Gaza war effort”.
Une enquête du quotidien israélien Haaretz a également prouvé que le KKL-FNJ a secrètement consacré de vastes sommes d’argent pour aider les colons juifs à se développer en Cisjordanie occupée, en violation du droit international.
Au cours des deux dernières années, cette organisation a consacré plus de 70 millions de dollars en Cisjordanie — et pas pour les Palestiniens !
Les forces de sécurité israéliennes démolissent un bâtiment à proximité de Beit Jala en Cisjordanie, le 26 août 2019. (Wisam Hashlamoun/Flash90)
Un « avant-poste » de colons a été installé cet été sur un terrain appartenant au Fonds national juif KKL-JNF quelques jours seulement après que les autorités ont démoli la maison et le restaurant d’une famille palestinienne qui s’y trouvait depuis près de 15 ans.
Un groupe d’Israéliens est arrivé sur le site près de Bethléem moins d’une semaine après la démolition du 26 août et a commencé à travailler la terre, a déclaré un fonctionnaire de la défense au Times of Israel, confirmant une information antérieurement annoncée par le quotidien Haaretz.
En France, le KKL est également le représentant de Keren Kayemeth LeIsraël (fonds national juif, littéralement : « fonds pour la création d’Israël »)
Il annonce sur son site « collecter des fonds en faveur de projets liés à la terre, l’eau et l’afforestation en Israël », et faire la « promotion de l’éducation sioniste auprès des jeunes Juifs de France ».
Il vante à ses donateurs les déductions fiscales que l’Etat français leur consentira et ajoute : « Votre legs est totalement exonéré de droits de succession puisque le KKL-JNF est reconnu d’utilité publique ».
Un scandale sur lequel Macron ne risque pas de lever le voile, lui qui se targue de laïcité et qui est censé connaître le droit international.
Sources : Jonathan Cook, Haaretz, Middle East Eye, Times of Israel, site du KKL
CAPJPO-EuroPalestine