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« je comprends les terroristes », par Jonathan Ofir*

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Ci-dessous un article du journaliste israélien et opposant à la politique coloniale d’Israël, publié par Mondoweiss cette semaine :

« Je comprends les terroristes Je comprends les gens qui nous détestent tellement qu’ils veulent tuer quelqu’un. Je comprends les gens qui veulent me tuer – non pas en tant que personne qu’ils connaissent, mais simplement en tant qu’Israélien juif, un représentant de la race des maîtres qui les terrorise quotidiennement. « 

« Tout au long de mon enfance en Israël, il y avait un mot qui avait une aura tout à fait effrayante : « Terroristes » (mhablim en hébreu).. Je savais qu’ils étaient invariablement arabes, longtemps avant de comprendre que les Palestiniens existent. Et je savais qu’ils cherchaient à nous faire du mal mais que nos courageux soldats nous protégeaient ».

"je comprends les terroristes", par Jonathan Ofir*
Jonathan Ofir, vit au Danemark. Il est musicien, chef d’orchestre et blogger

Dans mon jeune esprit, tous les ennemis étaient une seule chose. C’étaient des Arabes, qui nous entouraient tandis que nous, Juifs essayions de lutter pour notre survie dans cette jungle. Ehoud Barak, l’ancien premier ministre, appelait cela une « villa dans la jungle ». Dieu merci, nous avions ces soldats, toujours prêts à tirer sur un Mehabel – un terroriste arabe.

Je n’ai pas appris les histoires de nos massacres de civils à l’école. Ni le massacre de Kafr Qasim (à la veille de la guerre de 1956), ni le massacre de Qibya de 1953, ni les différents massacres de la Nakba de 1948. Les massacres de Sabra et Chatila en 1982 se produisirent alors que j’étais en cinquième, mais cette invasion du Liban n’était pour moi qu’une « Opération Paix de la Galilée », qui visait à éradiquer ce que le ministre de la Défense Ariel Sharon n’arrêtait pas d’appeler des « nids terroristes ». Donc, d’une manière générale, les guerres pour moi, quand j’étais enfant, ont toujours été des guerres contre le terrorisme. Nous étions terrorisés et devions nous battre.

Parfois, nos dirigeants lâchaient des petites phrases comme Ehoud Barak qui déclarait à Gideon Levy en 1998 : Si j’étais un jeune Palestinien, j’aurais rejoint l’une des organisations terroristes à un certain stade. »

Alors qui sont vraiment ces « organisations terroristes » ? Récemment, notre ministre de la Défense Benny Gantz l’a révélé : Il s’agit de six organisations exceptionnelles de défense des droits de l’homme et de la société civile. Je connais personnellement ces personnes, je leur ai rendu visite et j’ai eu des conversations avec elles, j’ai été en tournée avec elles en Cisjordanie occupée. Mon Dieu ! Je me suis mêlé aux terroristes ! J’ai presque 50 ans maintenant. Je suis juste trop vieux pour cette merde. Pourquoi Gantz n’est-il pas trop vieux pour ça ? Parce que c’est un tyran, qui se vante d’avoir rasé des quartiers entiers de Gaza et de les ramener à « l’âge de pierre ». Tout comme Sharon visait à éradiquer les « nids de terreur » de l’OLP au Liban en 1982, en montant une « offensive de paix ».

Maintenant, Gantz vise à écraser les piliers restants des droits humains de la société civile palestinienne, parce qu’ils remettent également en cause la domination d’Israël et le tiennent pour responsable de ses violations. Ce sont les « terroristes » que nous combattons actuellement. Et ce n’est pas qu’une hyperbole. De telles désignations par Israël peuvent entraîner une peine de 25 ans de prison pour un dirigeant d’une « organisation terroriste ». Et tout cela pour qu’un vrai terroriste comme Gantz, qui a puni, humilié et terrorisé la population civile de Gaza, et s’en vante, puisse échapper aux conséquences de ses crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Vous savez quoi ? Je comprends la colère, voire l’envie de venger tout ça par le sang. Je pense que c’est malheureux de finir comme ça, mais je le comprends. Pourtant, alors que la réponse armée est condamnée par tant d’Israéliens, je pense que nous devons considérer avec admiration la capacité de tant de Palestiniens à répondre avec constance – Sumud – à cette oppression. Pour simplement tenir bon.

Ces organisations de défense des droits humains font partie de ce Sumud, et Israël veut les écraser. Il cherche également à écraser le mouvement non-violent pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions (BDS) par le biais de législations dans le monde entier, car il s’agit également d’une sorte de « mouvement terroriste ».

Israël n’offre aucun remède, seulement un nouvel étranglement de la Palestine, des Palestiniens et de leur société civile.

En juillet 1973, Moshe Dayan déclarait au Time Magazine : « Il n’y a plus de Palestine. Fini. » C’était juste avant la guerre d’octobre 1973, quand Dayan était au sommet de son orgueil. D’un côté, c’était un vœu pieux. Mais d’un autre côté, c’était une expression de la mentalité sioniste, où la Palestine n’existe tout simplement pas, et n’existera jamais, en tant qu’État en tout cas. Étant donné qu’Israël considère la « Palestine » simplement comme un concept subversif , et qui doit être maintenue sous occupation militaire sans fin, il cherche à écraser toute résistance en la qualifiant de « terroriste ». Toute suggestion de cohésion nationale palestinienne est de la terreur.

Et c’est le nœud du problème, parce qu’Israël n’est pas venu vivre avec la Palestine, il est venu la remplacer. C’est la stratégie d’élimination des colons-colonialistes, qui, malgré l’enrobage des libéraux, est au cœur du sionisme. Le chemin vers cette liberté, la justice et l’égalité, doit impliquer une résistance à l’oppression. Il est tout simplement trop naïf de penser que cela disparaîtra tout seul. Et si vous criminalisez même la résistance non violente, alors vous encouragez une explosion de colère débridée, et les gens mourront.

Je sais qu’Ariel Sharon considérait le « modèle bantoustan » comme « la solution la plus appropriée au conflit », comme il le disait à l’ancien Premier ministre italien Massimo D’Alma en 2003. Ce modèle était aussi celui d’Ehud Barak. Ils ne peuvent pas abolir d’eux-mêmes l’apartheid et se retrouver à devoir rendre compte de leurs crimes colonialistes. Les gens comme Gantz le savent et ils ont peur. Tant d’Israéliens ont peur. Pas des terroristes palestiniens, mais de perdre leurs privilèges. »

Source : Mondoweiss

CAPJPO-EuroPalestine

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