« Les officiers de l’armée israélienne qui protestent devront sérieusement examiner leur dépendance à l’argent du gouvernement », écrit Odeh Bisharat dans un article du Haaretz.
« Au lieu de s’étendre longuement sur les sentiments patriotiques ou d’évoquer des valeurs nobles du lexique national comme « l’héritage de nos pères » ou « nos ennemis qui se sont dressés contre nous pour nous détruire », le Premier ministre Benjamin Netanyahu a choisi de parler affaires », raconte-t-il. « Lors d’une réunion avec des membres de l’état-major de Tsahal, il leur a dit clairement : « Vous êtes une armée qui coûte au pays 70 milliards de shekels [19 milliards de dollars] par an, mais vous vous êtes mis en grève contre le gouvernement. »
« Excusez-moi, mais c’est ainsi que vous parlez aux mercenaires, pas aux commandants de l’armée populaire. Si Monsieur Belles Phrases remplace les valeurs par de l’argent, cela en dit long sur la détresse de l’homme », commente Odeh Bisharat
« Et en fait, ajoute-t-il, on pourrait dire que les généraux honorés assis en face de lui à la réunion de l’état-major général ont mérité sa réprimande équitablement. Après tout, certaines personnes se souviennent encore comment l’establishment de la défense, alors dirigé par le chef d’état-major Aviv Kochavi, a lancé une guerre pour faire augmenter les pensions déjà grasses pendant le mandat du gouvernement précédent. On avait le sentiment que si leurs pensions n’étaient pas augmentées, l’État cesserait d’exister. Les officiers de carrière se sont ménagé des salaires et des pensions de rêve, et chaque bureaucrate de la fonction publique regarde avec incrédulité les flots d’argent de la «défense» qui coulent dans les poches de leurs homologues militaires. Est-ce une armée, se demandent-ils, ou une mine d’or ? »
De plus, un officier de l’armée a le droit de prendre sa retraite avec une grosse pension à 45 ans, puis de commencer une seconde carrière, alors qu’un bureaucrate ordinaire doit attendre encore 22 ans et ensuite prendre sa retraite avec une pension si petite qu’on en pleurerait.
« Mais le fait est qu’au moins au cours des dernières décennies, l’armée est devenue en grande partie une agence de police dont le travail consiste à protéger la sécurité des colons dans les territoires occupés. Cette charge est imposée aux soldats qui effectuent leur service militaire obligatoire. Et les personnes qui en paient le prix sont principalement les Palestiniens, aux côtés des civils israéliens – deux groupes qui peuvent être blessés plus facilement qu’un officier, armé de la tête aux pieds.
Quand les gens de droite disent que les officiers de l’armée ont grandement profité de leur service militaire, ils ont raison. Et les cerveaux de haute technologie de l’unité de renseignement d’élite, comme la multitude d’experts en sécurité et de marchands d’armes, peuvent en prendre ombrage, sans parler du logiciel espion Pegasus.
Si les officiers de l’armée sont maintenant le salut des masses qui descendent dans la rue pour défendre la démocratie, cela vaut la peine de réfléchir à ces questions, car en fin de compte, ce sont des personnes liées de manière ombilicale à ce pipeline d’argent connu sous le nom de budget de la défense. Au final, ce peloton devra donc s’aligner sur celui qui paye le pot, puisque c’est lui qui donne le ton.
L’armée a maintenant acquis une teinte messianiste et ultranationaliste. Cela a-t-il un lien avec ces 70 milliards de shekels ? Absolument. Au cours des 15 dernières années, pendant lesquelles Netanyahou a été au pouvoir de manière presque continue, le barrage a éclaté et l’armée a permis aux gangs de « jeunes des collines » et de « prix à payer » de faire ce qu’ils voulaient, sans loi ni justice », conclut l’article.
Source Haaretz
CAPJPO-EuroPalestine
