C’est ce lundi que le parlement israélien doit voter la fameuse loi de « réforme judiciaire » qui veut supprimer le pouvoir de la Cour Suprême de retoquer certaines décisions gouvernementales jugées « déraisonnables ».
Une première dans l’histoire israélienne, des dizaines de milliers d’opposants à cette réforme ont même marché sur Jérusalem samedi sous une chaleur étouffante, pour installer des tentes devant le parlement.
Du coup les manifestations sont de plus en plus brutales :
L’armée menace
Plus de 500 pilotes de l’armée de l’air ont officiellement annoncé que si la législation était adoptée, ils refuseraient de servir. Samedi, ils ont été rejoints par près de 10 000 soldats d’autres branches. Plus tard dans la journée, des dizaines d’anciens chefs de l’armée et des services de sécurité ont publié une lettre soutenant les refus. Plus de 10 000 réservistes militaires, parmi lesquels l’épine dorsale du corps volant israélien, ont menacé de démissionner de leurs fonctions.
Samedi, d’anciens chefs d’état-major des Forces de défense israéliennes, des chefs du Mossad et du Shin Bet, des généraux de réserve et des dizaines d’anciens chefs de division du Mossad et du Shin Bet ont publié une lettre soutenant l’action des pilotes, faisant porter la responsabilité de la résolution de la crise sur les épaules de Netanyahu et l’avertissant d’un grave préjudice à la sécurité nationale.
Lequel Netanyahou a été transporté à l’hôpital ce week-end pour une procédure d’urgence visant à implanter un stimulateur cardiaque. Mais ses médecins ont déclaré qu’il allait « très bien » et le premier ministre a publié une déclaration vidéo disant qu’il serait au Parlement aujourd’hui.
Le soutien des USA remis en cause ?
Deux anciens ambassadeurs américains en Israël ont appelé samedi l’administration Biden à couper l’assistance militaire à Israël, arguant que la relation américano-israélienne serait mieux adaptée sans un sentiment de dépendance financière, rapporte Haaretz. « L’aide américaine fournit un coussin de plusieurs milliards de dollars qui permet à Israël d’éviter des choix difficiles quant à l’endroit où dépenser son propre argent et permet ainsi à Israël de dépenser plus d’argent sur des politiques auxquelles nous nous opposons, comme les colonies », a déclaré Daniel Kurtzer, ajoutant que les États-Unis sont considérés comme « facilitateurs de l’occupation israélienne ».
‘Curieusement », ce sont toujours des « anciens » diplomates et autres décideurs qui formulent des critiques contre Israël. Tant qu’ils sont en poste, ils sont d’une docilité remarquable…
Netanyahou est certes confronté à une situation de « pile tu perds », « face, tu perds » qui n’est pas des plus confortables.
Réel suspense qui n’est pas anodin, même si la majorité des contestataires ne remet pas en cause l’occupation et ne comprend pas que « leur démocratie », c’est du bidon.
Le mouvement des refuzniks israéliens, estime néanmoins que « Le Bloc anti-occupation du mouvement de protestation pour la démocratie a connu une croissance constante et son message – Pas de démocratie avec l’occupation – est de plus en plus visible lors des manifestations. »
A tire d’exemple cette banderole qui saluait, samedi soir,l’arrivée des manifestants à Jérusalem par ces mots : « NOUS NE MOURRONT PAS ET NOUS NE TUERONS PAS AU SERVICE DES COLONS » :
D’autres sont moins optimistes.
Certains assurent que tout cela va se terminer pas un compromis, Netanyahou acceptant de ne pas promulguer la loi, mais de « poursuivre les négociations pour modifier à la marge les pouvoirs de la cour suprême ».
D’autres comme Gideon Levy, journaliste à Haaretz et anticolonialiste déclaré, s’inquiète de voir que la protestation se « militarise ». « Le fait que l’armée soit devenue l’espoir du camp libéral raconte toute l’histoire. Il est fascinant que l’essentiel de l’efficacité de la manifestation découle de son caractère militariste. » Où donc l’armée israélienne a-t-elle appris la démocratie, à Gaza ? Pendant les raids en Cisjordanie, les démolitions de maisons palestiniennes ou bien en torturant?, interroge-t-il.
Pendant qu’on manifeste, les colons vont de l’avant et volent davantage de terres, constate pour sa part le journal Haaretz dans on dernier éditorial.
« Ainsi, alors que toutes les forces démocratiques se concentrent sur la bataille contre le coup d’État judiciaire, les colons se préparent à faire avancer leurs forces et à prendre le contrôle de toute la Cisjordanie. La lutte contre les colons et leurs dangereux plans d’annexion ne peut attendre la fin de la lutte contre le coup d’État gouvernemental. On ne peut pas prendre de tels risques. L’opposition, les manifestants, les médias et les États-Unis ne doivent pas quitter Smotrich des yeux. S’ils n’agissent pas immédiatement, il est peut-être trop tard.«
CAPJPO-EuroPalestine
