Michael Brizon, qui écrit des articles pour Haaretz depuis près de 20 ans, sous le pseudonyme de B. Michael vient de publier un article dans lequel il demande aux Juifs du monde ne pas faire leur « aliya », c’est à dire de ne pas émigrer en Israel.

« Mes chers frères de la diaspora : je vous adresse un appel non pas en tant qu’Israélien, mais plutôt en tant que juif. Et je le fais non pas parce que la loi israélienne ne reconnaît pas l’existence des « Israéliens », mais parce que mon judaïsme m’est beaucoup plus cher que ma citoyenneté ou ma patrie géographique. Qu’il soit dit immédiatement : le fait que je sois juif ne me rend pas meilleur ou pire que n’importe quelle autre personne sur la planète. Mon judaïsme n’est que le cercle culturel, historique et éthique dans lequel je suis né et dont la préservation m’importe. Pourquoi est-ce que je vous dérange, mes chers frères ? Parce que depuis des décennies, l’histoire juive connaît un renversement complexe et rampant. La prétention arrogante d’Israël d’être le représentant de tout le judaïsme, le chef de tout le judaïsme et le refuge de tout le judaïsme, est progressivement révélée dans tout son vide. Il ne reste rien non plus de l’illusion sioniste, à l’exception d’énormes quantités de mal, de mensonges, de racisme et d’idolâtrie.
Les « gens du livre » sont devenus les « gens de la terre », c’est-à-dire les ignorants. Le livre ne les intéresse plus beaucoup, seul le terrain compte. L’immobilier. Une étrange secte karaïte a pris le pouvoir, une secte qui n’a retiré de la Bible entière que le livre de Josué, les ordres de commettre le génocide, l’autorisation de piller et les promesses immobilières. Oh, et aussi quelques coutumes superstitieuses et croyances absurdes. Tout le reste a été mis de côté.
Ces derniers mois, la révolution s’est achevée. La mutation judaïque qui règne ici ne nous inflige que disgrâce et corruption. Alors, mes chers frères de la Diaspora, le flambeau vous est passé. Désormais, vous êtes les gardiens de la flamme. Vous êtes chargé de prouver l’existence d’une version saine du peuple juif. Vous avez la responsabilité de maintenir une représentation du judaïsme qui ne soit pas honteuse.
Cette nouvelle tâche qui vous est désormais confiée comporte une lourde responsabilité historique, mais sa mise en œuvre pratique est très simple : ne faites tout simplement rien. Restez ce que vous êtes, qui vous êtes et où vous êtes. C’est tout. Il n’y a qu’une seule chose sur laquelle vous devez être très strict : vous ne devez en aucun cas « faire votre alyah ».

Méfiez-vous de ce piège. Il vous corrompra tout comme il a corrompu presque tous ceux qui étaient pris dans ses filets. Regardez ce qui arrive ici au gouvernement, à l’éthique, à la religion, à la vérité, à la compassion humaine. Regardez ce qui arrive à l’éducation, à la santé, à la nature, aux personnes âgées, aux pauvres, aux prisonniers, aux membres de groupes minoritaires, aux personnes vivant sous occupation, aux non-juifs.
N’envoyez pas non plus vos enfants ici à la recherche de sensations fortes et d’aventures. Les seules choses qu’ils verront ici sont la haine, le mal, la domination et le racisme. Leurs jeunes âmes auront du mal à surmonter les tentations du pouvoir et de la suprématie. Regardez ce qui arrive ici aux jeunes, aux soldats, aux policiers. Par conséquent, pour votre bien et pour le nôtre, restez où vous êtes.
Modélisez le judaïsme normal. Dans votre esprit, voyez Abraham Joshua Heschel et non Bezalel Smotrich. Dennis Goldberg et non Itamar Ben-Gvir. Simone Weil et non Orit Strock. Helen Suzman et non Limor Son Har-Melech. Arthur Goldreich et non Amichai Eliyahu. Yosef Dov Soloveitchik et non Yitzhak Pindrus. Nadine Gordimer et non Galit Distal Atbaryan.
Ne faites pas votre alyah.
Certainement pas maintenant, alors que nous sommes gouvernés par 64 mini Trump. Peut-être un jour. À l’avenir. Disons dans 2 000 ans, quelque chose comme ça. Après tout, nous avons le droit d’apprendre quelque chose de deux Temples détruits, de trois royaumes désintégrés, de 10 tribus disparues et d’un holocauste que nous a infligé ici un déplorable messianiste avec l’aide de son rabbin naïf et ardent. Alors n’oubliez pas : dans le monde orwellien que nous avons créé ici, l’aliya (immigration juive en Israël) est yerida (déclin). Yerida (dans le sens de quitter Israël) est l’Aliya (ascension). »
(Traduit par CAPJPO-EuroPalestine)
CAPJPO-EuroPalestine