L’ex-otage israélienne de 85 ans Yocheved Lifshitz, libérée par le Hamas, a raconté mardi à la presse israélienne et internationale ses 16 jours de captivité dans la bande de Gaza.
Depuis l’hôpital Ichilov à Tel Aviv où elle a été admise pour contrôles dès lundi soir, la dame âgée a commencé par s’en prendre à son propgre gouvernement, « qui nous a lâchés » le 7 octobre.

“J’ai d’abord vécu l’enfer, lorsque les hommes du Hamas m’ont embarqué sur une moto. Ceux qui m’ont emmené n’ont pas hésité à me frapper pendant le trajet, j’ai pris des coups sur les côtes et j’avais du mal à respirer. En outre, ils m’ont pris ma montre et les bijoux que je portais sur moi », témoigne cette résidente de Nor Oz.
“Je note qu’ils avaient réussi à faire sauter la barrière électronique, un équipement dont on nous avait dit qu’il avait coûté deux millions et demi de dollars, mais qui n’a servi à strictement rien. Des groupes d’assaillants ont envahi nos domiciles, ils tapaient sur les gens et étaient surtout intéressés à prendre des otages. Ils ne faisaient pas de différences entre vieux et jeunes, c’était très pénible. Ensuite ils nous ont conduits à l’entrée de leurs tunnels,, et là, j’ai eu l’impression qu’on a marché pendant des kilomètres sur une terre humide. Leur système de tunnels est vraiment gigantesque, on dirait une grande toile d’araignée.
“Si tous les prisonniers connaissent les mêmes conditions que celles de ma mère, il y a lieu d’être plutôt optimistes », a commenté sur le site israélien Walla, Arnon, le fils de la prisonnière. Mon père et elle ont été séparés, et on espère que lui aussi va nous revenir en bonne santé le plus tôt possible ».
S’adressant aux medias à la porte de l’hôpital, Mme Lifshitz a précisé que l’un des otages avait chuté de la motocyclette qui l’emmenait, et s’était blessé aux bras et aux jambes. « Un infirmier venait chaque jour, et lui a prodigué des soins pendant 90 minutes à chaque fois. Le médecin avait prescrit des antibiotiques, mais au bout de 4 ou 5 jours, il n’y avait pas d’amélioration, et le médecin a changé le traitement. Après cela, il y a eu une amélioration ».
« Nous avions un garde pour chacune et chacun de nous cinq. Ils nous ont bien traité, veillant par exemple à nous procurer des articles d’hygiène feminine. Ce sont eux qui nettoyaient les toilettes. Ils les aspergeaient de désinfectant, ils se montraient très soucieux du risque d’infection.
“Vous avez eu des échanges avec eux ?” demande un journaliste.
“On les a prévenus. On ne veut pas discuter politique. Mais on a parlé de tas d’autres sujets, et ils avaient un comportement carrément amical » répond Mme Lifshitz.
“Ils nous ont séparés en fonction de notre lieu de residence, ils ont pris soin de tous nos besoins, et je dois dire qu’ils ont réussi à nous maintenir dans le meilleur état de propreté posssible. Ils s’assuraient que nous mangions suffisamment, la même chose qu’eux d’ailleurs, de la pitta, du fromage et des concombres.
S’agissant de l’attaque du 7 octobre, Yocheved Lifshitz n’est pas tendre avec les autorités, armée ou Shin Bet. « En somme, on a été les boucs émissaires du gouvernement”, accuse-t-elle.
« Les forces gouvernementales avaient quitté la region depuis trois semaines. C’est le Hamas qui nous a donné une leçon. Des groupes entiers sont arrivés par la route, ont mis le feu aux champs, avec leurs ballons incendiaires. L’armée n’y a pas prêté garde. Et puis soudain, le Samedi matin, alors que tout était calme, le bombardement a commencé, la coûteuse barrière a été enfoncée, et l’invasion du kibboutz a commencé. Je n’en garde pas un bon souvenir.
Les journalistes israéliens n’ont pas apprécié une photo où l’on voit la captive serrer la main de l’un de ses ravisseurs, au moment de la liberation. « Je vous répète qu’ils nous ont bien traité. Ils s’inquiétaient de notre condition à chaque moment. Ils s’étaient prepares à ce genre de situation. Ils avaient pensé à tout ce dont une femme ou un homme peut avoir besoin : savon, shampooing, etc.”
Le directeur de l’hôpital a indiqué que Yocheved Lifshitz et sa compagne d’infortune Nurit Cooper, 79 ans, libérées ensemble par le Hamas lundi soir, resteraient sans doute en observation avant de retrouver leurs proches.
Le kibboutz Nir Oz, qui est politiquement marqué « à gauche », comptait 350 habitants avant l’attaque. On estime qu’un quart d’entre eux environ ont péri.
Source : Haaretz https://www.haaretz.com/israel-news/2023-10-24/ty-article/.premium/85-year-old-israeli-grandmother-recounts-hamas-captivity-says-government-deserted-us/0000018b-615d-d312-a1fb-f77f9aea0000
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