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Gaza : Le piège de l’aide par la voie maritime

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Le navire de l’ONG espagnole Open Arms, qui a appareillé mardi dernier du port chypriote de Larnaca, avec 200 tonnes d’aide humanitaire pour la bande de Gaza, est arrivé à Gaza, au milieu des interrogations et critiques de nombreux Palestiniens et organisations internationales de défense des droits humains. Un 2ème parti du même port serait en route…

Cela viendrait apparemment compléter le contrôle israélien de la bande de Gaza sans dépendre de la coopération égyptienne, aussi fiable soit-elle, soulignent des commentateurs.

Abdel Bari Atwan, un journaliste palestinien de renommée mondiale né à Gaza, estime que le couloir maritime créerait une voie permettant l’évacuation forcée des Palestiniens par voie maritime. Il a évoqué à ce propos l’évacuation facilitée par les États-Unis de milliers de guérilleros palestiniens de l’Organisation de libération de la Palestine de Beyrouth en 1982 comme un aperçu de ce que ces plans pourraient éventuellement suggérer. 

Michael Fakhri, le rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, a fustigé les plans américains visant à acheminer l’aide vers Gaza, que ce soit par le biais de largages aériens ou du port temporaire. « D’un point de vue humanitaire, d’un point de vue international, du point de vue des droits de l’homme, c’est absurde, sombre et cynique », a-t-il déclaré.

Les groupes de défense des droits humains ont rejeté les annonces de construction d’une jetée temporaire, les qualifiant de détournement de la politique systémique et délibérée d’Israël visant à affamer les Palestiniens à Gaza. 

« Le corridor humanitaire maritime et le port temporaire proposés sont un autre outil pour transformer l’aide en arme », a déclaré l’association de défense des réfugiés palestiniens Badil. Il vise à « absoudre Israël de ses responsabilités et obligations, et à soutenir Israël dans ses « plans du lendemain » : éliminer et remplacer l’UNRWA [l’agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine] et établir un mécanisme potentiel pour le transfert forcé des Palestiniens hors de Gaza.« 

 Les opérations de l’UNRWA à Gaza sont sur le point de s’effondrer alors que les pays donateurs, dont les États-Unis, le plus grand bailleur de fonds de l’agence, ont suspendu leur aide d’une valeur de 440 millions de dollars en février après qu’Israël a fait des allégations non vérifiées selon lesquelles une poignée de membres du personnel de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés avaient été impliqués dans l’attaque du 7 octobre. L’agence joue un rôle important dans la distribution de l’aide à Gaza. 

Cela a été reconnu par des pays comme la Suède et le Canada, qui ont tous deux annoncé au cours des dernières semaines qu’ils reprenaient leur contribution financière au travail de l’UNRWA. 

Vingt-cinq organisations caritatives et groupes de défense des droits de l’homme, dont Amnesty International, Oxfam, Action Aid International et l’American Friends Service Committee, ont publié une déclaration selon laquelle « un cessez-le-feu immédiat et permanent » ainsi que l’ouverture de « tous les points de passage terrestres » devraient être la principale priorité. « 

« Les États ne peuvent pas se cacher derrière les largages aériens et les efforts visant à ouvrir un corridor maritime pour créer l’illusion qu’ils en font suffisamment pour répondre aux besoins de Gaza : leur responsabilité première est d’empêcher les atrocités criminelles de se produire et d’exercer une pression politique efficace pour mettre fin aux bombardements incessants et les restrictions qui empêchent l’acheminement en toute sécurité de l’aide humanitaire », ont déclaré les groupes. 

Le projet américain d’une jetée temporaire à Gaza « est une distraction flagrante du vrai problème : la campagne militaire aveugle et disproportionnée d’Israël et son siège punitif », a déclaré Médecins sans frontières (MSF). « Ce n’est pas un problème logistique, c’est un problème politique », a ajouté le groupe. « La nourriture, l’eau et les fournitures médicales dont la population de Gaza a désespérément besoin se trouvent juste de l’autre côté de la frontière. » 

Des images satellite montrent des milliers de camions humanitaires bloqués au passage de Rafah avec l’Egypte, incapables d’entrer à Gaza parce qu’Israël ne les autorise pas à entrer. Washington comme l’Europe refusent d’utiliser leur énorme levier pour contraindre Tel Aviv à le faire, ou à mettre fin au blocus de Gaza qui dure depuis 17 ans, et qui ne date pas du 17 octobre.  

« La construction d’une jetée temporaire et le largage de colis d’aide du ciel sont des gestes politiques visant à manœuvrer et à établir des réalités politiques sur le terrain. Il n’y a aucune raison technique pour laquelle les camions d’aide ne devraient pas pouvoir entrer à Gaza par voie terrestre. Il s’agit de la méthode la plus efficace, la plus rentable et la plus sûre pour acheminer l’aide à Gaza », on souligné ces mêmes oraganisation.

Pour rappel, Le 2,5 millions de Gazaouis sous blocus, et privés de leurs propres ressources par les bombardements et destructions y compris des zones agraires, ont besoin de 15.000 tonnes par jour d’aide, ce qui correspond à 500 camions quotidiens. Alors toute la pub autour des 200 tonnes transportées par un bateau, (avec l’accord des USA et d’Israël) est de toutes façons ridicule.

CAPJPO-Europalestine

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