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Des personnalités écoeurées par Serge Klarsfeld, nouvel ami du Rassemblement National

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Dans une tribune au journal Le Monde, trois personnalités, notamment d’origine juive, expriment leur écoeurement face au soutien apporté par le nonagénaire Serge Klarsfeld au Rassemblement National.

Serge Klarsfeld doit son prestige à son rôle pionnier d’historien de la déportation des Juifs en France et de leur extermination pendant la Deuxième Guerre Mondiale.

Il s’est ensuite fait connaître, au cours de décennies plus récentes par son soutien sans états d’âme aux 

 pires crimes du régime israélien.

Et quid alors du Rassemblement National, héritier du judéophobe assumé Jean-Marie Le Pen ?

Tout simplement, a « expliqué » Klarsfeld, parce que le Rassemblement National « soutient Israël » et est aujourd’hui un parti « pro-juif ».

C’est à propos de cette dernière formule utilisée par Klarsfeld, l’existence présumée d’un parti « pro-juif », incarnée qui plus est par les héritiers de Jean-Marie Le Pen, que les auteurs expriment plus particulièrement leur indignation. Après le « philosophe » Alain Finkielkraut, qui lui aussi se déclare « contraint » de voter Rassemblement National, là aussi à raison du soutien de ce parti au génocide des Palestiniens, qui s’étonnera d’un éventuel développement de la judéophobie en France, propagée par de tels pyromanes ?

Serge Klarsfeld, ces derniers jours à la télé

Voici leur texte : 

Titre : 

« Serge Klarsfeld court-circuite l’histoire pour la dérouler à l’envers »

TRIBUNE

Michèle Cohen-Halimi, Pr de philosophie, 

Francis Cohen, écrivain

Leopold von Verschuer, traducteur et écrivain

« Entre le Nouveau Front populaire (NFP) et le Rassemblement national (RN), monsieur Klarsfeld n’hésitera pas, il donnera sa voix au Rassemblement national qui aurait fait sa « mue ». Suffit-il au Rassemblement national de ne plus se dire antisémite pour ne plus l’être ? A quelle extraordinaire magie de la parole M. Klarsfeld donne-t-il crédit ! Suffit-il, en effet, d’une habileté tactique et rhétorique pour effacer l’histoire et l’idéologie fondatrice d’un parti ?

Qu’est-ce qui assure M. Klarsfeld de l’effectivité de cette mue dans un moment politique et électoral où la tactique impose d’y faire croire ? Faut-il donc penser de manière charitable que M. Klarsfeld s’abandonne à une crédulité désastreuse, quand il ne peut ignorer de quelle mémoire, de quel travail de mémoire, son nom est porteur ? A-t-il donc impunément décidé d’impliquer à lui seul cette mémoire dans son ralliement au Rassemblement national ?

A entendre récemment M. Klarsfeld s’entretenant avec le journaliste Darius Rochebin sur LCI, le RN serait un parti « pro-juif » : « Le Rassemblement national soutient les juifs, soutient l’Etat d’Israël, et il est tout à fait normal, vu l’activité que j’ai eue ces soixante dernières années, qu’entre un parti antisémite et un parti pro-juif je voterais pour un parti pro-juif.  »

Un parti pro-juif est la figure spéculaire d’un parti antisémite : c’est un parti qui sait qui sont les juifs, un parti qui sait les reconnaître, un parti qui sait où ils sont. C’est un parti qui peut répondre à la question : « Qu’est-ce qu’un juif ? » Et nul n’ignore où a conduit ce discours essentialiste. Un tel parti n’est donc pas nouveau, ce qui est nouveau, en revanche, c’est qu’un tel parti puisse dire qu’il n’est pas antisémite.

Effacement de l’histoire

Et Serge Klarsfeld va encore plus loin dans la requalification idéologique du RN, lorsqu’il dit que ce parti est « populiste », ce qui pour lui signifie « populaire » ou, mieux encore, composé de « braves gens », car il court-circuite alors l’histoire pour la dérouler à l’envers et la réécrire en considérant que les « braves gens » du Rassemblement national auraient indubitablement fait partie des « braves gens » qui ont aidé les juifs en France pendant la seconde guerre mondiale : « C’est un parti populaire, populiste, on dit. Ce sont de braves gens et les braves gens pendant la guerre, ce sont ceux qui ont aidé les juifs en France. »

Les procès pour négationnisme, les poursuites pour délits antisémites ont-ils condamné des femmes et des hommes de gauche ou d’extrême gauche ces dernières années ? Lorsque, le 5 novembre 2023, sur un plateau de BFM-TV,un journaliste demandait à Jordan Bardella si Jean-Marie Le Pen était antisémite,  celui-ci répondit : « Je ne sonde pas les cœurs et les reins, mais je ne le crois pas. » M. Klarsfeld, quant à lui, croit Jordan Bardella.

M. Klarsfeld apporte sa voix à une légitimation inespérée du RN, mais sa voix – l’aurait-il oublié ? – fait aussi résonner celles de toutes ces femmes, de tous ces enfants et de tous ces hommes qui, grâce à lui, sont présents à notre mémoire, qu’il trahit désormais. Car il n’est pas douteux que toutes ces femmes, tous ces enfants et tous ces hommes n’avaient pas besoin d’un parti « pro-juif ».

Les signataires : Michèle Cohen-Halimi est professeure à l’université de Paris-VIII. Elle a publié « L’Action à distance. Essai sur le jeune Nietzsche politique » (Nous, 2021) et dirige la collection « Critique de la politique » aux éditions Klincksieck ; Francis Cohen est écrivain et professeur de philosophie au lycée Montaigne (Paris). Petit-fils de déporté, il a récemment publié : « Etat. Une politique de l’imprononçable » (Eric Pesty éditeur, 2023) ; Leopold von Verschuer est un comédien et metteur en scène, traducteur allemand de Valère Novarina depuis 1995, dont il vient de créer « Der Mensch ausser sich » [L’Homme hors de lui] (TD Berlin, 2024). Il est le petit-fils de l’eugéniste Otmar von Verschuer (1896-1969), qui fut le mentor de Josef Mengele (1911-1979).

CAPJPO-EuroPalestine

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