Voici quelques extraits de l’article de mardi sur Médiapart :
« DES GRÉVISTES DE LA FAIM VEULENT FAIRE BOUGER LA SOCIÉTÉ SUR LE « CARNAGE EN PALESTINE »
Interpellant sur la situation à Gaza, quatre grévistes de la faim sillonnent la France depuis huit jours, au nom du mouvement « Faim de justice pour la Palestine ». Dimanche à Toulouse, ils sont intervenus au cours d’une messe, avant de se faire sortir sans ménagement.
Les fidèles en sont restés cois, et le prêtre fort marri. Dimanche 6 avril, lors de la messe donnée dans la basilique Saint-Sernin, au cœur de Toulouse, un peu avant l’homélie du curé Bogdan Velyanyk, un homme traverse l’allée, s’approche d’un micro et prend la parole. S’adressant à ses « chers frères et sœurs », se disant « chrétien comme [eux] », ce « médecin en grève de la faim depuis sept jours » fustige « les silences de l’Église » sur la situation à Gaza et commence à lire un texte de l’évêque auxiliaire patriarcal pour Jérusalem, Mgr Shomali.

Au bout de deux minutes, deux hommes répondant aux appels à la sécurité du prêtre lui font quitter le pupitre et l’escortent hors de l’église. Sur le parvis, Pascal André, le médecin qui a pris la parole, Ghizlaine Kabouli, cadre dans la finance, Khaled Benboutrif, médecin urgentiste, et Amina Mansouri, retraitée du secteur médico-social, sont provoqués par trois jeunes militants lookés cathos réacs, aux propos « virulents » selon le récit de Ghizlaine.
Le prêtre vient ensuite à la rencontre de Pascal André qui souligne : « Il s’est comporté comme un policier en me demandant tout mon pedigree et en m’assurant qu’il allait porter plainte. »
Contacté lundi par Mediapart, le curé confirme : « La parole de Dieu et la liturgie doivent rester en dehors de la politique ».
Mais en bousculant ainsi le ronron d’un office dominical, les quatre « personnes en grève de la faim » ont atteint ce jour-là leur objectif : rompre le silence sur la situation vécue par le peuple palestinien à Gaza et remettre le droit au cœur du débat.

Pascal, Ghizlaine, Khaled et Amina font partie du mouvement Faim de justice pour la Palestine (Hungry for Justice in Palestine sur les réseaux sociaux) qui entend « rappeler à la France et à l’Union européenne que par leur inaction face aux crimes commis par le gouvernement israélien en toute impunité, elles facilitent et participent aux crimes de guerre et aux crimes contre l’humanité ».
Avec six autres personnes, ils et elles ont débuté le 31 mars une grève de la faim. Tous les quatre poursuivent depuis un périple itinérant en France. Passé·es par Marseille, Montpellier, Toulouse, ils étaient mardi 8 avril à Bordeaux. D’autres villes sont au programme des prochains jours, si leur état de fatigue et de santé le permet. Après une semaine de grève, les quatre qui n’ingèrent « que de l’eau et des tisanes sans sucre », ont perdu « entre 5 et 6 kilos » selon leurs dires. Quatre autres personnes, non itinérantes, sont toujours en grève de la faim (à Strasbourg, Marseille, Béziers et en région parisienne) et une petite trentaine suivent un « jeûne solidaire ».
Parmi eux des soignant·es qui se sont rendu·es dans la bande de Gaza avec des ONG humanitaires en 2024. et qui n’ont pas cessé de témoigner de leurs expériences dans les hôpitaux gazaouis. Un engagement qui leur a parfois valu d’être inquiétés par les autorités françaises.
« En laissant les Palestiniens se faire massacrer, la porte est ouverte pour le massacre de n’importe quel autre peuple, s’indigne Amina. Jamais je n’aurais imaginé être contemporaine de cette épuration. Si ma santé se dégrade, j’arrêterai la grève. Mais aujourd’hui, je ne peux pas me regarder dans la glace si je ne fais pas quelque chose. »
« Nos institutions ont démontré qu’elles avaient tous les outils pour pouvoir rapidement sanctionner un État comme la Russie, ce qui a été fait après quelques réunions, poursuit Ghizlaine. En Palestine, une population est abandonnée, dont les droits fondamentaux ne sont pas respectés. Nos gouvernants ont l’obligation de tout mettre en œuvre pour que les crimes contre l’humanité perpétrés par Israël cessent. »
« On sollicite les responsables politiques, le monde médiatique, le milieu artistique et culturel et les milieux cultuels pour leur rappeler que nous sommes obligés de respecter le droit international et le droit humanitaire », résume Khaled.
Connectés avec l’ensemble des composantes du mouvement de solidarité avec la Palestine mais non partisans et restant prudemment à distance des récupérations politiques, les quatre mettent en avant le caractère « non violent » de leur démarche. « C’est notre porte d’entrée, nous avons une approche de soignants, basée sur l’éthique et le droit », insiste Pascal., désignant quelques « leviers » que le mouvement tente de promouvoir auprès des dirigeants, en particulier l’arrêt des ventes d’armes à Israël, et le respect des décisions de la CPI.
Source : Médiapart
CAPJPO-Europalestine