La Haute Cour britannique a conclu mercredi que l’interdiction gouvernementale du groupe Palestine Action, responsable d’actions spectaculaires contre des entreprises d’armement israéliennes, devait être soumise à une décision judiciaire.

La ministre britannique de l’Intérieur Yvette Cooper avait prononcé le mois dernier l’interdiction de ce groupe militant, en arguant que leurs actions avaient notamment causé quelque 7 millions de Livres (8 millions d’euros) de dommages à des avions de l’armée de l’air stationnés sur la base de Brize Norton. On sait, de manière incontestablement documentée, que des avions de la RAF (Royal Air Force) participent activement au génocide du peuple palestinien, avec des vols d’espionnage au-dessus de Gaza pour le compte d’Israël.
Les avocats du groupe co-fondé par la militante anti-coloniale Houda Ammori soutiennent que l’interdiction constitue une violation grave de la liberté d’expression, et que les actions de Palestine Action participent d’une protestation légitime.
L’interdiction a pour conséquence que l’appartenance ou le soutien à Palestine Action seraient désormais passibles, dans le cadre de la législation « anti-terroriste », de peines atteignant jusqu’à 14 ans de prison.
Dans son jugement,
la Haute Cour a ainsi estimé que l’interdiction était bien susceptible de porter une atteinte démesurée à la liberté d’expression, et que la ministre de l’Intérieur aurait dû consulter Palestine Action avant de prendre toute décision.
À défaut d’un examen de l’affaire, dans un bref délai, par la Haute Cour, il y a un grand risque de « chaos judiciaire », a écrit M. Chamberlain, le magistrat qui présidait l’audience.
Certes, une procédure d’appel de l’interdiction ministérielle a été lancée, mais elle ne sera pas audiencée avant au moins un an.
Or, pas moins de 200 personnes ont été arrêtées outre-Manche, et sont passibles de poursuites pour avoir notamment brandi des pancartes « Je m’oppose au génocide – Je soutiens Palestine Action ».
« Dans la mesure où la légalité de l’interdiction peut effectivement être contestée par les parties défenderesses, cela ouvrirait la porte à des jugements contradictoires dans les différentes juridictions du royaume, en Angleterre et au Pays de Galles. Une recette toute trouvée pour l’instauration d’une situation chaotique», écrit le juge Chamberlain.
Pour autant, ce dernier a rejeté la demande des avocats de Palestine Action, qui réclamaient une suspension temporaire de l’interdiction, précisément pour laisser le temps à l’autorité judiciaire de se prononcer.
Une grande manifestation de protestation contre l’interdiction de Palestine Action doit avoir lieu début août à Londres, selon la BBC.
Avant son action sur la base aérienne de la RAF, où une paire d’avions ont été aspergés de peinture (pour des dégâts n’atteignant évidemment pas les 7 millions de Livres allégués par un gouvernement complice du génocide), Palestine Action s’est notamment distingué par ses actions contre les usines britanniques du marchand de mort israélien Elbit, dont plusieurs ont été contraintes à la fermeture.
CAPJPO-EuroPalestine