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Reconnaître la Palestine ne mettra pas fin au génocide à Gaza – les sanctions contre Israël le feront

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(Par Gidéon LEVY). Nous publions ci-dessous une libre opinion du journaliste israélien anti-colonial Gidéon Levy, parue dimanche dans le quotidien Haaretz. Levy s’y emploie notamment à démonter le pseudo-vent de panique qu’auraient provoquées chez les dirigeants israéliens les récentes annonces européennes de prochaines reconnaissances de l’État de Palestine.

La reconnaissance européenne de la Palestine est un geste creux qui exonère Israël de toute responsabilité. Sans sanctions pour mettre fin au massacre à Gaza, ce n’est pas de la diplomatie, c’est de la complicité.

La reconnaissance internationale d’un État palestinien récompense Israël, qui devrait remercier chaque pays qui le fait, car une telle reconnaissance constitue une alternative trompeuse à ce qui doit être fait : imposer des sanctions.

La reconnaissance est un substitut erroné aux boycotts et aux mesures punitives qui devraient être prises contre un pays qui perpétue un génocide. La reconnaissance n’est qu’un vœu pieux que des gouvernements européens hésitants et faibles utilisent pour montrer à leur opinion publique en colère qu’ils font quelque chose. 

Reconnaître un État palestinien, qui n’existe pas et n’existera pas dans un avenir proche, voire jamais, est un silence honteux. La population de Gaza meurt de faim, et la réaction de l’Europe est de reconnaître un État palestinien. Cela sauvera-t-il les Gazaouis affamés ? Israël peut facilement ignorer ces déclarations, avec le soutien des États-Unis.

On parle d’un « tsunami » diplomatique en Israël, sachant qu’il n’atteindra pas ses côtes tant que la reconnaissance ne s’accompagnera pas de l’imposition d’un prix pour la commission du génocide.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer, l’un des premiers à reconnaître la Palestine dans la vague actuelle, après la France, s’est surpassé. Il s’est empressé de présenter sa démarche comme une punition (conditionnelle), remplissant ainsi son devoir. Si Israël se comporte bien, a-t-il promis, son doigt accusateur sera retiré.

Quel genre de punition est-ce là, Monsieur le Premier ministre ? Si la reconnaissance de la Palestine favorise une solution, selon vous, pourquoi la présenter comme une sanction ? Et s’il s’agit d’une mesure punitive, où est-elle ?

C’est ainsi que la peur de Donald Trump s’abat sur l’Europe et la paralyse, alors qu’il est clair que quiconque impose des sanctions à Israël en paiera un prix fixé par Washington.

L’annonce de Starmer a incité de nombreux autres à suivre son exemple, présenté en Israël comme un raz-de-marée diplomatique, un véritable tsunami. Cela n’arrêtera pas le génocide, qui ne pourra être stoppé sans des mesures concrètes de la communauté internationale. Celles-ci sont d’une urgence absolue, alors que les massacres et la famine à Gaza se poursuivent.

La reconnaissance ne donnera pas naissance à un État. Comme l’a dit un jour la dirigeante des colons Daniella Weiss, après une précédente vague de reconnaissances : « J’ouvre ma fenêtre et je ne vois pas d’État palestinien.» Elle n’en verra pas non plus de sitôt.

Dans l’immédiat, Israël bénéficie de cette vague de reconnaissances, car elle remplace la punition qu’il mérite. À long terme, la reconnaissance d’un État imaginaire pourrait présenter un avantage, car elle soulève la nécessité de trouver une solution.

Mais il faut une dose insensée d’optimisme et de naïveté pour croire que la reconnaissance est toujours d’actualité. Il n’y a jamais eu de pire moment ; la reconnaissance aujourd’hui revient à siffler dans le noir. Les Palestiniens sont sans chef,  les dirigeants israéliens ont tout fait pour contrecarrer la création d’un tel État, et ils y sont parvenus.

C’est bien beau que le 10 Downing Street (siège du Premier Ministre britannique) souhaite un État palestinien, mais tant que Jérusalem ne le souhaite pas, avec la colonie extrémiste d’Yitzhar engagée dans la destruction de biens palestiniens et se renforçant avec le soutien aveugle de Washington à Israël, cela n’arrivera pas.

Alors que la droite israélienne est au sommet de sa puissance et que le centre israélien vote à la Knesset pour l’annexion et contre la création d’un État palestinien, alors que le Hamas est l’entité politique la plus puissante des Palestiniens et que les colons et leurs complices constituent l’organisation la plus puissante d’Israël, de quel État palestinien parlons-nous ? Où serait-il ?

Une tempête dans un verre d’eau. Le monde prétend accomplir son devoir tandis qu’Israël détruit et affame. Le plan de nettoyage ethnique prôné par le gouvernement israélien se réalise d’abord à Gaza. On ne peut imaginer pires conditions pour se lancer dans des rêves d’État.

Où serait-il établi ? Dans un tunnel creusé entre les colonies cisjordaniennes d’Yitzhar et Itamar ? Existe-t-il une force capable d’évacuer des centaines de milliers de colons ? Laquelle ?

Existe-t-il un camp politique prêt à se battre pour cela ?

Il serait préférable de commencer par des mesures punitives concrètes, obligeant Israël à mettre fin à la guerre – l’Europe en a les moyens –, puis de mettre à l’ordre du jour la seule solution qui reste aujourd’hui : une démocratie entre la Méditerranée et le Jourdain ; une personne, une voix. Apartheid ou démocratie. À notre grande horreur, il n’y a plus de troisième voie.

(Traduction CAPJPO-EuroPalestine avec Google)

CAPJPO-EuroPalestine

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