Alain Duphil a adressé au journal La Croix quelques questions à poser aux évêques de France. Parmi celles-ci : « Pourquoi demandez-vous ou évoquez-vous la libération des otages israéliens à Gaza, et pas celle des palestiniennes et palestiniens en prison en Israël ?«
Il fournit à cet égard deux exemples récents :
– Mgr Jean-Marc Aveline, cardinal et président de la conférence des évêques de France (CEF), est en Israël et Palestine du 16 au 20 août. Avant son départ, un communiqué de la CEF précisait le but de ce voyage « dans une période marquée » (entre autres) « par l’interminable attente de la libération des otages israéliens. »
– Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient, le 17 juillet dernier, souligne dans un communiqué : « l’urgence d’un cessez-le-feu et d’un accès humanitaire pour protéger les populations les plus vulnérables», mais ajoute aussitôt qu’elle « demande également sans délai la libération des otages israéliens. »
Le diacre du diocèse de Toulouse interroge : « Combien y-a-t-il de prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes en ce moment ? Ils seraient plus de 10 000, arrêtés arbitrairement par l’armée israélienne, sous un régime d’occupation militaire israélienne, en détention administrative, sans procès, sans défense, sans savoir jusqu’à quand, et souvent torturés. Ne sont-ils pas tous des otages aussi ? Alors pourquoi les évêques français ne parlent pas de ces otages palestiniens, mais seulement des otages israéliens ? Pensent-ils que la vie et la liberté d’un arabe de Terre Sainte ne vaut pas celles d’un juif israélien ? Croient-ils que les prisonniers palestiniens ne sont pas interminablement attendus par leurs familles ? Pensent-ils que les Palestiniens ne sont que des animaux humains comme le proclament depuis longtemps de nombreux dirigeants israéliens ? Oublient-ils que Mgr Michel Sabbah, alors Patriarche Latin de Jérusalem parlait de ces « arrestations nombreuses et arbitraires » déjà à la Pentecôte 1990 dans sa lettre pastorale « In Pulchritudine Pacis » ?
Si les évêques de France ne veulent pas être taxés un jour de complicité de génocide à Gaza, et au moins « d’ethnocide » (sic David Neuhaus) en Cisjordanie, ils feraient bien d’agir et de faire ce que leur demandent depuis des années leurs confrères de Terre Sainte : sensibiliser les responsables politiques, leurs paroissiens et paroissiennes, au sujet de l’injustice qui frappe la population autochtone palestinienne de la Terre Sainte, y compris les chrétiens du diocèse de Jérusalem.
« Si toutes les Eglises du monde prenaient conscience de leur devoir à l’égard de cette terre, et s’engageaient dans une action commune et concertée pour sensibiliser leurs gouvernements, leurs peuples et la communauté internationale, leur intervention serait un facteur décisif dans la réalisation de la paix, de la justice et de la réconciliation en Terre Sainte. » Conférence des Evêques Latins dans les Régions Arabes (CELRA), décembre 2004.
A vous donc, évêques de France, de soutenir le Pape Léon XIV, et de protester vigoureusement avec lui, comme pour l’Angélus du 20 juillet dernier à Rome, contre « les violations du droit humanitaire, le non-respect de la protection des civils, les punitions collectives, le recours aveugle à la force, et la volonté de déplacements forcés de population ».
Soutenez donc vigoureusement aussi Sa Béatitude le cardinal Pierbattista Pizzaballa, Patriarche Latin de Jérusalem, qui appliquait le 22 juillet ces paroles du Pape à la situation à Gaza, et « appelait à la libération de toutes les personnes privées de liberté », prisonniers palestiniens comme otages israéliens donc, « et au retour des disparus », nombreux à Gaza. »
Alain Duphil, ingénieur agronome, diacre du diocèse de Toulouse. 20 août 2025
CAPJPO-Europalestine
