« Pour le CRIF aujourd’hui, être favorable à la reconnaissance de l’État palestinien, c’est être antisémite. Dire que « résister à l’occupation est légitime » est antisémite. Crier « Palestine vivra, Palestine vaincra » est antisémite. Comment en est-on arrivé à cette instrumentalisation grotesque du crime antisémite ? « , interroge l’UJFP.
Voici de larges extraits de sa réponse :
Remontons à la Deuxième Guerre mondiale. Les Nazis et leurs complices ont installé en Europe occupée des organismes juifs de collaboration : les Judenräte en Europe centrale, l’UGIF (Union Générale des Israélites de France) en France. Ces organismes ont été partenaires de la déportation de centaines de milliers de personnes.
Le CRIF a été créé en 1944 par des résistants. Il a représenté au départ toute la diversité des Français juifs : communistes, socialistes, gaullistes, religieux … Ce pluralisme a duré un demi-siècle.
(…) Le changement se fait vers l’an 2000. Le soutien inconditionnel à Israël devient la préoccupation essentielle des dirigeants du CRIF. Alors que le judaïsme français n’avait aucune tradition « territorialiste », la référence à Israël devient le centre. Alors que le judaïsme français avait toujours été au côté des organisations antiracistes, la parole islamophobe se libère dans le CRIF
En 2002, le président du CRIF, Roger Cukierman affirme que la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour est la faute des musulmans qui devraient « se tenir tranquilles ».

Peu après, un journal communautaire « L’Arche », explique sur une page que Jean Ferrat (de son vrai nom Jean Tenenbaum dont le père est mort à Auschwitz) est antisémite. Mais pourquoi donc ? Parce que dans sa chanson « Nuits et brouillard », il dit « Ils s’appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel, certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou ». Pour le CRIF, cela nie « l’unicité » du génocide juif, c’est donc antisémite. Cette conception n’a plus rien à voir avec l’antiracisme.
Tous les ans, le CRIF organise un dîner. Les principaux dirigeants de l’État et des partis politiques y viennent, de leur propre chef. Le CRIF leur demande de défendre inconditionnellement la politique israélienne quelle qu’elle soit. Ceux qui refusent de participer à cette mascarade sont traités de tous les noms, et surtout sont qualifiés d’antisémites.

(…) Francis Kalifat a dirigé le CRIF de 2016 à 2022. C’est un ancien du Bétar, un mouvement d’extrême droite fondé dans les années 1930 par Vladimir Jabotinsky. Ce dernier était un grand ami de Mussolini et le Bétar s’entraînait en Italie fasciste. Cela n’a pas empêché Monsieur Kalifat de traiter d’antisémites toutes celles et ceux qui défendent les droits du peuple palestinien.

C’est Nétanyahou qui a donné l’exemple. En 2015, il déclare qu’Hitler ne voulait pas tuer les Juifs et que c’est le grand mufti de Jérusalem qui lui a soufflé l’idée. Le CRIF aurait dû condamner cette déclaration révisionniste qui est une injure terrible à la mémoire du judéocide. Mais le CRIF approuve l’idée de Nétanyahou, à savoir que le judéocide n’aurait pas été perpétré en Europe par des Européens, mais que les ennemis des Juifs sont les musulmans et les Arabes.
Dès lors, plus rien ne s’oppose au rapprochement avec les héritiers du régime de Vichy et avec le Rassemblement National (RN), successeur d’un parti fondé par d’anciens Waffen SS. Il n’y aura pas de plainte contre Éric Zemmour qui a affirmé que Pétain voulait sauver les Juifs.
Pour le CRIF, l’ennemi à abattre, c’est la gauche et en particulier, dans la dernière période, La France Insoumise. Les personnes qui n’ont pas repris le discours officiel sur le 7 octobre sont qualifiées d’antisémites faisant l’apologie du terrorisme. Par contre le Rassemblement National est inclus dans « l’arc républicain ». Déjà en 1932, la droite allemande avait inclus le parti nazi dans « l’arc républicain » en excluant les communistes
Quand les idéologues de la droite imposent l’idée que la civilisation française n’est pas d’origine gréco-latine, mais judéo-chrétienne, le CRIF adhère à cette imposture qui justifie d’exclure l’Islam et les Arabes de la civilisation.
Il y a eu les déclarations de Serge Klarsfeld acceptant d’être décoré par le maire de Perpignan (Louis Aliot, RN).

Il y a la présence de députés RN des Bouches-du-Rhône au dîner du CRIF de Marseille. Alors que des antisémites notoires comme Victor Orban ou les chrétiens évangéliques des États-Unis soutiennent inconditionnellement Israël et même financent la colonisation, le CRIF ne dit rien.
Cette stratégie et ce positionnement ne défendent en rien les Juifs. Au contraire. Face à un gouvernement français qui multiplie les mesures contre les immigré.es, les Arabes, les musulman.es, il aurait fallu faire cause commune et dénoncer toutes les formes de racisme. Pour le CRIF, contre eux c’est normal, contre « nous » c’est interdit. Mettre les Juifs à part ne les protège évidemment pas, au contraire. Cela renforce les pires préjugés racistes.
Le CRIF ne défend pas les Juifs. Il les pousse à soutenir un génocide d’une férocité incroyable, faute de quoi ils seraient des traitres. Il les pousse à partir en Israël. Il attise la peur.
Ces prises de position sont à la fois immorales et suicidaires à terme. Qui peut croire qu’Israël pourra continuer éternellement à massacrer des civil.es sans retenue et à terroriser ses voisins ? »
La Coordination nationale de l’UJFP, le 28 septembre 2025
Illustrations de CAPJPO-Europalestine
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