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Edwy Plenel : un trouble à l’ordre public !

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Extraordinaire décision préfectorale prise contre le « suspect » à la tête de Médiapart, alors qu’il était Invité à présenter son livre « Palestine, notre blessure » au Festival international de géographie (FIG) de Saint-Dié-des-Vosges !

« J’ai appris, raconte Ewy Plenel, qu’un juge des référés avait invoqué ma présence pour justifier un arrêté préfectoral instaurant un périmètre de sécurité policière.

    Comme l’an dernier pour Le jardin et la jungle, j’étais invité cette année à participer au FIG de Saint-Dié-des-Vosges, formidable festival dédié non seulement à la géographie en tant que discipline mais aussi à tous les enjeux géopolitiques, qu’ils soient diplomatiques, humanitaires ou guerriers, qui la concernent et la traversent. Paru comme le précédent à La Découverte, le livre qui motivait cette invitation était Palestine, notre blessure, pour lequel je devais débattre lors d’une table-ronde programmée dimanche 5 octobre (*).

    Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre, en sortant de cette discussion sereine et informée, que mon livre et ma présence avaient été invoqués dans une décision de justice pour justifier une restriction des libertés du public participant au festival. Ce fut en effet le seul argument précis et concret utilisé par un juge des référés dans une ordonnance rendue dans la soirée du vendredi 3 octobre afin de légitimer un arrêté pris, le 30 septembre, par la préfète des Vosges qui instituait un périmètre de protection policière durant toute la durée du festival.

    La Ligue des droits de l’homme (LDH) et trois Déodatiens (habitants de Saint-Dié) avaient demandé la suspension en urgence de l’exécution de cet arrêté parce qu’il portait une atteinte grave aux libertés de manifestation et d’expression qu’aucune menace ni aucun risque ne justifiait. Dans son ordonnance, le juge des référés de Nancy soulignait « le peu d’éléments fournis par la préfecture » et reconnaissait qu’« en l’absence de circonstances particulières, un festival consacré à la géographie ne saurait être regardé comme justifiant à lui seul, par sa nature, l’instauration d’un périmètre de protection en application de l’article L 226-1 du code de la sécurité intérieure » – article qui vise, explicitement« un risque d’actes de terrorisme ».

    Voici donc comment le juge des référés justifie, malgré ses réserves initiales, sa décision finale de rejeter la requête de la LDH aux fins de suspendre l’exécution de l’arrêté de la préfète des Vosges :

    « Toutefois, il n’est pas contesté que l’affluence attendue pour l’évènement dans sa globalité est supérieure à 30 000 personnes. Par ailleurs, ce festival a pour objet la géographie, et porte des thèmes renvoyant à des problématiques géopolitiques sensibles, tels que la question israélo-palestinienne ou les frontières de l’Ukraine. Une table ronde sur le Moyen-Orient est prévue le dimanche 5 octobre 2025 à laquelle doivent participer des personnalités dont Edwy Plenel, journaliste, auteur du livre “Palestine, notre blessure”. Eu égard au risque général au sein du pays, caractérisé par un maintien du plan Vigipirate au niveau “urgence attentat”, aux tensions liées au conflit israélo-palestinien et à la reconnaissance récente par certains pays, dont la France, de l’État de Palestine et aux sujets abordés par cet évènement, le festival doit être regardé, malgré le peu d’éléments produits par les services de la préfecture, comme un événement exposé à un risque d’actes de terrorisme à raison de sa nature et de l’ampleur de sa fréquentation, de sorte que la préfète des Vosges a pu légalement instituer un périmètre de protection sur le fondement des dispositions de l’article .L 226-1 du code de la sécurité intérieure, et y interdire notamment les manifestations, cortèges, rassemblements ou défilés sur la voie publique. »

    S’il ne s’agissait que de moi, je prendrais avec philosophie cette décision qui promeut un livre et son auteur en potentiels troubles à l’ordre public. Dans son immédiate requête en appel contre l’ordonnance de référé – qui n’a pas été examinée à temps par le Conseil d’État, ce qui l’a rendue irrecevable, une fois le FIG terminée –

    (…) Reste qu’ici, il ne s’agit ni de moi ni de mon livre, mais d’un principe. Cette mésaventure, qui fut sans conséquence – ma table-ronde s’est tenue sans entrave, tout comme les signatures de livres –, témoigne de ce que vivent en France depuis deux années (mais depuis plus longtemps encore, notamment depuis l’été 2014), celles et ceux que le sort fait à la Palestine et à son peuple n’indiffère pas.

    (…) J’ai pu constater cette différence de climat politique et de culture démocratique en participant, la semaine passée, au DIG, le festival international du journalisme d’investigation de Modène, en Italie, » où la solidarité avec la Palestine put s’exprimer sans aucune limite ni censure. On le sait, d’expérience douloureuse, le meilleur allié des bascules autoritaires, c’est l’habitude. Il semble qu’en France, on s’habitue plus qu’ailleurs. Et c’est, à tout le moins, inquiétant. »

    CAPJPO-Europalestine

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