Ces deux snipers (terme souvent traduit improprement par « tireurs d’élite », alors qu’ils s’agit d’hommes embusqués, tirant à distance sans prendre eux-mêmes aucun risque) appartiennent à une brigade de parachutistes binationaux, surnommée la « Ghost Unit » (« Unité fantôme » en anglais) ou « Refaim » (« Fantôme » en hébreu). Ils sont accusés d’atteinte volontaire à la vie constitutive de crime de guerre, crime contre l’humanité, et de génocide, révèle mardi matin France Info.
La plainte est portée par La FIDH (Fédération internationale pour les droits humains) et plusieurs organisations palestiniennes.
Elle s’appuie sur le recueil de preuves diffusé en octobre dernier par le journaliste palestinien Younis Tirawi, dans un documentaire d’une quarantaine de minutes.
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— Younis Tirawi | يونس (@ytirawi) October 4, 2024
In an unprecedented & biggest investigation into war crimes in Gaza, we expose the elite & secretive IDF sniper team, the Ghost Unit "Refaim" & their brutal executions of unarmed civilians
Soldiers from Paris, Munich, Illinois, Brussel, Johannesburg, Italy-> pic.twitter.com/0N2asIubvV
Tirawi a notamment recueilli les aveux du soldat américano-israélien Daniel Raab, qui reconnait avoir délibérément abattu des dizaines de Palestiniens non armés, ne présentant aucun danger pour les équipes de tueurs. Les règles du massacre sont simples : une zone est définie comme « zone de combat » par l’armée israélienne, et le feu à volonté est encouragé par la hiérarchie sur quiconque y pénètre. Étant entendu que la population palestinienne, elle, n’a reçu aucune information sur le périmètre de telles « zones interdites ».
« S’ils se trouvent dans une zone désignée comme zone de combat et s’il s’agit d’homme en âge de servir dans l’armée, nous tirons« , déclare le sergent américano-israélien Daniel Raab, face caméra.
Concernant le fait d’abattre des femmes ou des enfants, la question n’est pas tranchée au sein du commandement, ajoute le soldat, « dans certains cas, ils vous disent oui, dans d’autres non« . Il explique qu’il rapporte alors à ses supérieurs ce qu’il voit, mais « qu’en tant que sniper, vous avez beaucoup d’indépendance et de responsabilités, qu’il faut vous fier à votre propre jugement (…) « c’est à vous de décider, vous tirez« .
Dans la plainte de la FIDH et de plusieurs organisations palestiniennes, les deux tireurs d’élite franco-israéliens sont donc accusés d’avoir, eux aussi, tué beaucoup de civils palestiniens à Gaza. France-Info ne révèle pas l’identité des deux Français impliqués dans ces tueries spécifiques. Mais on peut déduire, à partir du documentaire accessible de Tirawi, que le premier de ces « présumés innocents » s’appelle Sasha A. et le second Gabriel B-H.
La plainte vise en fait tout le commandement de l’armée israélienne, analyse Alexis Deswaef, avocat de la FIDH. « Ce ne sont pas des soldats qui, de manière isolée, dérapent. Ce sont des soldats qui sur instructions estiment pouvoir faire ça. Les auteurs mettent eux-mêmes sur les réseaux sociaux des vidéos de leurs crimes et ça, ce n’est possible que s’il y a un sentiment d’impunité totale« , explique-t-il au micro de france-info.
Le travail de Younis Tirawi avait déjà permis au parquet fédéral belge d’ouvrir une enquête en octobre 2024, sur ces mêmes soupçons de crimes de guerre perpétrés à Gaza, par d’autres membres de cette unité de snipers. Une enquête a aussi été ouverte en Afrique du Sud. Des plaintes vont aussi être déposées en Allemagne et en Italie.
CAPJPO-EuroPalestine
