La police belge a arrêté deux soldats de l’armée israélienne présents sur son territoire, à la suite d’une plainte de la Hind Rajab Foundation (HRF), une organisation qui a déjà transmis à la Cour Pénale Internationale les noms de plus d’un millier de militaires soupçonnés d’avoir commis des crimes dans la bande de Gaza.
Les deux hommes ont été relâchés au cours du week-end après interrogatoire, sans que l’on sache à ce stade si la justice belge a ouvert une information judiciaire à leur encontre.
L’arrestation des deux soldats, repérés après qu’ils avaient brandi un drapeau de la sinistre Brigade Givati pendant un festival de musique, représente une avancée majeure dans la mise en cause des crimes perpétrés par l’armée israélienne contre le peuple palestinien, estime la HRF.
Il a fallu pour cela que le Parquet fédéral de Belgique constate que la justice du royaume, aux termes d’une loi inscrite l’an dernier dans son Code de Procédure Pénale, était bel et bien compétente pour traiter d’infractions à des Traités Internationaux, en l’occurrence les Conventions de Genève de 1949 et la Convention de l’ONU de 1984 sur la torture, même lorsque les faits supposés ont été commis à l’étranger.
« Pour la première fois, un pays de l’Union Européenne se reconnaît une compétence universelle vis-à-vis des actes de soldats israéliens, en arrête, et les soumet à un interrogatoire policier », commente le directeur de HRF Dyab Abou Jahjah dans une déclaration à Middle East Eye.
« Je pense qu’après ces arrestations, nous allons assister à un effet domino à travers l’Europe » indique de son côté l’avocate Dearblah Minogue, qui a travaillé avec l’HRF sur le cas des deux hommes incriminés.
Notamment, explique-t-elle, parce que les plaintes qui les visent pointent le recours, criminel, à l’usage de boucliers humains, ainsi que des destructions gratuites de bâtiments dans la bande de Gaza.
C’est par le travail de suivi de la HRF, qui a recensé des milliers de vidéos postées par les soldats de l’armée israélienne eux-mêmes, qu’on en est arrivé là.
Le premier des deux hommes, par exemple, a posté des vidéos de son unité faisant exploser sans aucune raison opérationnelle des bâtiments à Gaza. Quant au deuxième, la HRF a retrouvé une vidéo où on le voit aux côtés d’un civil palestinien utilisé comme bouclier humain.
La HRF est une ONG basée à Bruxelles, en Belgique. Elle doit son nom à la petite Hind Rajab, cette enfant palestinienne de 6 ans délibérément mitraillée par la soldatesque israélienne en même temps que le reste de sa famille. Pas moins de 300 impacts de balles avaient été relevés sur le véhicule où les martyrs avaient été assassinés.
Le travail de recherche et de compilation a permis à ce jour à la HRF de rassembler plus de 8.000 éléments de preuves sur les crimes de l’armée d’Israël dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.
CAPJPO-EuroPalestine
