23 sep – A l’heure où les bulldozers de Sharon déploient leur folie destructrice, la résistance palestinienne représente aujourd’hui « la dernière ligne de défense du monde civilisée », et il est plus que temps de montrer que « nous sommes tous des Palestiniens », écrit le militant pacifiste israélien Michael Warschawsky, de L’Alternative Information Centre. Voici son éditorial, publié dimanche.
Il y a quelque chose d’horrifiant à voir ces monstrueux bulldozers israéliens en train de détruire les bâtiments de la Mouqata. Quelque chose de finalement encore plus horrifiant que les terribles images des dizaines de cadavres en décomposition dans les ruines du camp de réfugiés de Jénine, il y a moins de six mois, ou les corps mutilés des victimes de l’attaque israélienne à Gaza en juillet dernier.
Horrifiant parce que ces engins symbolisent l’usage de la violence sans limites, sans but même, de la violence qui ne rencontre pas d’opposition. On ne parle pas ici de « défense contre le terrorisme », ni de « représailles », encore moins des « dommages collatéraux », mais de violence pour la violence, afin de fouler aux pieds le cadavre de l’Autorité Palestinienne.
Horrifiant, car l’absence de limites imposées aux bulldozers signifie la poursuite des destructions jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à détruire, à moins que le taureau fou furieux ne se jette lui-même contre le mur, et devienne ainsi l’ultime victime de son obsession destructrice.
Un gouvernement dont les dirigeants n’ont eu de cesse, avant même d’accéder aux commandes, de jurer qu’ils feraient tout pour éradiquer ce qu’ils appellent la « catastrophe » d’Oslo, exécute aujourd’hui son programme sans la moindre difficulté ; les architectes de ce même Oslo siègent à ce gouvernement qui annihile l’œuvre de leur vie politique, et ils collaborent à l’entreprise. Les parrains d’Oslo, au niveau de la communauté internationale, assistent à la destruction du rêve qu’ils avaient suscité, et ils se taisent : le « camp de la paix israélien » reste coi, paralysé, face à la destruction de la dernière chance qu’il pouvait encore y avoir d’un avenir israélo-palestinien commun.
L’équipe Sharon-Peres poursuit deux objectifs : détruire complètement l’Autorité Palestinienne, et créer les conditions permettant un « nettoyage ethnique » de masse de la population palestinienne en Cisjordanie. Tout comme à Jénine, l’usage brutal de la force à Ramallah est là pour démontrer la volonté du gouvernement de terroriser, et de forcer le plus grand nombre possible de Palestiniens à quitter leur maison, et leur patrie. Il est important, pour Israël, de procéder à cette besogne pendant que Bush mène ses propres préparatifs d’attaque contre l’Irak, préparatifs qui fournissent un écran de fumée utile à la déportation en masse des Palestiniens.
L’arrogance guerrière de Bush et Sharon, leur mépris cynique pour toutes les normes du droit international au bénéfice de la force, tout cela conduira à un désastre dans la région. Mais ces puissants auraient tort de se croire à l’abri du désastre qu’ils ont créé : car au moment même où les chaînes de télévision diffusent les images des chars et des bulldozers à Ramallah, il y a des hommes qui préparent des attentats contre Tel Aviv et Hadera, mais aussi contre Londres et New York. Un monde dans lequel des délinquants comme Bush et Sharon donnent le ton devient une jungle, dans laquelle les habitants de toutes les nations deviennent les otages d’actions de vengeance et de représailles.
Le peuple palestinien est seul face à un ennemi cruel et déterminé. Mais il refuse de courber l’échine et de se rendre. Occupant la ligne de front de la lutte contre la barbarie, les Palestiniens sont la dernière ligne de défense du monde civilisé. A ce titre, ils méritent le soutien sans réserve de toutes les citoyennes et de tous les citoyens du monde. Car les peuples de la terre ne sont pas prêts à vivre dans un monde où le droit du plus fort remplace les principes de la justice et la force de la loi.
Nous sommes tous des Palestiniens. Montrons-le dans l’action.