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LE TEMOIGNAGE DES PARENTS DE RACHEL CORRIE, LA JEUNE AMERICAINE ECRASEE PAR UN CONDUCTEUR DE BULLDOZER ISRAELIEN

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17 mars – Les parents de Rachel Corrie, la militante internationaliste américaine de 23 ans assassinée dimanche soir par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, livrent l’un des derniers témoignages envoyés par leur enfant (traduction, Carole Sandrel).


rachelISM.jpg » Nous sommes en pleine douleur et voulons connaître la vérité sur les circonstances de la mort de Rachel dans la bande de Gaza.

Nous avons élevé tous nos enfants pour qu’ils soient sensible à la beauté de la communauté tout entière et de la famille et nous sommes fiers que Rachel ait été capable de vivre ses convictions. Rachel était pleine d’amour et du sens du devoir qu’elle éprouvait pour ses semblables dans quelque pays qu’ils vivent. Elle a donné sa vie en essayant de protéger ceux qui ne peuvent pas se protéger eux-mêmes.

Rachel nous a écrit de Gaza et nous souhaitons faire connaître aux medias son expérience, à travers ses mots à elle. »

Extrait d’un mail de Rachel, le 7 février 2003

Je suis en Palestine depuis deux semaines et une heure maintenant et je n’ai que peu de mots pour décrire ce que je vois (…).
Je ne sais pas si beaucoup des enfants d’ici ont grandi ici sans voir des impacts de bombe dans leurs murs et les tours d’une armée d’occupation les espionnant constamment depuis l’horizon proche. Je pense, bien que je n’en sois pas absolument sure, que même les plus petits de ces enfants comprennent que la vie n’est pas comme ça partout. Un enfant de huit ans a été tué par un char israélien deux jours avant mon arrivée et beaucoup d’enfant me murmurent son nom, « Ali » ou me montrent des affiches de lui sur les murs. Les enfants aussi adorent me faire parler mon arabe approximatif en me demandant « Kaif Sharon ? » « Kaif Bush ? » et ils éclatent de rire quand je réponds dans mon mauvais arabe « Bush Majnoon » « Sharon majnoon » (Comment trouves-tu Sharon ? Comment trouves-tu Bush ? – Sharon est cinglé, Bush est cinglé). Evidemment ce n’est pas tout à fait ce que je pense et certains adultes qui parlent anglais me corrigent : » Bush mish majnoon… Bush est un homme d’affaire » (…)
Quoiqu’il en soit je pense qu’aucune de mes lectures, aucune des conférences auxquelles j’ai assisté, aucun des documentaires que j’ai vus et rien de ce qui m’a été dit oralement n’étaient susceptible de m’avoir préparée à la réalité de la situation, ici. On ne peut l’imaginer si on ne l’a pas vue et même alors on a tout le temps l’impression que ce qu’on vit n’est pas du tout la réalité : qu’arriverait-il si l’armée israélienne tirait sur un citoyen des Etats-Unis non armé, qu’en est-il du fait que j’ai de l’argent pour acheter de l’eau quand l’armée détruit les puits, et qu’évidemment j’ai toujours la possibilité de partir. Personne de ma famille n’a été tué, au volant de sa voiture, par un lanceur de rocket en haut d’une tour au bout d’une rue principale de ma ville natale. J’ai une maison. Je suis libre d’aller voir l’océan. Apparemment il est encore très difficile de me retrouver détenue pendant des mois ou des années d’affilée sans procès (parce que je suis une citoyenne blanche des Etats-Unis, contrairement à tant d’autres). Quand je m’en vais à l’école ou au travail, je peux être à peu près certaine qu’aucun soldat lourdement armé ne m’attendra au milieu du chemin, entre Mud Bay et le centre ville d’Olympia à un check-point – un soldat habilité à décider si je peux aller à mon travail et si je peux revenir à la maison ensuite. Aussi, je me sens indignée d’entrer et de quitter brièvement et incomplètement le monde dans lequel vivent ces enfants.
Ils savent que les parents des enfants des Etats-Unis ne sont généralement pas tués et ils savent que de temps en temps ils vont voir la mer. Mais à partir du moment où vous avez vu la mer et où vous avez vécu dans un endroit calme où l’eau vous est garantie et n’est pas volée la nuit à cause des bulldozers, et où vous avez passé une soirée où vous ne vous êtes pas demandé si les murs de votre maison allaient soudainement s’écrouler vous réveillant de votre sommeil et où vous avez rencontré des gens qui n’ont jamais perdu personne – et où vous avez fait l’expérience de la réalité d’un monde qui n’est pas entouré de tours meurtrières, de tanks, de « colonies » fortifiées et maintenant d’un gigantesque mur de métal, je me demande si vous pouvez pardonner à ce monde pour toutes les années de votre enfance passées à exister, seulement à exister – en résistant à cet étranglement par la quatrième force militaire du monde, soutenue par la seule superpuissance du monde, dans sa tentative de vous effacer de votre terre natale. (…)
Après ces réflexions, je suis a Rafah, une ville de 140.000 habitants, dont environ 60% sont des réfugiés – nombre d’entre eux sont réfugiés pour la deuxième ou la troisième fois. Rafah existait avant 1948 mais la plupart des gens d’ici sont eux-mêmes, ou sont des descendants de gens, qui ont été transférés ici de chez eux, la Palestine historique – qui est maintenant Israël. Rafah a été divisée en deux quand le Sinaï a été rendu à l’Egypte. Actuellement l’armée israélienne construit un mur haut de 14 m entre Rafah en Palestine et la frontière, établissant un no man’s land depuis les maisons qui longent la frontière. Six cent deux maisons ont été complètement rasées aux bulldozers, selon le Comité populaire des Réfugiés de Rafah. Le nombre de maisons partiellement détruites est encore plus grand.
(…) J’ai eu du mal à obtenir des nouvelles du monde extérieur, mais j’ai compris que la guerre contre l’Irak était inévitable. On se fait beaucoup de souci ici au sujet de la « réoccupation de Gaza ». Gaza est réoccupée chaque jour sur des distances différentes, mais je crois qu’on a peur que les tanks entrent dans toutes les rues et y restent, au lieu d’entrer seulement dans quelques rues et de s’en retirer au bout de quelques heures ou de quelques jours pour observer et tirer depuis les lisières des localités. Si les gens ne réfléchissent pas encore aux conséquences de cette guerre pour tous les habitants de la région, j’espère qu’ils ne vont pas tarder à le faire.
J’espère aussi que vous viendrez ici. Nous sommes entre cinq et six internationaux. Les quartiers qui ont demandé notre présence sont Yibna, Tel El Sultan, Hi Salam, Brazil, Block J, Zorob and Block O. Ils ont aussi besoin d’une présence constante de nuit auprès d’un puits à la lisière de Rafah parce que l’armée israélienne a détruit deux des puits les plus importants. Selon le bureau municipal de l’eau, les puits détruits la semaine dernière fournissaient la moitié des besoins en eau de Rafah. Beaucoup de ces communautés ont demandé aux internationaux d’être présents la nuit pour essayer de préserver les maisons des prochaines démolitions. Après dix heures du soir il est très difficile de se déplacer dans la nuit parce que l’armée israélienne considèrant que quiconque est dans la rue est un résistant, tire sur lui. Et évidemment nous sommes trop peu.
Je continue à croire que ma ville natale, Olympia pourrait gagner beaucoup et offrir beaucoup en s’engageant pour Rafah sous forme de jumelage de cités.
Certains professeurs et groupes d’enfants ont dit qu’ils seraient intéressés par des échanges de mails, mais ce n’est que le sommet de l’iceberg du travail de solidarité qui pourrait se faire. Beaucoup voudrait faire entendre leurs voix et je crois que nous avons besoin d’utiliser certains de nos privilèges d’internationaux pour faire en sorte que ses voix soient entendues directement aux Etats-Unis plutôt qu’à travers le filtre des internationaux impliqués comme moi. Je commence juste à apprendre (…) ce qu’est la capacité des gens à s’organiser contre les catastrophes et à résister aux catastrophes.

LES PHOTOS DE L’ASSASSINAT DE RACHEL CORRIE

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