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LA GUERRE CONTRE L’IRAK : RECIT DE DEUX VOLONTAIRES BELGES

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4 avril – (tranmis par Roger Romain, du Parti des Travailleurs de Belgique) –
Journal de Bagdad, 3 avril, 20 h
Le Dr Geert Van Moorter, par téléphone satellite


A propos des atrocités de la guerre, à 100 km de Bagdad
Bert De Belder
«J’ai deux histoires atroces à raconter», attaque d’emblée Geert quand je parviens à l’avoir en ligne. «Aujourd’hui, nous nous sommes rendus à Hilal, la petite ville près de Babylone qui a subi de lourds bombardements hier. Dans les quartiers pauvres, entre 20 et 25 bombes sont tombées. En une demi-heure, l’hôpital de Hilal a dû accueillir quelque 150 patients gravement blessés. Le Dr Mahmoud Al-Mukhtar nous a dit que les blessures avaient été provoquées par des bombes à fragmentation. Ce sont des bombes qui explosent en de très nombreux petits projectiles qui, ensuite, explosent à leur tour et provoquent des ravages horribles. Les bombes à fragmentation sont interdites par la législation internationale en matière de guerre, mais Bush s’en moque comme de sa première chemise! A l’hôpital, j’ai vu des tas de situations vraiment poignantes. Une famille de onze personnes, dont six ont été tuées… Un père qui reste tout seul, désemparé, avec un seul gosse, alors que sa femme et ses deux autres gosses ont été tués… Des petits enfants qu’on a dû amputer…»
«Ma seconde histoire est encore plus horrible», prévient Geert. «C’est à propos d’un bus de civils qui a été pris pour cible. Pas celui de Najaf, dont toutes les infos ont parlé partout, mais une histoire qui, à ma connaissance, n’a encore été mentionnée nulle part par les médias occidentaux. Il y a trois jours, à al-Sqifal, près de Hilal, un car de voyageurs a été pris pour cible à un poste de contrôle américain, et les conséquences sont atroces. Selon des témoins, le car s’était arrêté à temps et, sur ordre des militaires américains, il avait directement fait demi-tour. Ce qui s’est passé précisément, ensuite, n’est pas clair, mais un projectile d’une énorme capacité destructrice a frappé le car de plein fouet. Le Dr Saad El-Fadoui, un chirurgien de 52 ans qui, il n’y a pas si longtemps, étudiait encore en Ecosse, a quitté l’hôpital de Hilal pour se rendre sur place le plus vite possible. Lorsqu’il m’a raconté ce qu’il avait vu, trois jours après les faits, pourtant, il en était encore tout retourné. «Les corps étaient tout noirs, carbonisés, atrocement mutilés, carrément démembrés, déchiquetés», soupirait-il. «Dans le car et tout autour, des têtes arrachées, des fragments de cervelle, des paquets d’entrailles…» On devine le genre d’arme criminelle de destruction massive qui est capable de provoquer une telle horreur. Personne n’a entendu de déflagration, sur les corps, on n’a retrouvé aucune trace de shrapnel ou d’éclat. Un journaliste m’a parlé d’une arme à dégagement de chaleur, avec du cuivre liquide ou quelque chose du genre… Les Américains peuvent-ils être aussi sadiques? Le Dr Saad El-Fadoui nous a demandé avec insistance de mettre tout en œuvre afin de faire cesser cette guerre d’agression atroce.»
Geert m’entend mal quand je parle, la ligne n’est pas toujours très bonne. «Pour l’instant, ici, nous sommes sans électricité», m’explique-t-il. «De vastes quartiers de Bagdad sont sans courant, la nuit dernière, il y a encore eu des bombardements très lourds. La nuit dernière, de sa chambre à l’hôtel, Colette (la collègue de Geert, le Dr Colette Moulaert) a vu, juste derrière la mosquée voisine, ici, deux énormes boules de feu descendre du ciel. Je pense qu’il s’agit de ces énormes bombes-conteneurs, de 7 ou 8 tonnes, qui provoquent d’énormes trépidations. «Je tremble à cause du froid», a dit Colette, mais en fait, il s’agissait des trépidations provoquées par l’impact de la bombe.
«Il ne faut pas croire tout ce que montrent CNN et la BBC», nous prévient Geert. «Le fait qu’aujourd’hui nous ayons pu nous rendre, toute une équipe de ’boucliers humains’, à Hilal, à 100 km au sud-ouest de Bagdad, prouve de façon on ne peut plus convaincante que la capitale irakienne n’est pas du tout encerclée ni même assiégée. Chemin faisant, nous avons vu très peu de mouvements des troupes irakiennes. Lors de notre trajet d’une centaine de kilomètres, nous n’avons vu aucun poste de contrôle irakien, et nous avons à peine vu des signes de guerre. Cà et là, des petits groupes de maisons, des arbres, et même des gosses qui jouaient avec un cerf-volant en papier… Une fois, on nous a priés de prendre une route latérale, parce qu’une colonne de 20 ou 30 chars irakiens devait passer. Ce qui dément encore une fois les nouvelles qui prétendent que l’armée irakienne se servirait de boucliers civils pour ses opérations militaires: notre véhicule civil a d’abord été garé en sécurité sur une toute latérale, avant que l’armée irakienne n’arrive. Sur le chemin du retour, par contre, les Américains et les Anglais étaient en train de bombarder les alentours. Pour notre sécurité, il nous a de nouveau été ordonné de prendre une route, mais là aussi, une bombe est tombée pas tellement loin, suivie par un épais nuage de fumée. C’était assez angoissant, même, parce que nous n’étions pas en lieu sûr, dans notre hôtel, mais en plein air.»

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