28 janvier – Le ministère de l’Intérieur a publié mercredi un petit communiqué, hallucinant, annonçant une rencontre entre Nicolas Sarkozy et son homologue israélien, Tzachi Hanegbi.
La rencontre, mercredi à 16h15 à Paris, doit porter sur deux points, selon le communiqué :
– d’une part, « la coopération de sécurité intérieure », sans qu’il soit précisé s’il est question d’échanges de technologies et savoir-faire entre les polices des deux pays, ou d’échanges d’informations. Sarkozy et Hanegbi ont bien sûr le loisir de parler des fascistes franco-israéliens de la soi-disant Ligue de Défense Juive, qui bénéficient d’une mansuétude encore plus importante en France qu’en Israël. Mais on peut douter que cela figure à l’agenda.
– d’autre part, la discussion doit concerner « la lutte contre les actes antisémites », ce qui illustre une fois de plus la veulerie du ministre français.
De fait, malgré l’importance de la politique française en matière de lutte contre l’antisémitisme, réel ou supposé, les dirigeants israéliens continuent imperturbablement d’accuser le gouvernement français d’être « laxiste », voire complaisant dans ce domaine.
Cela a même pris un tour cocasse, en début de semaine, lorsqu’un ministre israélien, l’ultra Nathan Charansky, autre politicien local auquel Sarkozy fait des génuflexions, a une nouvelle fois accusé « la France » d’être championne en matière d’antisémitisme.
Au même moment, le ministère français de l’Intérieur sortait pourtant des statistiques montrant une nette décrue en 2003 des faits (actes, agressions, injures, meances) pouvant relever de l’antisémitisme. Et pour une fois, le CRIF est venu au secours de Sarkozy, avec des déclarations délivrant un certificat de bonne conduite aux autorités françaises, contredisant ainsi les accusations israéliennes.
Entre un Comité interministériel « spécial antisémitisme » et une assiduité stupéfiante aux réunions et autres dîners des institutions juives de France et de Navarre, Nicolas Sarkozy pourrait bien s’attendre à un minimum de reconnaissance de la part des champions du chantage à l’antisémitisme.
Mais non ! Volontaire pour la corvée lors du congrès annuel de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), Sarkozy a eu droit à une autre volée de bois vert, la semaine dernière, de la part du président de cette association sharonienne, Patrick Gaubert.
Accusé de ne pas en faire assez, le ministre de l’Intérieur a quand même eu la présence d’esprit de rétorquer à Gaubert que c’est peut-être lui qui en faisait trop.
Et il a fait un aveu de taille, en déclarant que pour certaines affaires célèbres aussitôt qualifiées d’antisémites, lui-même, Sarkozy, « aurait été bien inspiré d’attendre avant de condamner ».
Chacun dans l’assistance a compris l’allusion à la pitoyable affaire du rabbin Daniel Farhi, qui a vu l’an dernier 4 Premier ministre et anciens Premiers ministres, plus Sarkozy, se mobiliser pour condamner un odieux attentat antisémite d’un genre quand même un peu particulier : celui de coups et blessures infligés à un Juif, par auto-mutilation !
Nicolas Sarkozy, dans son mea culpa, faisait également manifestement référence à une affaire plus récente, dont il est lui-même le parrain incontesté : l’incendie de l’école juive de Gagny, le 15 novembre dernier.
Après avoir affirmé le caractère criminel de l’incendie, Nicolas Sarkozy s’était ainsi autorisé, dans les heures suivant le sinistre, à qualifier l’acte d’incendie criminel « antisémite ».
Malgré les appels à la raison, lancés en particulier par Théo Klein (ancien président du CRIF, et l’une des personnalités les plus lucides qui soient sur les dangers de l’hystérie entourant la question de l’antisémitisme), Sarkozy a entraîné avec lui tout l’appareil médiatique et gouvernemental du pays.
Or, plus de deux mois après l’incendie, aucun indice permettant d’étayer le caractère antisémite de l’incendie n’a été rendu public. Le journal Le Figaro a publié le 10 décembre un reportage, avec déclarations de policiers locaux disant que la piste antisémite n’était guère plausible, au vu des investigations effectuées. Le reporter du Figaro suggérait de son côté des motivations criminelles plus banales de la part du ou des auteurs de l’incendie.
Mais depuis, plus rien (ce qui en dit long, au passage, sur le manque de professionnalisme de cette même presse qui avait tartiné à n’en plus finir sur l’antisémitisme et Gagny). Sarkozy compte-t-il sur les lumières de son collègue Hanegbi pour résoudre l’énigme de Gagny ?