15 mars (19 heures) – L’armée israélienne se prépare officiellement, depuis lundi, à une opération de grande envergure dans la bande de Gaza, destinée à durer « plusieurs semaines ».
Ariel Sharon et la bande de criminels qui forment son « cabinet de sécurité », distinct du gouvernement proprement dit, ont en effet estimé que le moment était propice pour porter des frappes plus brutales encore sur le peuple palestinien.
Non pas tant parce qu’il faut « riposter » à l’attentat suicide qui a fait douze morts (10 travailleurs israéliens, et les deux lycéens palestiniens de 17 ans auteurs des attaques) dimanche dans le port d’Ashdod. Comme on le sait, l’armée israélienne « riposte » toujours aux attentats, qui sont eux-mêmes présentés par leurs commanditaires comme des « ripostes » aux exactions, innombrables, de l’occupant. De ce point de vue, l’attentat d’Ashdod, aussi cynique qu’une telle expression puisse paraître, est un épisode ordinaire de la violence israélo-palestinienne de ces trois dernières années.
Mais Sharon le stratège a vu, dans les attentats de Madrid du 11 mars, l’opportunité de s’offrir un supplément de sang palestinien.
L’attention du monde, Etats-Unis et Europe en particulier, ayant ces jours-ci été centrée sur la tuerie de Madrid, et la signature « islamiste » ou « Al Qaeda » attribuée aux auteurs de celle-ci, la direction israélienne en a conclu qu’elle avait une fenêtre de tir, pour frapper encore plus fort. Elle avait fait exactement la même chose dans les jours suivant le 11 septembre 2001.
Il faut donc s’attendre à une offensive particulièrement meurtrière contre la bande de Gaza, que les médias israéliens promettaient déjà lundi à leur public, avec une description minutieuse des forces armées prêtes à pénétrer les villes et camps palestiniens.
Les grandes chancelleries du monde disposent d’une information, en temps réel, bien supérieure à la nôtre. Mais aucune n’avait jugé bon, lundi en cours de journée, de mettre publiquement en garde le gouvernement israélien contre le crime annoncé, même avec les traditionnelles phrases diplomatiques déplorant l’usage « disproportionné » de la force. Et notamment pas le gouvernement français, qui a au contraire annoncé une visite officielle de ce même Sharon en France le mois prochain.
Lundi après-midi, la courageuse et performante aviation israélienne s’est offert un petit entraînement, visant à la roquette des militants du Djihad Islamique, et blessant grièvement au passage plusieurs enfants, dont une dangereuse terroriste âgée de deux ans.
Le tout se prépare dans le meilleur huis clos possible : une délégation de l’Association française des jumelages avec les camps de réfugiés palestiniens, vient ainsi d’être interdite d’entrée sur le territoire palestinien (sur les territoires israélien et palestinien, en fait, puisqu’on ne peut accéder aux territoires palestiniens occupés qu’en passant d’abord par le contrôle israélien, à l’aéroport de Lod notamment)
