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« TAOURIRT LA PALESTINIENNE », UNE LETTRE DE FATH-ALLAH MEZIANE

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Nous reproduisons ci-dessous, une lettre que Fath-Allah Meziane, candidat sur la Liste Euro-Palestine, nous adresse.


Taourirt la Palestinienne

« Enfant de Taourirt, je fais partie de cette génération qui a grandi en rêvant de la Palestine, sur les planches du théâtre, dans les cafés ou dans le lycée. Nous avons tous partagé l’amour de cette terre. Notre adolescence a été bercée (Oui car nous n’étions que des grands enfants) par les chansons de Marcel Khalifé, de Sheikh Imam, d’Ahmad Kaabour et les poèmes de Mahmoud Darwich.

Qui n’a pas chanté au moins une fois dans sa vie cette chanson de ce grand poète

— Ahinno ila khobzi oummi wa kahwati oummi ?

Qui n’a pas fredonné avec drarri dans les soirées d’hiver cet hymne à la lutte

– Mounadiloune fi ayi makane- ?

Nous rêvons des roses, du pain, de l’huile, les livres d’amour et du feu.

Qui n’a pas rêvé un jour d’écrire une lettre d’amour à sa « Rita » ?

— Entre Rita et mes yeux, un fusil.

Longtemps une chanson d’Ahmad Kaabour, mal enregistrée car plusieurs fois repiquée, me trottait dans la tête. Lina est tombée, mais son sang continuait à chanter. J’ai toujours rêvé d’avoir une fille qui s’appelle Lina. Les Palestiniens étaient nos héros et ils le resteront. Notre idolâtrie parfois teintée de naïveté était sincère. La Palestine, ce n’était pas seulement un rêve, c’était aussi une métaphore de nos souffrances, dans un pays où on ne pouvait pas dire qu’on avait mal ; mal de l’injustice, mal de la répression et des années de plomb, mal de la pauvreté, mal de la corruption, mal du vide et de vivre, mal du –dégouttage-, du -kebte et de –laâjage- (le vent de sable).

Ce mal, nous le disions à travers la Palestine. La Palestine comme défouloir, mais pas seulement. Je me souviens que j’ai écrit mon premier poème sur la Palestine en 1982. Après le siège de Beyrouth. Pendant tout l’été, nous avions les yeux fixés sur les écrans de télévision qui transmettaient les matchs de la coupe du monde- l’Algérie avait battu l’Allemagne-, et les oreilles collées sur les transistors pour poursuivre la progression des troupes israéliennes et la résistance désespérée des Palestiniens.

J’avais écrit « 88 jours », c’était la durée du siège de Beyrouth. Maradona dribble, il marque, un but. Une bombe tombe, Le stade se lève. Un enfant pleure .. C’était le temps de la colère et de la rage. La colère contre nos régimes arabes, la rage contre notre propre impuissance. Peu de temps après, nous avions diffusé à Taourirt, dans le cadre d’une semaine de solidarité avec la Palestine, organisée à -Dar Chabiba wa Riyada-, un documentaire sur les massacres de Sabra et de Chatila. J’ai découvert à cette occasion pour la première fois l’existence de mouvements de solidarité avec les Palestiniens. Je me souviens de ces images où les manifestants scandaient : SOUTENONS L’OLP, BEGIN, REAGAN, ASSASSINS. Je voulais être avec eux.

Vingt ans plus tard, pratiquement dans les mêmes rues, nous étions des milliers à scander : BUSH, SHARON, ASSASSINS. Les slogans n’ont pas changé, mais le rapport à la Palestine n’est plus sentimental seulement, il est politique. La conscience a grandi, elle s’est renforcée. Ce n’est plus une question d’arabes ou de musulmans ou de nos frères qu’on abat, c’est surtout une question de morale et d’éthique. Une question des droits de l’homme et de respect de l’humanité.

Accepterions nous que nos enfants nous disent un jour : Pourquoi vous n’avez rien fait ? Aujourd’hui, j’ai décidé d’agir et de faire entendre pacifiquement la voix de la Palestine. Désormais cette voix longtemps étouffée dans les salons des chancelleries occidentales s’exprimera dans les urnes, jusqu’à ce que ceux qui nous gouvernent se rendent comptent qu’ils ne peuvent plus fermer les yeux.

Nous ne croyons plus leurs beaux discours sur la paix. Nous voulons des actes. J’ai décidé de m’engager sur cette liste pour faire entendre la voix de ceux qu’on ne respecte pas et qu’on stigmatise au nom de la lutte contre l’insécurité, le terrorisme ou au nom de la défense de la laïcité.
La Palestine devient à nouveau un symbole, de ceux qu’on bafoue et qu’on ne respecte pas. Nous aimons la Palestine, nous aimons la France, notre deuxième pays, nous aimons ses valeurs. Nous voulons juste qu’on nous considère comme des citoyens à part entière et que notre parole soit enfin écoutée. Aujourd’hui je poursuis mon combat pour la Palestine, par fidélité à mon passé, à mes principes, à mes engagements, à mes amis d’enfance qui ont souffert au Maroc, à mes parents, et à la ville des quarante quatre Walis, à Taourirt la Palestinienne. »

Fath Allah MEZIANE

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