Le journal Le Monde (dans son édition électronique gratuite, en tout cas, et nous n’irons pas dépenser 1,20 euro pour vérifier l’édition imprimée) a invité lundi Ariel Sharon en France, où sa visite serait « attendue ».
Incompétence du journaliste auteur de l’article ? Ou alors, opération d’intoxication à laquelle il se serait, volontairement ou involontairement livré ? Toujours est-il que dans un éditorial consacré à « Sharon et la France », suite aux nouvelles éructations racistes du chef du gouvernement israélien, le quotidien conclut, après avoir tiré une nouvelle salve contre Yasser Arafat : « La visite de M. Sharon à Paris, maintes fois reportée, n’en est que plus attendue » !
Cette petite phrase, publiée par un journal considéré comme « influent » dans les milieux dirigeants, pourrait bien être un coup de sonde, destiné à évaluer l’ampleur de la protestation à l’annonce d’un projet aussi scandaleux.
Dominique de Villepin, à l’époque ministre des Affaires étrangères, a utilisé une méthode similaire au cours de l’hiver, en annonçant, en toutes lettres mais discrètement, dans le journal Le Figaro, l’arrivée de Sharon pour le mois d’avril.
Comme on le sait, cette visite n’a pas eu lieu, en raison, notamment, de la vague de protestation citoyenne qui avait suivi l’annonce, des milliers de lettres et cartes postales « Pas de criminel de guerre à Paris !» affluant à la Présidence de la République.
Il nous faut par conséquent être vigilants, et prêts à nous mobiliser si ce projet devait prendre quelque peu tournure.
Le fait que Le Monde publie ces lignes au lendemain de nouvelles déclarations de Sharon appelant les français juifs à faire leurs valises peut certes paraître surprenant. Mais il faut savoir que les dirigeants israéliens ont l’habitude de vouloir le beurre, et l’argent du beurre : à savoir, pouvoir critiquer et insulter à leur guise n’importe qui, y compris des dirigeants gouvernementaux, mais en exigeant qu’on leur déroule en même temps le tapis rouge officiel.
A voir l’impunité dont ils ont jusqu’à présent bénéficié, on peut dire que ce culot leur a plutôt réussi.