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« LE DEBUT DU COMMENCEMENT DE LA FIN » par Gideon LEVY

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Le journaliste israélien, Gideon Levy, appelle dans le quotidien Haaretz du 29 août dernier, l’opinion publique internationale à accentuer sa pression sur Israël et à ne « pas se limiter à des paroles véhémentes », mais à « aller vers une action non moins véhémente ».
« Le régime d’apartheid, écrit-il, a finalement été aboli grâce à des actes et par l’excommunication de la famille des nations. C’est, malheureusement, semble-t-il, la seule voie pour en finir avec l’occupation israélienne. »


« Le début du commencement de la fin
Combien de temps peut durer le bal costumé ? Combien de temps ferons nous semblant de croire que le crachat à notre face est de la pluie ? Il y a maintenant des signes que ça ne peut pas durer toujours.- ce n’est pas le commencement de la fin mais ça ressemble plutôt au début du commencement de la fin.
Quelques-unes des critiques auxquelles nous sommes soumis semblent produire de l’effet. Ca n’arrivera pas demain, mais on peut entrevoir une lueur d’espoir. Quelques craquelures ont commencé à apparaître sur le masque de l’autosatisfaction vertueuse que nous portons depuis 37 années.
La mauvaise nouvelle est que ces craquelures sont seulement le résultat de la pression internationale ; la bonne nouvelle est que cette pression monte. Après avoir perdu l’espoir d’arriver à reprendre nos sens nous-mêmes, nous devons maintenant espérer que le monde ne va pas abandonner avant que nous ne redevenions un Etat juste. Ceux qui se préoccupent de l’avenir d’Israël doivent espérer que le monde ne se limitera pas à des paroles véhémentes mais ira vers une action non moins véhémente.
Le régime d’apartheid a finalement été aboli grâce à des actes et par l’excommunication de la famille des nations. C’est, malheureusement, semble-t-il, la seule voie pour en finir avec l’occupation israélienne.

Après avoir ignoré plusieurs années les critiques internationales, il semble que la peur du passage aux actes du monde – quelque part entre les festivités d’ « Une étoile est née » et les festivités autour des médailles à Athènes – a commencé à prendre racine dans la société israélienne.
Cela a commencé par le plan de désengagement et les commentaires ministériels sur l’impossibilité d’une occupation permanente, aussi creux qu’ils puissent avoir été. Cela a continué avec la condamnation par la Haute Cour de la « barrière de séparation », aussi partielle a-t-elle été. Et maintenant ça finit avec la recommandation du Ministre de la justice de « réexaminer sérieusement » l’application de la Quatrième Convention de Genève aux territoires (occupés) – aussi tard qu’elle puisse avoir été édictée.
Tous ces développements montrent que la terre des territoires occupés commence à nous brûler les pieds. Pendant toutes les années de l’occupation, Israël a foulé aux pieds la Quatrième Convention de Genève, un des documents internationaux les plus importants et les plus lumineux que le monde a adopté, y compris Israël.

Mais Israël a bafoué l’esprit du traité sur l’argument infondé que les territoires n’ont pas été conquis au détriment d’un pouvoir souverain – comme si ça changeait le fait de l’occupation et ses conséquences pour la population occupée et pour ses droits.
Israël a violé et continue de violer l’article 27 du traité qui dit : « les personnes protégées ont le droit, en toutes circonstances, au respect de leurs personnes, de leur honneur, de leurs droits familiaux, de leurs convictions et de leurs pratiques religieuses, et de leurs usages et mœurs. Elles seront toujours traitées avec humanité et seront protégées en particulier des actes de violence et des menaces ainsi que des insultes et de la curiosité publique ».
Israël viole cet article quand il soumet les Palestiniens à des ordres militaires et à des punitions collectives, lorsqu’il endommage leurs propriétés et limite sévèrement leur liberté de mouvement, avec toutes les conséquences pour leur vie.

L’article 32 qui interdit de causer des souffrances physiques aux résidents des territoires, n’est pas appliqué, pas plus que l’article 47, qui interdit de déplacer les prisonniers des territoires occupés vers l’état du pouvoir occupant, et ne respecte pas non plus l’article qui interdit le déplacement de la population civile du pays occupé vers les territoires occupés.
A ce propos, ce n’est pas seulement aux Palestiniens que l’on dit que les conventions de Genève ne s’appliquent pas à eux, mais on l’enseigne aussi aux enfants israéliens. Les nations du monde civilisé, a l’exception de la nôtre, en ont assez de ces pratiques.
Mais il y a le soutien américain et les hésitations européennes devant la perspective d’une démarche plus agressive. Aujourd’hui il y a un peu d’espoir que la corde ait été trop tendue. Il n’y a plus aucune entité internationale, depuis l’Organisation mondiale de la santé jusqu’à la Banque mondiale, en passant par l’Union européenne et l’Organisation des nations non-alignées, mis a part les agences des Nations unies, qui n’ait lancé des accusations sévères contre Israël.
Il est très facile de demander à Menachem Mazuz : qu’est-il arrivé ? Quelle différence entre un jour de plus d’occupation et deux jours de plus ? Il est déprimant de penser que ses yeux ne commencent à s’ouvrir que lorsque les sanctions des Nations-Unies sont à la porte, comme il l’a averti récemment. Et les yeux de la Cour Suprême se sont ouvert seulement quand le procès de La Haye était à la porte.
Il est tentant de condamner l’épouvantable retard de décisions qui auraient dû être prises au début de l’occupation. Mais mieux vaut tard que jamais. Les préoccupations de Mazuz au sujet du monde sont vraiment de bonnes nouvelles.
Nous n’avons aucun leader israélien capable d’agir, nous avons une armée qui a été corrompue au-delà de toute imagination, nous avons une Cour Suprême qui se tient à l’écart des questions de l’occupation comme si elles étaient du feu. Mais, qui sait – il y aura peut-être un juge dont personne ne suspecte la grandeur, qui apportera du dehors la bonne nouvelle à la maison. »
Texte traduit par Jean-Claude Ponsin.

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