Le Club des prisonniers, Nadi al-asir, nous fait parvenir les informations suivantes concernant la situation des prisonniers palestiniens, qui est contrastée selon les prisons, seuls les prisonniers de Ashkelan ayant apparamment obtenu satisfaction sur un nombre significatif de points, alors que pour la plupart des autres les conditions de détention restent catastrophiques ou même empirent.
FIN DE LA GREVE A KFAR YOUNA
Les 4 prisonniers de Kfar Youna, qui étaient encore en grève de la faim au début de cette semaine et qui sont en « détention administrative » (sans aucun chef d’inculpation ») ont suspendu leur grève de la faim au bout de 25 jours, après avoir obtenu leur transfert vers d’autres prisons (des « centrales »), car ils ne voulaient pas continuer à être mélangés à des droits communs.
Ils ont également obtenu l’autorisation des visites parentales, l’autorisation de contacter les parents par téléphone, l’autorisation de faire la prière et l’appel à la prière, ainsi que la suppression du plastique du parloir (un plastique isolant faisant office de vitre de séparation), et une amélioration de la nourriture (introduction de légumes), avec notamment la possibilité pour les parents de faire entrer des produits alimentaires et affaires personnelles.
LA DIRECTION DE LA PRISON DU NAKAB CONSTRUIT DES MURS DE 9M DE HAUT POUR SEPARER LES DETENUS
Par ailleurs, les prisonniers du Naqab (1250 prisonniers) protestent contre la construction de murs à l’intérieur de la prison.
Ils ont entamé une grève de la faim mardi et refusent de se rendre aux tribunaux, à l’infirmerie et de travailler (pour ceux qui travaillent).
La direction de la prison du Naqab a commencé la construction de murs internes dans la prison, suite à l’ordre donné par le chef des armées Moshé Yaalon, qui a visité la prison le jeudi 9 septembre. Ce mur est en ciment, il est haut de 9 mètres, entoure les sections, les séparant les unes des autres, empêchant les prisonniers de communiquer entre eux. Il empêche les rayons du soleil de pénétrer dans les sections et le vent de circuler normalement. Il étouffe les prisonniers.
La prison du Naqab (Ansar III) est une prison militaire, les prisonniers vivent sous des tentes, réparties en sections.
A BEER SABA’ LA DIRECTION REVIENT SUR SES PROMESSES
En ce qui concerne la situation dans la prison de Beer Saba’ (500 prisonniers), elle empire selon Nadi Al-Asir, puisque le directeur de la prison a annoncé le 13 septembre aux prisonniers que la direction des prisons est revenue sur son accord relatif aux revendications des prisonniers, qu’ils avaient annoncées lors de la grève de la faim.
Les prisonniers considèrent ces paroles extrêmement graves car elles témoignent de la duperie de la direction des prisons et ils sont en train d’étudier les derniers développements, d’une part pour empêcher la direction de la prison de prendre des mesures punitives contre les grévistes et d’autre part, pour envisager le mouvement qu’ils peuvent entreprendre pour faire valoir leurs droits.
Considérant les amendes imposées aux prisonniers, pour des raisons les plus futiles, comme le fait de ne pas se lever lors du décompte, ou la présence avec lui d’un poste de radio, etc., les prisonniers annoncent que 50.000 shekels leur ont été dérobés de cette manière par la direction des prisons.
SITUATION DESASTREUSE ET TORTURES POUR LES MALADES A RAMLEH
Dans la prison de Ramleh, l’avocat Hanane al-Khatib a rencontré plusieurs malades à l’hôpital, qui ont témoigné de leurs conditions de détention :
1 – Le prisonnier Ibrahim Jalal Ahmad Jayyousi, 25 ans, de Tulkarm, qui est blessé par balles aux jambes, et qui ne peut marcher. Il a raconté que dès son arrestation, il a été attaché par les mains, et il a eu les yeux bandés. Il a été transporté sur une chaise roulante, tout en étant insulté par les soldats et ensuite par les officiers enquêteurs. A l’hôpital, il ne reçoit aucun soin alors qu’il a besoin de voir des spécialistes et de recevoir des soins en physiothérapie. Il a déclaré que la direction de l’hôpital procède à des fouilles constantes des chambres et des armoires des prisonniers, et que la nourriture est très mauvaise. Il a indiqué qu’il y a 27 prisonniers gravement blessés, comme Ahmad Tamimi, Muhammad Abu Hadwan, Muhammad Hashash, Shadi Ghawadra.
2 – Murad Ahmad Sulayman Abu Sakut, 27 ans, d’al-Khalil, condamné à 25 ans de prison. Il a été arrêté le 9 décembre 2001, il est atteint d’un cancer et avait été hospitalisé avant son arrestation. Pendant son interrogatoire à la prison de Ascalan, qui a duré un mois et demi, il a été torturé, malgré son état de santé. Il a été insulté grossièrement, il a été humilié par des gifles et des coups sur ses oreilles, il a subi le shabeh pendant de longues périodes, assis sur une chaise, les pieds et les mains liés par des menottes en fer, lui causant des douleurs atroces.
Il a parlé des cellules de Ascalan, disant qu’elles étaient très étroites, sans aération, sombres. A l’intérieur, un ventilateur envoyait de l’air glacial. Un matelas et des couvertures humides puaient, les murs des cellules sont gris, avec des protubérances pour empêcher les prisonniers de s’y adosser.
Il a indiqué ne pas avoir reçu de soins après son transfert de Ascalan, la maladie a alors empiré, il souffre d’inflammations aux poumons, et il ne reçoit pour remèdes que des pilules anti-douleurs.
Ce prisonnier a été mis dans la section n°4 d’isolement à Ascalan, durant quatre mois, au cours desquels sa santé s’est détériorée; il a ensuite été transféré à Beer Saba’, où il est resté un an, et les médecins ont pris la décision de lui faire une intervention chirurgicale. Il a été emmené à l’hôpital Soroka, à Beer Saba’, où il est resté 8 jours. Il a été ensuite transféré à l’hôpital de Ramleh, mais il ne reçoit aucun soin pour son cancer, il a seulement été opéré pour ses poumons, dont un ne fonctionne qu’à 6%. Il n’a reçu de visite familiale qu’une fois pendant toute cette période.
LES FEMMES ET LES ENFANTS TRAITES COMME DES CHIENS DANS LA PRISON DE RAMLEH
L’avocat Hanane al-Khatib a d’autre part rencontré plusieurs femmes prisonnières se trouvant dans la prison de Ramleh : Amah Muhammad Jumaa Allan, de Bethlehem, Irina Sarahna, de Bethlehem et Lina Jarbouni, d’al-Jalil (Galilée).
Lina Jarbouni, représentante des prisonnières dans la prison de Ramleh, a déclaré en leur nom qu’elles ont l’intention de revenir à la grève de la faim si les promesses faites par la direction des prisons ne sont pas satisfaites, comme la suppression du plastique isolant dans le parloir, l’autorisation des visites dans les pièces, l’amélioration de la nourriture, en qualité et quantité, la permission de faire entrer de la nourriture par les parents, l’autorisation aux prisonnières de sortir en groupe à la promenade.
Elle déclare que depuis la suspension de la grève de la faim, les conditions de détention ne se sont pas améliorées, sauf en ce qui concerne les fouilles à nu qui ont été stoppées et l’autorisation de visite pour quelques prisonnières.
Quant à Irina Sarahna, interdite de visite depuis deux ans et demi, elle ne peut toucher sa fille Ghazale, lors des visites, et elle ne peut voir son mari prisonnier, qui se trouve dans la prison de Nafha, ni lui envoyer des lettres.
Elle a des problèmes de santé et aucun soin approprié ne lui est donné.
Elle raconte que des prisonnières de droit commun gênent les prisonnières par des cris, et surtout lors de l’appel à la prière, elles se mettent à insulter et à lancer des grossièretés.
Les prisonnières ne peuvent communiquer les unes avec les autres dans la cour, et elles n’ont pas le droit de s’occuper avec la couture ou la broderie.
Il y a en outre trois mineures dans la prison, Hiba Jarad, Aya Uways et Rasha Azza, qui est la plus jeune.
Concernant Wael, âgé d’un an et de sept mois, et qui est le fils de Mirvet Taha, il est privé de tous ses droits. Il n’a pas droit à des aliments spécifiques pour son âge, il vit dans une cellule avec sa mère et six prisonnières, il ne reçoit pas de lait spécifique, ni pour lui ni pour sa mère qui continue à l’allaiter, la nourriture ne suffit pas à la mère. Wael est maigre. Il pleure tout le temps, il souffre de son emprisonnement. Il a besoin de sortir, mais la direction refuse, sauf pendant le temps de récréation, et il est traité comme un prisonnier.