Attention ! Le rapport Rufin, qui signale une très dangereuse escalade dans la campagne actuellement menée en France, tant par les institutions politiques (gouvernement, partis, administrations) que par la majorité des médias, pour instaurer un délit d’opinion réprimant toute critique de la politique israélienne, est bien un document officiel.
Le rapport Rufin est bien un document officiel, en ce qu’il est un rapport publiquement commandé par le ministère de l’Intérieur, que sa présentation a été faite par le ministre de l’Intérieur Dominique de Villepin au cours d’une conférence de presse, qu’il porte sur sa couverture les insignes de la République Française, et qu’il a été dès sa présentation affiché, dans son intégralité, sur le site internet du ministère de l’Intérieur http://www.interieur.gouv.fr
L’auteur de ce texte, censé être consacré à la lutte contre « le racisme et l’antisémitisme », est lui-même raciste une première fois, en distinguant le racisme et l’antisémitisme, alors que le second n’est qu’une composante du premier, et que toute la lecture du rapport, tout comme les commentaires qui en ont été faits, sont là pour montrer que la dénonciation du racisme en général n’est qu’un alibi pour centrer le discours sur la seule question de l’antisémitisme.
Jean-Christophe Rufin est encore plus spécifiquement raciste, en se présentant d’entrée de jeu, et par écrit, comme un Français « de souche », notion totalement absente de l’esprit et de la lettre des textes fondant la citoyenneté en France, qu’il s’agisse de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789, ou de la Constitution de la République.
C’est cependant à une personne aussi manifestement incompétente que le gouvernement français a confié le soin de porter un diagnostic, et de prescrire des remèdes sur un sujet aussi grave.
Au fil des pages, Jean-Christophe Rufin, par ailleurs médecin de formation et écrivain à succès, confesse volontiers, ici et là, son ignorance. Mais s’il est un domaine où il se sent fort, c’est celui de la dénonciation des personnes osant critiquer l’action du gouvernement et de l’armée israéliens contre le peuple palestinien.
Rufin, sans grande originalité puisqu’il ne fait que reprendre le matraquage pratiqué par les défenseurs d’Ariel Sharon en France, affirme ainsi que la critique de la politique israélienne, baptisée par ses soins antisionisme « radical », est de l’antisémitisme.
Dans son délire créatif, il va même jusqu’à insulter les militants du syndicat agricole Confédération Paysanne, qui ont selon lui le double tort de lutter contre les organismes génétiquement modifiés, et de réclamer demander l’arrêt du vol des terres palestiniennes par la colonisation israélienne.
Plus pragmatiquement, et c’est en ce sens que la publication du rapport participe à l’évidence d’une stratégie gouvernementale, pour complaire aux dirigeants israéliens, Rufin propose carrément d’instaurer une série de délits d’opinion, passibles de prison. Il demande en particulier que le fait d’employer le mot « apartheid » pour qualifier la politique israélienne soit considéré par les tribunaux comme une expression de haine raciale, antisémite.
Les préconisations du Dr Rufin ont d’ailleurs été suivies d’effet, avant une éventuelle modification liberticide de la législation en ce sens.
Au lendemain même de la publication de son rapport, des militants du Comité Palestine de la ville de Bordeaux, qui avaient apposé, dans un supermarché, des étiquettes portant l’inscription « Made in Israel – Apartheid – Boycott » sur des produits alimentaires portant le label « Made in Israel » (sans que personne sache, d’ailleurs, dans quelle colonie juive de Gaza ou de Cisjordanie ils ont été fabriqués), ont été emmenés menottes aux poignets et gardés à vue pendant plus de 36 heures par des policiers extrêmement nerveux, ayant manifestement reçu des consignes de leur plus haute hiérarchie.
La volonté des autorités françaises de satisfaire au chantage et aux exigences du gouvernement israélien ne se limite pas, enfin, à la sphère intérieure et policière. Le rapport Rufin a été publié au moment même où le ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier effectuait une visite officielle à Jérusalem. Barnier y a donné de nouveaux gages aux dirigeants d’Israël, les érigeant, lui aussi, en gardiens et protecteurs des intérêts de la minorité juive française. Au risque, plus qu’évident, de développer l’antisémitisme dans notre propre pays.