On apprend mercredi que le Dr. MustaFa Barghouti, l’un des principaux candidats aux élections présidentielles palestiniennes est retenu au passage d’Eretz par l’armée israélienne, alors qu’il comptait quitter la Bande de Gaza pour retourner en Cisjordanie. Le checkpoint serait fermé, sans motif précis, selon l’armée. Quand on sait que le scrutin a lieu dimanche prochain, cela en dit long sur le caractère démocratique de ces élections sous occupation, malgré les rapports satisfaits d’un certain nombre d’observateurs internationaux, publiés par les médias.
Rapports qui ne parlent ni du harcèlement, voire des coups, subis par divers candidats, non seulement par le Dr. Barghouti à plusieurs reprises, mais aussi par Abdelkarim Shubair et Sayed Baraka, candidats indépendants, Bassam Al Sahi, candidat du Parti du Peuple (ex parti communiste), frappé par des soldats israéliens au check-point de Ramallah.
Dans sa grande générosité, Israël promet de lever la veille, le jour et le lendemain des élections ses 703 barrages qui empêchent les candidats comme le reste de la population palestinienne de circuler librement.
Mais le gouvernement israélien ne promet pas pour autant d’arrêter ses assassinats, bien au contraire. Sharon a demandé à l’armée de ne pas mollir après le meurtre hier de 6 enfants palestiniens appartenant à la même famille, et la très grave blessure (son état est jugé désespéré) infligée intentionnellement avant-hier à un caméraman palestinien de la chaîne israélienne Channel 10, qui couvrait l’invasion de Beit Hanoun (Nord de la bande de Gaza) par l’armée israélienne.
Nous avons écrit dès le début que ces élections vont se dérouler dans une grande prison et que les dés sont pipés. En outre, des milliers de prisonniers politiques sont dans l’incapacité de faire entendre leur voix. Parmi eux, Marwan Barghouti est en cellule d’isolement et on ne sait pas pourquoi, après avoir annoncé sa candidature, il l’a retirée. Des millions de réfugiés palestiniens n’ont pas voix au chapitre non plus.
Si certains Palestiniens, tout en faisant ce même constat, pensent qu’il est néanmoins sain de maintenir une vie démocratique au sein de la prison, et qu’en conséquence, il est juste d’organiser la compétition électorale, c’est un choix qui se respecte, comme celui de procéder à l’élection de délégués de prisonniers au sein d’une prison.
Mais il faut voir également que ces élections sont depuis le début l’objet d’une manipulation, sur la scène internationale pour masquer le principal, l’occupation, et accréditer l’idée qu’avec l’élection « démocratique » d’un nouveau président (comme si la démonstration n’en avait pas déjà été apportée en 1996, lorsqu’un premier président, Yasser Arafat, fut élu dans des conditions n’ayant rien à envier, en termes de transparence et de bon déroulement des opérations, à l’élection d’un Bush aux USA, d’un Blair en Grande-Bretagne, ou d’un Sharon en Israël), tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Et quel que soit le candidat palestinien élu, Sharon a fait savoir récemment qu’aucun Israélien ne se rendrait à une conférence de paix en Europe, notamment pas à celle proposée à Londres par Tony Blair, pour éviter d’être confronté à la moindre demande de concession du côté israélien.
C’est pourquoi, en l’absence qui plus est des éléments d’information nécessaire, notre rôle n’est pas de nous immiscer dans la vie politique intérieure palestinienne, en appuyant (ce qui serait un exercice dérisoire, dès lors que nous nous adressons essentiellement à des citoyens français, qui ne votent pas par définition en Palestine) l’un des candidats en présence, ou a contrario en déclarant que ce sont les Palestiniens défavorables à la tenue de cette élection qui ont raison.
Notre rôle consiste, selon nous, à exiger la fin de l’occupation de manière inconditionnelle et la suppression de toutes les formes d’oppression qui pèsent sur le peuple palestinien, afin qu’il puisse exercer son droit à l’auto-détermination. Ce qui implique notamment la libération des prisonniers politiques et le fait que les réfugiés palestiniens puissent participer démocratiquement à l’élaboration des choix concernant leur pays.