Environ 2000 personnes ont manifesté samedi à Paris de la Place du Chatelet à l’Opéra contre la venue de Sharon,
contre la politique israélienne d’annexion et de colonisation, et contre l’attitude de la France à l’égard d’un Etat qui bafoue constamment les droits de l’homme et le droit international. Juste avant la manifesation, une
délégation du Collectif Résistance Palestine, qui regroupe plusieurs dizaines d’associations, avait été reçue au
Ministère des Affaires étrangères.
C’est aux cris de « ETAT D’ISRAEL, ETAT CRIMINEL, DES SANCTIONS ! » et « HONTE A CHIRAC, QUI ENCOURAGE LES MURS ET
LES GHETTOS ! » qu’ont défilé les centaines de manifestants regroupés derrière la banderole RESISTANCE PALESTINE » ,
porteurs de panneaux « Non à la venue du criminel de guerre Sharon en France », de visuels de la campagne « Israel
Ment » avec les cartes sur la colonisation de la Palestine et la répression par la soldatesque israélienne, de
photos de Rachel Corrie, écrasée par un bulldozer israélien en mars 2003 alors qu’elle tentait de s’opposer à la
démolition d’une maison à rafah, ainsi que de panneaux avec la photo et les citations d’opposants israéliens
dénonçant la politique criminelle de leur pays.
Parmi les autres slogans repris au sein de notre cortège, très tonique, « NON NON NON ! AU GOUVERNEMENT QUI
SOUTIENT L’OCCUPANT », « SUR LE DROIT, SHARON S’ASSOIT ET CHIRAC LE RECOIT », SABRA ET CHATILA, JENINE, ET PUIS
RAFAH, SHARON ON N’OUBLIE PAS ! », « SHARON ANNEXE, OPPRIME, ET CHIRAC POUSSE AU CRIME », « SOLDATS, COLONS, GO HOME !
LE TEMPS DES COLONIES, C’EST FINI ! ».
Avant la manifestation, une délégation de 6 membres du Collectif Résistance Palestine, ont été reçus au Quai
d’Orsay, par les responsables du Proche-orient, MM Thibault et Jouret. Pendant plus d’une heure, nous avons exprimé
notre désapprobation face à l’invitation de Sharon par notre gouvernement et plus généralement face la politique de
collaboration de France avec un Etat qui bafoue en permanence le droit international. Soulignant le fait que notre
mécontentement était partagé par un grand nombre de citoyens, nous avons demandé à ces deux représentants du
gouvernement quels fruits avaient porté tous ces gages donnés à Israël ces dernières années . La France n’a-t-elle
pas contribué à renforcer le sentiment d’impunité des dirigeants israéliens ? Pourquoi la France qui a été capable
de faire entendre une autre voix pour l’Irak, n’applique-t-elle pas la seule politique qui s’impose à l’égard
d’Israêl, celle adoptée vis à vis de l’Afrique du Sud de l’Apartheid.
Le gouvernement français n’est-il pas conscient que la situation ne fait qu’empirer au Proche-Orient, qu’il y a
urgence pour le peuple palestinien ? Ne voit-il pas qu’il met en difficulté, y compris les opposants israéliens à
la politique de Sharon, ceux qui se font tirer dessus quand ils manifestent aux côtés des pPalestiniens contre le
Mur, ceux qui sont mis en prison parce qu’ils refusent de servir dans une armée d’occupation, en déroulant le tapis
rouge à Sharon ?
Comment le gouvernement français peut-il par ailleurs prendre la responsabilité de recevoir en France un homme qui
a appelé les « juifs de France à faire leurs valises » parce que la présence de « six millions d’Arabes constituait un
danger », et qui ne s’est jamais repenti de ces propos.
Nous avons également demandé à ces responsables de la diplomatie française aux Proche-Orient quelles mesures ils
comptaient prendre concernant l’expulsion de ressortissants français par les autorités israéliennes qui se
permettent d’empêcher d’entrer en Palestine les Français qui ont un nom arabe.
Nous avons évoqué les deux cas les plus récents :
– celui du Dr. Mohamed Salem qui exerce au CHU de Lille et qui a été détenu en mai pendant 24 H à l’aéroport de Tel
Aviv alors qu’il se rendait à l’hopital de Jénine pour une mission médicale sous les auspices de l’ONG Aide
Médicale Internationale, avant d’être refoulé.
– celui de Houda Ibrahim, journaliste à RMC Moyen-Orient refoulée le 3 juillet dernier à la frontière entre la
Jordanie et la Cisjordanie (au Pont Allenby) alors qu’elle devait former des journalistes palestiniens, qu’elle
était mandatée par le gouvernement français….et qu’elle était accompagnée du Consul de France à Jérusalem !
A toutes ces questions, aucune réponse satisfaisante n’a été apportée. Les deux représentants du gouvernement
français nous ont dit être très conscients de l’aggravation de la situation, des « limites » de la diplomatie
française qui « prend un soin jaloux à entretenir de bonnes relations avec l’Autorité Palestinienne comme avec
l’Etat d’Israël », qui « se bat depuis des années pour que les Palestiniens aient un Etat, mais aussi pour la
sécurité d’Israël », mais qui devait tenir compte du fait que Sharon est « un premier ministre démocratiquement élu ».
« Juridiquement, nous ne sommes pas criticables », ont-ils déclaré, reconnaissant toutefois l’inefficacité de leur
politique et essayant de se retrancher derrière le fait que même Mahmoud Abbas acceptait de rencontrer Sharon.
Selon eux, Jacques Chirac reçoit Sharon parce que la France est « méfiante » quant à la manière dont va se faire le
retrait de Gaza. Elle veut demander à Sharon que ce retrait soit « viable », que la Bande de Gaza soit « ouverte » et
qu’Israël « n’implante pas de nouvelles colonies en Cisjordanie ».
Quant au Dr Mohamed Salem et à Houda Ibrahim, ils ont « protesté », « envoyé des lettres et des fax », mais ils ne
peuvent pas promettre qu’ils parviendront à retourner en Palestine.