Dirigeants israéliens et jordaniens ont donné une nouvelle preuve de cynisme, ainsi que de stupidité, en annonçant mercredi une réunion bilatérale de préparation à l’éventuelle arrivée de la grippe aviaire dans la région, mais en « oubliant » d’y associer leurs homologues palestiniens.
La réunion doit avoir lieu jeudi en Cisjordanie occupée, à proximité de la frontière jordanienne. Elle est motivée par la découverte, dans des pays désormais rapprochés (îles grecques, Turquie continentale), de volailles infectées par le virus H5N1, un virus de grippe aviaire susceptible de se transmettre à l’homme. Il est plus que probable que le virus se propage avec des oiseaux migrateurs, qui franchissent les murs et les frontières sans visa ni passeport, et transmettent l’infection aux volatiles sédentaires lors de leurs étapes.
La détection du virus dans une zone donnée est d’emblée une catastrophe économique, puisqu’elle oblige, dans un premier temps, à éradiquer les élevages touchés ; des centaines de millions, sinon des milliards de poulets, canards, et autres volailles domestiques ont ainsi été détruits en Extrême-Orient depuis l’apparition du H5N1 en 1997.
Mais dans la mesure où il peut se transmettre à l’homme (quelques dizaines de personnes, principalement au Vietnam, sont mortes à ce jour de cette grippe d’origine aviaire), voire muter et alors se transmettre d’homme à homme, les mesures de prévention et/ou de traitement (par médicament anti-grippal, ainsi que par d’éventuels vaccins dont le développement est actuellement accéléré) battent leur plein au niveau mondial en ce moment, d’autant plus que le virus semble approcher dangereusement des pays riches.
Les dirigeants israéliens ont déclaré qu’ils se saisissaient sérieusement du dossier, le pays pouvant raisonnablement s’attendre à être touché, et ont annoncé diverses mesures prophylactiques en cas de détection (destruction de toutes les volailles dans un rayon de trois kilomètres autour du cas détecté, constitution de stocks de médicaments humains, etc.)
Des responsables sanitaires israéliens ont en outre annoncé une collaboration avec leurs voisins jordaniens.
Mais quid des Palestiniens ? Interrogé par le Haaretz, le ministre palestinien de l’Agriculture, Walid Abed Rabbo a indiqué qu’il n’avait pas été invité à la réunion. Il a ajouté que l’Autorité Palestinienne avait ordonné l’arrêt de l’importation de tous produits de la filière avicole. Mais il a aussi fait ironiquement observer que les oiseaux migrateurs se moquaient bien des discriminations voulues par les hommes, et qu’ils infecteraient, le cas échéant, qui ils voudraient. Effectivement, Israël n’a pas encore inventé le check-point anti-oiseaux !
