Le président américain George Bush a proposé à son compère Tony Blair de bombarder le siège de la chaîne de télévision Al Jazeera, vient de révéler de manière irréfutable le quotidien britannique Daily Mirror, sans que cette information émeuve outre mesure la majorité des médias occidentaux, et la quasi totalité des gouvernements de la planète.
Le Daily Mirror, un journal qui tire à trois millions d’exemplaires, a affirmé qu’au cours d’une rencontre au sommet entre le Premier ministre britannique et le président américain, le 16 avril 2004.
Au cours de cet entretien, George Bush a très sérieusement proposé à Blair de bombarder le siège de la télévision, qui se trouve au Qatar. Bush ne pouvait supporter les images de la brutalité de l’offensive de l’armée américaine contre la ville de Falloujah, et encore moins, semble-t-il, les reportages d’Al Jazeera montrant que cette attaque n’était pas une partie de plaisir pour l’U.S. Army, dont les véhicules en feu et les blessés sanglants étaient ainsi montrés au monde entier.
Tony Blair, ajoute le journal, a dissuadé Bush de commettre une pareille monstruosité. Il lui a notamment rappelé qu’Al Jazeera est basée au Qatar, que la chaîne a été lancé par l’émir du Qatar, et que …. le Qatar est jusqu’à plus ample démontré l’un des principaux alliés des Etats-Unis dans la région, l’armée américaine y entretenant notamment une base de plusieurs milliers d’hommes !
Les sources citées par le Daily Mirror sont apparemment sérieuses, puisqu’il s’agit d’un mémorandum émanant des services gouvernementaux britanniques, rendant compte de cette désormais fameuse réunion du 16 avril 2004.
Elles sont d’autant moins sujettes à caution que Tony Blair a officiellement reconnu l’existence de ce document, mais pour aussitôt en interdire la publication, et menacer de prison ceux qui le feraient, au nom du « secret défense ».
Il reste à savoir s’il se trouvera des mass médias occidentaux pour défier cette atteinte sans précédent -en Grande-Bretagne en tout cas- à la liberté d’expression. Un député britannique d’opposition a déclaré pour sa part jeudi qu’il était prêt à publier le rapport gouvernemental, quitte à aller en prison, pour défendre la liberté d’expression. Mais le Daily Mirror a pour le moment déclaré qu’il se pliait à l’injonction gouvernementale.
Quoi qu’il en soit, cette nouvelle révélation sur la conception bushienne de la démocratie (mais, vu la conspiration du silence qui entoure l’affaire, il semble que cette conception soit des plus partagées) montre que les journalistes et cameramen de la chaîne arabe tombés sous les balles américaines ces dernières années n’ont pas été les victimes de « dommages collatéraux » ou « d’accidents regrettables » comme l’affirme Washington. Il s’agissait du bombardement du bureau de la chaîne à Kaboul (Afghanistan) en décembre 2001, puis de celui d’Al Jazeera à Bagdad en avril 2003.
Parallèlement, des sites antiguerre américains (notamment http://www.antiwar.com, dont nous recommandons la consultation à ceux qui comprennent l’anglais) ont apporté depuis 48 heures plusieurs éléments de preuve supplémentaires sur la volonté américaine de faire taire Al Jazeera, de gré ou de force.
Par CAPJPO-EuroPalestine