Alain Duphil, diacre du diocèse de Toulouse, nous transmet une infomation concernant une action qu’il vient de mener avec le Père Pradel
dans un village du Lauragais pour y sensibiliser la population contre le Mur de la Honte érigé par le gouvernement israélien et condamné par la Cour de Justice Internationale. Cette action répondait notamment à un appel au secours lancé en octobre dernier par les habitants du village d’Aboud, près de Ramallah, et par le père Firas Aridah, curé de la paroisse d’Aboud qui venait d’apprendre que le mur allait passer sur leurs terres (lire sa lettre plus bas).
« Voilà des photos du mur en carton que nous avons monté dans un village près de Toulouse avec le père Pierre Pradel qui avait acheté pour 150 euros de cartons. En même temps nous faisions signer la pétition contre le mur à Aboud et nous vendions de l’huile non alimentaire de Taybeh pour que les gens prient pour les habitants d’Aboud en faisant brûler cette huile.
Ce mur est resté en place la matinée. Le vent d’autan qui se levait nous l’a renversé 2 fois. Les gens le contournaient de bonne grâce en faisant un détour de 15 mètres par la halle où leur était proposée la pétition et de l’huile d’olive comme on le voirt sur une photo. Ce qui m’a frappé dans ce village populaire, c’est l’ignorance du mur de Palestine. On nous disait « Ah, c’est le mur de Berlin! », mais si peu de gens savent ce qui se passe. La Dépêche et La voix du Midi sont venus prendre des photos et ont fait un article. FR3 a catégoriquement refusé »;
Alain Duphil pour CAPJPO-EuroPalestine.
Chers amis,
Le mur arrive chez nous!
Dimanche 2 octobre 2005, un officier israélien est venu faire un tour à Aboud. Il a informé ceux qui possèdent des terres que la construction du mur allait commencer sur les terres du village depuis le côté nord jusque vers l’ouest. Il a aussi transmis les ordres militaires de confiscation de quelques 350 hectares sur le territoire du village. Il a transmis aussi des cartes montrant le futur tracé du mur.
Par conséquent nous vous assurons des points suivants:
1- Nous déclarons publiquement, et par une décision irrévocable quelles que soient les circonstances, que nous refusons complètement la construction de ce mur de ségrégation sur les terres de notre village comme partout ailleurs dans les territoires palestiniens.
2-Ce mur affectera largement et négativement tous les aspects de la vie de notre village :
A- Ce mur doit engloutir des centaines d’hectares de terres d’Aboud qui sont pour la plupart plantées en oliviers. Or l’olivier est la source principale de revenu pour les paysans palestiniens, ainsi qu’un symbole national.
B- De plus, ce mur devrait aussi faire disparaître des anciens sites religieux.
C- Le mur va séparer Aboud des villages environnants, ce qui aura un impact social, sanitaire et scolaire à cause de la position centrale d’Aboud au sein des autres villages.
D- Ce mur va confisquer aussi de larges étendues de pâturages aux cultivateurs et aux bergers.
3- Ce mur va empêcher le développement du village et l’extension des zones de construction en dépit de la croissance naturelle de la population. En conséquence, un certain nombre d’habitants seraient obligés de quitter le village.
4- Nous pensons que le but de ce mur est en fait de faire passer sous contrôle israélien la nappe phréatique d’Aboud qui est connectée à 20% de la nappe phréatique de Cisjordanie.
5- La construction de ce mur aura un impact négatif non seulement sur la nature et l’environnement, mais aussi sur la population et sa santé psychologique.
6- Pour toutes ces raisons, nous allons résister contre ce projet par tous les moyens légaux et médiatiques. Nous organiserons aussi des manifestations pacifiques de protestation.
7- Notre refus de ce mur est total, sachant qu’en plus il est illégal et condamné par les conventions internationales.
Aboud, les colonies, et le mur :
Aboud est un petit village situé à l’ouest de Ramallah. Presque 2500 personnes vivent à Aboud. La moitié d’entre eux sont de chrétiens et l’autre moitié sont Musulmas. Ils vivent en paix et avec bonheur tous ensemble. Le territoire d’ Aboud est d’environ 1500 hectares mais la construction de maisons n’est autorisée que sur 100 hectares seulement.
Il y a déjà deux colonies construites sur le territoire d’Aboud. La première s’appelle Beit Arye et débuta en 1980 par une zone et une base militaires. Ensuite elle évolua en grosse colonie couvrant 80 hectares de terres d’Aboud. La seconde colonie est Ofarim. Elle fut établie en 1982 et couvre 70 hectares toujours sur des terres d’ Aboud. Comme Beit Arye, ce fut d’abord une zone militaire puis elle se transforma en grosse colonie, elle aussi.
Le mur et les 2 colonies prendront en tout 350 hectares à notre village. Comme on peut le voir sur la carte fournie par les israéliens et comme ils le disent : ce qui est en rouge sur la carte concerne des terrains appartenant à des habitants d’ Aboud, soit 26 hectares, et ce qui est en bleu représente l’emprise du mur, soit 63 hectares. Les Israeliens prétendent que ces terres “en bleu” n’appartiennent à personne et donc reviennent à l’état d’Israël. Bien sûr cela est totalement faux, il faut se rappeler que ces terrains sont plantés en oliviers pour 35% d’entre eux et que la plupart sont la propriété de familles chrétiennes.
Pour finir, nous espérons que vous ferez de votre mieux pour nous aider et pour arrêter cette cruauté sur le sol de notre village d’ Aboud. Vous êtes les bienvenus chez nous pour venire voir par vous-mêmes le trace prévu du mur et pour écouter les gens d’Aboud.
Avec nos meilleurs sentiments d’amitié.
Sincèrement,
Père Firas Aridah
Curé de la paroisse d’Aboud.
