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Grippe aviaire : en Palestine occupée, épidémie ou pas, ce sont les humains qui sont enfermés.

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Nous reproduisons ci-dessous un témoignage palestinien concernant l’éradication suspecte de 80.000 poulets dans l’élevage d’une colonie juive proche de Naplouse. Par ailleurs, les médias israéliens ont annoncé lundi l’hospitalisation, pour symptômes de grippe atypique, d’un habitant de Jérusalem-Est dont les poulets seraient morts de maladie ces derniers jours.


Véhiculé par des oiseaux migrateurs, le virus de grippe H5N1, mortel pour la volaille et dangereux pour l’homme, est probablement déjà au Proche-Orient. Bien qu’aucun pays du Moyen-Orient ni du Proche-Orient (de l’Iran à Israël, ou de l’Afghanistan au Yémen) n’ait officiellement rapporté à ce jour de cas aux organisations mondiales de santé humaine (Organisation Mondiale de la Santé, OMS) ou animale (Office International des Epizooties, OIE), l’arrivée du virus, déjà officiellement présent chez le voisin turc, est considérée comme certaine par les experts, à une échéance plus ou moins brève.

Nous ne pouvons bien entendu pas prédire le cours des événements face à cette catastrophe potentielle que serait une épidémie généralisée de grippe H5N1 pour les élevages (une « panzootie », comme on dit) et a fortiori pour l’Homme (une « pandémie »), si par malheur se développait, dans l’espèce humaine, une souche grippale à la fois très mortelle et facilement transmissible d’homme à homme.

On n’en est pas là (même dans le sud-est asiatique et en Extrême-Orient, les cas les plus alarmants concernent à ce jour ceux de la transmission du virus d’un animal à un humain, puis de cet humain à un deuxième être humain, la chaîne s’arrêtant là et ne touchant pas un troisième être humain contaminé par le deuxième).

Mais les organisations chargées de la santé au niveau mondial, OMS et OIE, ont mis au point, depuis l’apparition de H5N1 en 1997 en Chine, des stratégies de prévention très élaborées pour retarder ou stopper le virus sur plusieurs lignes de défense.

La première bataille frontale concerne la volaille domestique, un secteur économique important, pour l’empêcher d’entrer en contact avec des oiseaux sauvages migrants potentiellement infectés. Depuis l’annonce de cas d’infection aux portes de l’Europe (Ukraine, Roumanie, et maintenant Turquie) un pays comme la France a ainsi ordonné l’enfermement dans des hangars de toutes les volailles dans un certain nombre de départements du pays (58 depuis la semaine dernière, en attendant une extension de la règle à la totalité de la métropole). Un arsenal de mesures de protection des animaux et des hommes est parallèlement développé (vaccin pour l’animal, constitution de stocks de masques et de médicaments relativement efficaces pour l’homme, recherche et développement accélérés d’un vaccin humain, etc.) Des crédits sont débloqués, pour surveiller les oiseaux sauvages aussi bien que pour indemniser les éleveurs de poulets ou bien acheter le matériel sanitaire et médical. La règle est également d’abattre toutes les volailles dans un périmètre donné (quelques kilomètres de rayon), y compris les animaux enfermés, dès qu’un cas suspect est diagnostiqué.

Mais du fait de l’occupation israélienne, et de l’enchevêtrement insensé créé par la colonisation sur le mode de l’apartheid (avec ses Murs, ses routes de contournement, et la différence fondamentale de statut selon qu’on est Juif ou Palestinien), aucune stratégie de prévention cohérente de la grippe aviaire n’est concevable en Cisjordanie. Avec les risques que cela comporte, non seulement pour les animaux, mais aussi pour la santé humaine, si la bataille sur le front de la volaille devait livrée, et perdue.

Le statut monstrueux de la Cisjordanie, où l’occupant, Israël, se dégage de toutes ses responsabilités civiles d’Etat (mais évidemment pas de ses « responsabilités » militaires) vis-à-vis de la population palestinienne, en arguant opportunément de l’existence d’une « Autorité Palestinienne » dépourvue de tous moyens et de toute souveraineté, y rend tout simplement impossible la mise en œuvre des recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé. Par exemple, du fait des bouclages, un vétérinaire palestinien n’a même pas la garantie de pouvoir se rendre dans un élevage palestinien où des cas suspects auraient été signalés, prendre des animaux malades ou morts, et les emmener dans un laboratoire pour établir un diagnostic.

Nous avons toutes les raisons de craindre qu’en cas de confirmation de l’arrivée du virus H5N1 dans la région, le gouvernement israélien, s’il ne subit pas de pressions internationales, poursuive et aggrave même sa logique d’apartheid, avec enfermement accru des Palestiniens dans leurs enclaves (mais leurs poulets restant libres de vaquer dans celles-ci, puisque l’élevage de volailles est encore très peu industriel, et restant par conséquent exposés à des oiseaux migrateurs ou congénères infectés), les Israéliens appliquant de leur côté, en Israël comme dans les colonies juives de Cisjordanie, la stratégie des pays riches … et libres.

par CAPJPO-Europalestine

Voici maintenant le témoignage reçu ces derniers jours du village de Beit Fourigh (Furik), proche de Naplouse, et de la colonie juive de Makhoara (traduction Jean-Pierre Bouché)

Beit Furik (Palestine occupée): Éradication suspecte de poulets

Sur le territoire de la ville antique de Bas Tana, et particulièrement dans la colonie voisine de (Makhoara), le mercredi 4 janvier 2006, 80.000 poulets ont été éradiqués.

Lors d’une interview, un des travailleurs employés pour cette mission a mentionné qu’il était employé par un colon pour travailler dans une palmeraie de la vallée du Jourdain. Il ajouta que le colon lui demanda de venir avec d’autres travailleurs à son élevage de poulets de la colonie de (Makhoara) qui est près de Bas Tana et qui a été implantée sur les terres de Beit Furik à environ 7 km de la ville.

« Le colon nous demanda de tuer et d’éliminer tous les poulets de la ferme, estimés à 80.000 oiseaux, chacun d’eux d’environ 2 kgs. Nous avons remarqué que les oiseaux déjà morts avaient le corps bleu (cyanosés) et le cou manifestement gonflé.

Après qu’on en ait tué un certain nombre avec des couteaux utilisés normalement pour récolter les dattes, il nous a demandé de les tuer à coups de bâtons. Peu après, un vétérinaire est arrivé et il nous a demandé de revenir à l’égorgement plutôt que le bâton. Une fois le vétérinaire parti, le colon nous demanda de réutiliser les bâtons pour aller plus vite. Quand il vit que ça pourrait prendre trop de temps, il amena un bulldozer et l’utilisa pour tuer les oiseaux. Les oiseaux tués furent chargés dans des camions et emmenés on ne sait où.

Un des travailleurs qui participait au massacre a emmené des poulets vivants chez lui dans un village de la vallée. Quelques jours plus tard, tous ces oiseaux et ceux qu’il avait déjà chez lui et même tous les oiseaux (poulets) de la région sont morts.

Il faut noter que les travailleurs ont tué les premiers oiseaux d’élevage sans porter de vêtements adéquats pour une telle tâche ni avoir reçu la moindre info sur la raison de ce massacre jusqu’à ce que le vétérinaire vienne et leur demande de le faire sans jamais employer les bâtons. »

Il faut noter que des travailleurs qui ont participé à ce massacre ont pu être en danger d’être infectés ou exposés à des risques de toutes sortes. Les travailleurs n’ont toujours reçu aucun examen médical.

Pour plus de certitude, j’ai (Yasser Mlilat) rencontré un autre témoin qui a déclaré :

« Vers 7 heures jeudi matin alors que je faisais paître mes moutons dans la zone, j’ai vu deux bulldozers creuser. Ca leur a pris presque toute la journée. Ensuite, trois camions bâchés, indiquant qu’ils étaient chargés de quelque chose que je ne pouvais pas identifier [sont venus]. Ils sont partis vers 16 heures. Le lendemain je suis allé sur place pour trouver que le trou était rempli et recouvert de terre. Il est toujours visible. Il fait environ 80 – 100 m2 et est profond de 2-3 mètres. J’ai vu le bulldozer entrer dans le trou et y disparaître complètement quand le trou était presque terminé. »

Il est remarquable de voir à quel point cette question a affecté les habitants quand ils en ont été informés. Ils ne savent plus quoi faire avec leurs poulets. En plus, beaucoup d’oiseaux sont morts, particulièrement ceux élevés à la maison.

Si bien que nous appelons les organisations, institutions et associations concernées à nous aider à enquêter sur cette question, et à travailler à empêcher que de telles actions se répètent, pour la sécurité des gens et la préservation de la santé dans les zones où existe un risque de maladie et de contagion.

Yasser Mlilat

13 janvier 2006

Beit Furik – Naplouse

Information transmise par : bfscenter@yahoo.com

Traduction de l’anglais par Jean-Pierre Bouché
bouche@cict.fr

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