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« Un fort sentiment de déjà vu », par Uri Avnery.

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Après un coup de chapeau à la campagne électorale palestinienne : « Il faut le dire clairement : ces élections sont une énorme réussite pour la société palestinienne, tout à l’honneur d’un peuple qui souffre sous occupation, dont l’Etat indépendant est toujours un rêve. Chapeau bas ! », Uri Avnery , dirigeant de Gush Shalom, demande à son pays de tendre la main au Hamas.


« Dans les années 70 et 80, le gouvernement israélien déclarait qu’il ne négocierait jamais avec l’OLP. Ce sont des terroristes. Ils ont une charte qui appelle à la destruction d’Israël. Arafat est un monstre, un second Hitler. Alors, jamais, jamais, jamais…

A la fin, après beaucoup d’effusion de sang, Israël et l’OLP se sont reconnus mutuellement et les accords d’Oslo ont été signés.

Maintenant nous entendons de nouveau le même refrain. Terroristes. Assassins. La charte du Hamas appelle à la destruction d’Israël. Nous ne négocierons jamais jamais jamais avec eux.

Tout cela arrange bien le parti Kadima de Sharon, qui appelle ouvertement à l’annexion unilatérale de territoires (« fixant les frontières d’Israël unilatéralement »). Cela aidera le Likoud et les faucons du parti travailliste dont la litanie est « nous n’avons aucun partenaire pour la paix », ce qui signifie : au diable la paix !

Peu à peu, le ton changera. Les deux parties, et les Américains également, arrêteront de camper sur leurs positions. Le Hamas déclarera qu’il est prêt à des négociations et trouvera quelques bases religieuses pour le faire. Le gouvernement israélien (probablement dirigé par Ehoud Olmert) s’inclinera devant la réalité et la pression américaine. L’Europe oubliera ses slogans ridicules.

A la fin, chacun sera d’accord pour dire qu’une paix dans laquelle le Hamas est l’un des partenaires est meilleure qu’une paix avec le Fatah seul. Prions que pas trop de sang sera versé avant d’en arriver là.
(…)
EN ISRAEL cette semaine, les élections palestiniennes ont été au centre de l’actualité politique. Ehoud Olmert, toujours soucieux d’utiliser sa position de Premier ministre en exercice pour se présenter comme un dirigeant soucieux de la sécurité, a convoqué une réunion de la bande habituelle des généraux et des gens du Shin-Bet qui, comme toujours, ont examiné la situation à travers la mire de leur fusil et montré leur habituel manque de perspective politique. Que faire si… Comment agir quand…

Ce qui en est ressorti, c’est qu’Israël ne négociera pas avec un gouvernement palestinien incluant le Hamas. « On ne peut pas nous demander de négocier avec un groupe qui appelle à la destruction d’Israël », etc., etc.

C’est une idiotie « à la sauce tomate », comme nous disons en hébreu. Ou, plutôt, dans ce cas, une idiotie « au sang ».

Israël doit négocier avec la direction palestinienne élue par le peuple palestinien, quelle qu’elle soit. Comme dans tout conflit dans l’Histoire, on n’élit pas la direction de la partie adverse – d’abord, parce que celle-ci ne l’acceptera pas, et, ce qui est tout aussi important, parce qu’un accord conclu avec une telle direction ne tiendra pas.

Plus la direction est large, mieux c’est. Si on arrive à un accord, il est d’importance vitale qu’il engage toutes les composantes du peuple palestinien. Et il est essentiel d’y inclure les groupes les plus extrémistes. Si le Hamas n’avait pas décidé de prendre part aux élections, il aurait fallu l’y forcer.

Un groupe prêt à négocier avec Israël reconnaît par là même déjà l’Etat d’Israël. Et s’il n’est pas prêt à négocier, le problème n’existe pas. Question de simple logique. Mais les généraux et les hommes politiques ne sont pas des professeurs de logique, et apparemment ils ne connaissent pas grand chose en matière de négociations et d’accords.

Côté palestinien : le fait même que le Hamas participe à des élections basées sur les accords d’Oslo prouve que le système politique palestinien avance en direction de la paix. D’un autre côté, la victoire du Hamas semble être mauvaise pour la paix. Mais le résultat réel peut être tout différent : cette victoire peut rendre plus modéré le mouvement radical et permettre d’être sûr que tout accord conclu sera solide et permanent.

Côté israélien : la scission du Likoud, la création de Kadima et le changement à la tête du parti travailliste, tout cela montre que le système politique israélien avance dans la même direction générale. Le mouvement peut être plus ou moins important – mais la direction est claire.

Après que les deux côtés auront formé leurs nouveaux gouvernements, ceux-ci devront se parler. »

[Traduit de l’anglais « To Talk With Hamas » : RM/SW]

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