Passant par dessus la tête des politiciens israéliens qui ont choisi de diaboliser le Hamas pour pouvoir poursuivre leur politique d’occupation et d’annexion, des Israéliens courageux et déterminés depuis longtemps à rapprocher les deux peuples, ont engagé des discussions avec le Hamas après la victoire électorale de ce mouvement. Mais nos médias se gardent de répercuter ces informations, préférant emboîter le pas aux seules voix israéliennes qui tournent le dos à la paix.
Ainsi l’initiative a été prise par Yitzhak Frankenthal, qui a fondé une association des parents juifs et palestiniens endeuillés par la violence, après que son fils de 19 ans, Arik, a été tué par le Hamas il y a une dizaine d’années, à la suite de l’attaque du Caveau des Patriarches à Hébron par un juif extrémiste, Baruch Goldstein (qui avait tué 29 Palestiniens et blessé 125 autres alors qu’ils étaient recueillis en prières).
Dans un article intitulé « Des Israéliens endeuillés rencontrent le Hamas pour parler de paix », Geneviève Cora Fraser, indique que des membres de l’institut Arik pour la Réconciliation, la Tolérance et la Paix, ont rencontré des dirigeants du Hamas pour discuter des voies pouvant conduire à la paix. Après cette rencontre, Y. Frankenthal a rédigé un communiqué dans lequel il note n’avoir relevé « aucune différence entre les dirigeants du Hamas et n’importe quelle autre personne. J’ai découvert que non seulement ils n’avaient ni cornes, ni flamme de haine brûlant dans leurs yeux, mais qu’ils possèdent un sens profond de la douleur face aux terribles souffrances endurées par leur peuple ».
IL indique que le Hamas n’a pas l’intention de reproduire les erreurs du Fatah « qui s’est laissé abuser par les dirigeants israéliens au cours des années 1990, alors que ces derniers n’avaient aucune intention de soulager les souffrances du peuple palestinien ». « Douze années de négociations n’ont donné aucun résultat tangible. L’occupation n’a pas cessé, un Etat Palestinien n’a pas vu le jour, la pauvreté et le chômage se sont aggravés et pire encore, les Palestiniens sont désormais perçus par Israël et le reste du monde comme une grande cellule terroriste, tandis qu’Israël qui perpétue quotidiennement des exactions terroristes est perçu comme la victime », ont déclaré les membres du Hamas.
« Ils m’ont expliqué, poursuit Yitzak Frankenthal, que leur participation aux élections était en soi une reconnaissance du statut légal de la structure gouvernementale palestinienne, avec l’ensemble de ses documents officiels concernant l’OLP en tant qu’entité reconnue par les accords d’Oslo, auxquels le gouvernement palestinien est lié ». Mais à la différence du Fatah, ils ne tomberont pas dans les pièges politiques israéliens qui consistent à demander la reconnaissance officielle d’Israël d’un côté, tout en permettant à Israël de poursuivre son occupation de l’autre ».
« Voyez, m’ont-ils dit, comment vous avez trompé Arafat, comment Israël lui a rogné les ailes, et comment le peuple palestinien a payé la facture ».
Dans son rapport Y. Frankenthal estime que les arguments du Hamas sont recevables. Il fait remarquer que depuis 1993, la situation du peuple palestinien n’a cessé d’empirer. Il souligne que le Hamas ne se reconnaît absolument pas dans les actions de Ben Laden, qui sont pour eux contraires à l’Islam. Ils n’acceptent pas d’être perçus comme des terroristes, alors que c’est l’occupant qui mène en premier lieu une politique terroriste et que leur riposte est légitime. Et tant que durera l’occupation, ils n’ont aucune raison de dialoguer avec Israël ou de le reconnaître. Toutefois, conclut-il, ils sont persuadés que c’est leur mouvement qui permettra de parvenir à la paix.
Quant aux problèmes religieux que nous avons abordés, poursuit Frankenthal, les dirigeants du Hamas soulignent qu' »ils n’ont aucune intention de nous convertir à l’Islam. Ils respectent le droit de chaque individu à choisir ses croyances. Leur objectif est de parvenir à une indépendance politique et de vivre aux côtés d’Israël. Deux Etats pour deux nations ».
Quant à la suite des relations, Hamas a fait remarquer qu’Israël devait s’efforcer de rétablir la confiance et que ce n’était pas en volant l’argent des Palestiniens qu’ils en prenaient le chemin. « Nous en sommes réduits à vivre de pain et d’olives. Mais nous avons de la patience et nous savons que le peuple israélien finira par comprendre qu’en se comportant de la sorte c’est son propre gouvernement qui est responsable de ses souffrances ».
Enfin, Frankenthal a annoncé que d’autres rencontres étaient prévues entre les membres du Arik Institute et les dirigeants du Hamas, et que le responsable de la délégation du Hamas se proposait de lui rendre visite personnellement à son domicile à Jérusalem.
http://www.ramallahonline.com
Bereaved Israelis Meet with Hamas to Discuss Peace
Genevieve Cora Fraser, RamallahOnline
Le 26 février 2006.
Traduit et publié par CAPJPO-EuroPalestine
