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Etranglement de la Palestine : Chirac et le gouvernement français champions de l’hypocrisie

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Le Président de la République française Jacques Chirac a joint le ridicule à l’odieux, vendredi matin à Paris, en suggérant une suppression pure et simple de la Palestine.


Chirac, on le rappelle, est le chef de l’un des Etats de l’Union européenne, qui viennent de décider la suspension, à durée indéterminée, de ce qu’ils appellent l’aide « directe » au gouvernement palestinien. Cette mesure, jointe au vol, par Israël, des recettes douanières palestiniennes sur les produits importés et exportés des territoires palestiniens, a des conséquences déjà très concrètes : les salaires des 150.000 fonctionnaires (instituteurs, médecins, policiers, etc.) de « l’Autorité Palestinienne » ne sont plus payés. Ces salaires étaient jusqu’à présent la principale source de revenu d’un quart de la population palestinienne.

Mais le pitre en fin de mandat qui siège à l’Elysée n’est pas à une contradiction près : vendredi matin, alors qu’il venait de recevoir le Président de « l’Autorité » Palestinienne, Chirac a juré, la main sur le cœur, qu’il voulait continuer à « aider » les Palestiniens.

Il a carrément proposé de supprimer toute forme de gouvernement pour les Palestiniens, et de demander à la Banque Mondiale, une filiale des Nations-Unies, de payer leurs salaires aux fonctionnaires palestiniens.

La proposition est bien évidemment absurde. Comme l’ont fait observer des responsables humanitaires directement impliqués sur le terrain, qu’il s’agisse de MSF (lire ci-dessous une interview publiée dans Libération) ou le Professeur Christophe Oberlin et ses collègues médecins (lire leur article au Figaro, publié hier sur notre site), laisser croire que l’aide aux Palestiniens peut leur parvenir par le seul canal des ONG ou des agences des Nations-Unies, en court-circuitant le gouvernement que ce peuple a démocratiquement élu, est un odieux mensonge.

Vendredi matin encore, une responsable du Programme Alimentaire Mondial (PAM), une autre agence des Nations-Unies, a estimé que la suppression des aides étrangères au gouvernement palestinien, au motif que celui-ci est dirigé par le Hamas, va augmenter de plus de 200.000 personnes le nombre de Palestiniens ayant besoin d’une aide alimentaire en provenance de l’étranger. Et cela, à condition que les agences des Nations-Unies (qu’il s’agisse de la Banque Mondiale, du PAM, ou encore de l’agence spéciale pour les réfugiés qu’est l’UNWRA) reçoivent assez de contributions de la part des gouvernements des pays riches : ce qui n’est pas le cas. S’agissant plus spécifiquement de la bande de Gaza, la porte-parole du PAM a en outre relevé que l’arrivée de l’aide alimentaire était régulièrement entravée par le blocage des points de passage, opéré par l’armée israélienne.

Avec la complicité des gouvernements des principaux pays, occidentaux ou arabes, l’étranglement du peuple palestinien par le gouvernement et l’armée israéliens se poursuit donc, da manière toujours plus grave. Il est pathétique, dans ce contexte, que Mahmoud Abbas accepte le rôle de caution impuissante que ces mêmes gouvernements lui demandent de jouer.

Voici maintenant le témoignage de Médecins Sans Frontières, publié jeudi par le quotidien Libération

Pierre Salignon, de MSF, dénonce le gel des aides européennes à la Palestine, vécu sur place comme une «punition collective».
«Nous ne serons pas les auxiliaires des diplomates»
par Christophe AYAD
QUOTIDIEN : jeudi 27 avril 2006
Directeur général de Médecins sans frontières, Pierre Salignon revient d’une mission dans les territoires palestiniens, où MSF prend en charge des centaines de familles. Alors que Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, arrive aujourd’hui à Paris pour discuter notamment de l’aide aux Palestiniens, il explique la position de son organisation sur la décision récente des Occidentaux de geler l’aide directe à l’Autorité contrôlée par le Hamas.
Quelle est la situation sur le terrain ?
La situation est tendue, difficile, pénible. Il y a une semaine, les tirs israéliens étaient quotidiens dans le nord et l’est de la bande de Gaza, afin de prévenir les tirs de roquettes sur Israël par des militants palestiniens. Parmi les familles que nous prenons en charge, l’une a perdu une petite fille, tuée par un obus ; les 12 autres enfants ont été blessés. Des familles sont déplacées du nord vers le sud de la bande de Gaza. Les munitions non explosées posent un vrai problème. Sur le plan économique, les marchandises n’entrent pas et les Palestiniens ne sortent pas travailler en Israël. C’est comme si le départ israélien de Gaza n’avait rien changé. Les distributions de nourriture par l’ONU sont irrégulières. Nous ne sommes pas encore dans une crise humanitaire et sanitaire, mais elle est en devenir. Les familles s’endettent alors qu’elles sont déjà au bout du bout. Les salaires des 152 000 fonctionnaires n’ont pas été payés en mars, ils ne le seront probablement pas en avril. Parmi eux, il y a 60 000 membres des forces de sécurité avec tous les risques que cela comporte. Il y a enfin une tension très forte entre le Hamas au pouvoir et le Fatah, qui contrôle les rouages de l’Etat.
Quel jugement portez-vous sur le gel de l’aide à l’Autorité palestinienne par les bailleurs de fonds occidentaux ?
Il est illusoire et caricatural de penser que l’on peut cibler le Hamas sans affecter la population. Laisser croire que l’on va faire passer cette aide par le canal des ONG et des agences de l’ONU est une autre illusion. Sans compter que l’appel de fonds lancé par l’Unrwa (l’agence de l’ONU chargée des réfugiés palestiniens, ndlr) pour 2006 est pour l’instant loin d’être rempli. A MSF, il n’est pas question de faire le service après-vente d’une mesure de rétorsion qui affecte la population. Nous ne sommes pas les auxiliaires des diplomates. D’autant que cela nous mettrait en danger. Les Palestiniens vivent ce gel comme une punition collective. Notre indépendance est la garantie de notre sécurité et de notre capacité à aider les populations.
Faut-il pour autant travailler avec le Hamas ?
Boycotter l’Autorité palestinienne, dirigée par le Hamas, serait aller à l’encontre de nos principes d’impartialité. Comme dans tous les conflits où nous intervenons, nous sommes en contact avec toutes les parties. Dans les territoires palestiniens, il y a des autorités élues, un gouvernement, des agents de l’Etat, nous traitons avec. On ne va pas commencer à faire le tri entre bonnes et mauvaises victimes. Lors de mon séjour, j’ai rencontré tous les acteurs palestiniens et tous m’ont dit qu’ils souhaitaient la présence de MSF, le Hamas comme les autres. Mes interlocuteurs ne nient pas les tensions, mais ils feront tout leur possible pour assurer notre sécurité.
Les effets du gel de l’aide se font-ils déjà sentir ?
Il y a eu une dégradation continue ces derniers mois, qui peut très rapidement s’aggraver. Des pénuries ponctuelles apparaissent : les hôpitaux manquent de bandes de plâtrage, certains médicaments essentiels sont indisponibles et il n’y a plus de vaccins contre l’hépatite B, par exemple. Pour prendre un problème dont personne ne parle, les premiers cas de grippe aviaire confirmés ont été signalés le 7 avril à Gaza et en Cisjordanie. Selon l’Organisation mondiale de la santé, les Palestiniens ont un besoin urgent de 24 000 kits de protection et des stocks de Tamiflu pour couvrir préventivement le quart de la population. A ce jour, seuls 3 000 kits et 1 300 traitements préventifs sont arrivés. Quand on connaît les problèmes de promiscuité, de pauvreté et de désorganisation administrative à Gaza, le boycott de l’Autorité est très dangereux. Cette décision fait le lit de tous les extrémismes. Sans perspective politique, la violence ne peut que s’accroître.

Publié par CAPJPO-EuroPalestine

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