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« Merci de votre soutien : il nous est précieux », par Youssef HAJI, en direct de DARNA à Naplouse

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Youssef Haji, fondateur de DARNA, la Maison des Associations de Naplouse, nous fait savoir que la population de Naplouse et des alentours résiste vaillamment, malgré l’embargo actuel et les manoeuvres de certaines factions palestiniennes. La solidarité entre les habitants d’une part, celle qui provient de la diaspora palestinienne et de nos efforts, d’autre part, pemet pour le moment à chacun de « rester à son poste ». Ci-joint l’nterview téléphonique réalisé par CAPJPO-EuroPalestine auprès de Youssef Haji. (ENGLISH translation below)


CAPJPO-EuroPalestine : Comment se font actuellement sentir les effets de l’embargo sur les habitants de Naplouse ?

Youssef HAJI : Pour le moment la vie continue, et en apparence rien n’a changé ici : les gens vont à leur travail, les magasins sont ouverts, les enfants vont à l’école. Mais on remarque que les uns et les autres se limitent de plus en plus à l’essentiel : la nourriture de base, et pas de superflu. Les commerçants font l’effort de rester ouverts, mais personne n’achète d’habits neufs en ce moment, par exemple. On voit bon nombre de fmmes vendre sur le marché leurs bijoux. Les enseignants, les infirmiers, qui ne touchent plus de salaire depuis trois mois, continuent à assurer leur travail mais un nombre croissant d’entre eux a pris un deuxième emploi pour faire entrer un peu d’argent au sein du foyer. Il y a des instituteurs et professeurs qui font le taxi en dehors de leur travail habituel. J’ai rencontré hier à Beit Fourik trois infirmiers qui travaillaient dans une savonnerie. Je l’ai su parce qu’une ambulance était garée devant la savonnerie et que j’ai d’abord cru à un accident. Les gens ont également réduit leurs déplacements, parce que les transports coûtent cher. Un enseignant qui ne travaille pas là où il demeure doit dépenser entre 1,60 et 4 euros par jour en frais de transport, étant donné l’existence des nombreux barrages militaires israéliens qui rallongent le chemin un peu partout. C’est pourquoi l’inititative de CAPJPO-EuroPalestine est très appréciée ici. Nous avons commencé à distribué les fonds reçus et il y a déjà 950 enseignants de 15 villages autour de Naplouse qui ont rempli le questionnaire DARNA pour recevoir une somme leur permettant d’assurer cette dépense.

CAPJPO-EuroPalestine : Nous avons cru comprendre que cette initiative n’était pourtant pas du goût de tout le monde ?

Youssef HAJI : C’est vrai. Nous avons rencontré des problèmes. J’ai été convoqué par le gouverneur de la ville à ce propos. il fait partie de l’ancienne Autorité Palestinienne, la faction de Mahmoud Abbas, et nous a carrément indiqué que nous devions rendre cet argent ! Nous avons refusé et c’est finalement Moharam Barghouti, le président de l’Union de la Jeunesse Palestinienne, association membre de Darna qui a déclaré assumer la responsabilité politique et morale de notre refus. Souvent quand les obstacles ne viennent pas directement des Israéliens, ils viennent de l’intérieur même, des anciens dirigeants de l’Autorité Palestinienne qui ont conservé une grande capacité de nuire, notamment au niveau des contrôles bancaires. Ainsi une association membre de darna, a récemment reçu de l’argent en provenance de Norvège. Eh bien, c’est à Naplouse qu’il a été bloqué par le gouverneur, sous prétexte d’ « enquête ».

CAPJPO-EuroPalestine : Est-ce que cela n’est pas trop démoralisant ? Comment les Palestiniens tiennent-ils le coup ?

Youssef HAJI : Les Palestiniens sont indignés à la fois de l’attitude des grandes puissances et de la complicité de Mahmoud Abbas et de ses lieutenants. Ils disent : »Si les Américains, qui nous ont demandé de voter, ne voulaient pas du Hamas, ils n’avaient qu’à le dire avant les élections. Maintenant, nous avons voté ; c’est trop tard. » Ils ont sentiment d’être au centre d’un complot mondial et accusent Mahmoud Abbas de s’en rendre complice en participant à l’embargo des Palestiniens.. Ils réagissent en resserrant la solidarité. La diaspora palestinienne, celle notamment qui vit dans les pays voisins et les pays du Golfe, apporte une aide substantielle, par le biais familial. Mais entre eux les gens s’épaulent énormément aussi. En partageant le travail par exemple. Ainsi, l’Hotel Yasmine, bien connu à Naplouse, parce qu’on aime aller y prendre un café ou manger quelque chose, en est à 7000 dollars de déficit par mois. Mais au lieu de licencier du personnel, les salariés se sont arrangés entre eux et n’assurent qu’un quart de temps de travail chacun. Les banques, également, accordent plus facilement des crédits à la consommation, même si les taux d’intérêt sont élevés..

Hier soir, le premier ministre a annoncé une bonne nouvelle : Tous les fonctionnaires percevant un salaire de moins de 1 500 shekels (300 euros), soit un total de 40 000 fonctionnaires, vont recevoir leur paye d’un jour à l’autre. Et par ailleurs, tous les enseignants qui font passer le bac vont recevoir 1 500 shekels même s’ils ne rentrent pas dans cette catégorie des bas salaires.

CAPJPO-EuroPalestine : Est-ce que les activités de Darna se poursuivent normalement, en dépit de la situation ?

Youssef HAJI : Hier, nous avions notre assemblée générale semestrielle. Et à ma grande surprise, même les représentants des associations des villages étaient présents. On peut difficilement imaginer leurs difficultés pour se déplacer. L’armée israélienne ne rate pas une occasion de pourrir la vie des gens aux check-points, d’humilier les Palestiniens.

Ainsi j’ai rencontré il y a quelques jours un enseignant qui se rendait habituellement à son école, dans le village de Bourin, à dos d’âne. Eh bien, les militaires israéliens au check-point lui ont récemment confisqué son âne en lui demandant de produire une assurance un permis de conduire l’âne s’il voulait récupérer celui-ci. Après 12 heures où l’âne est resté attaché au check-point et différents aller-retours de cet enseignant entre son domicile et le barrage militaire, les oldats l’ont finalement menacés de leur mitraillette, frappé, et obligé à retourner chez lui. IL doit désormais payer 20 shekels (4 euros) de transport par jour pour se rendre à son école.

Malgré cela, tout le monde continue ses activités. Une des principales préoccupations des associations membres de Darna à l’approche des vacances, c’est l’absence d’argent pour organiser les camps de vacances qui permettent aux enfants de se détendre un peu pendant une dizaine de jours, en juillet et en août. Ces camps sont habituellement financés par le gouvernement et par des ONG (l’UNICEF et Save The Children, principalement). Mais cette année, les uns et les autres font la sourde oreille.

Interview réalisée par CAPJPO-EuroPalestine le 2 juin 2006

English Translation (by Robert Thompson)

« Thanks for your support – it is valuable to us » by Youssef HAJI, direct from DARNA in Nablus

Youssel Haji, the founder of DARNA, the House of Associations in Nablus, has let us know that the population of Nablus and the surrounding distict is resisting valliantly, despite the present embargo and the manoeuvres of certain Palestinian factions. Solidarity between the inhabitants on the one hand and the Palestinian diaspora and our efforts on the other for the time-being allows each Palestinian to remain at work. There follows the record of a telephone interview between CAPJPO-EuroPalestine and Youssef Haji.

CAPJPO-EuroPalestine : How are the effects of the embargo on the inhabitants of Nablus now being felt?

Youssef Haji : For the moment life carries on, and it looks as though nothing has changed here : people go to work, the shops are open, chlidren go to school. However one can see that everyone is limiting him or her self more and more to what is essential : basic foodstuffs, and nothing superfluous. The shopkeepers try to stay open, but, for example, nobody is buying new clothes at present. You can see a number of women selling their jewellery in the market place. Teachers and Nursing staff, who have had no salary for three months, keep on working, but a growing number of them have taken on second jobs to bring a bit of money into the home. There are primary and secondary teachers who drive taxis in addition to their usual work. Yesterday at Beit Fouriq I met three Nurses working in a soap factory. I knew because an ambulance was parked outside the factory and I had at first thought that there had been an accident. People also move around less, because transport is so dear. A teacher who does not work near his home must pay between 1.60 and 4 euros per day for travel, given the existence of so many Israeli military check-points which lengthen the journey everywhere. This is why the CAPJPO-EuroPalestine initiative is greatly appreciated here. We have begun to distribute the funds received and there are already 950 teachers from 15 villages who have filled in the DARNA questionnaire to receive a sum making it possible for them to cover this expense.

CAPJPO-EuroPalestine : We had understood that this initiative did not please everybody – is this so?

Youssef Haji : That is true. We have met some problems. I was called in by the Town Governor to discuss this subject, he is a member of the former Palestinian Authority, Mahmoud Abbas’s faction, and he made it clear that we must either give this money back! We refused and it was finally Moharam Barghouti, the chairman of the Palestinian Youth Union, a member organisation of DARNA, who stated that he would take the political and moral resposability for our refusal. Often, when obstacles do not come directly from the Israelis, they come from the interior, from former leaders who have retained a substantial capacity to cause trouble, particularly by checks on bank accounts. Thus a member organisation of DARNA recently received money coming from Norway. Well, it was in Nablus that it was blocked by the Governor, for what was claimed to be an “enquiry”.

CAPJPO-EuroPalestine : Is that not too demoralising? How do Palestinians keep going?

Youssef Haji : Palestinians are angered both by the attitude of the great powers and by the complicity with them of Mahmoud Abbas and his lieutenants. They say “If the Americans, who asked us to vote, do not want Hamas, they should have said so before the elections. Now, we have voted and it is too late.” They feel that they are in the middle of a worldwide plot and accuse Mahmoud Abbas of complicity by taking part in the embargo on Palestinians. They react by strengthening their solidarity. The Palestinian diaspora, particularly those living in neighbouring states and in the Gulf, give a lot of help through their families. However, among themselves people are also helping one another, such as by sharing their jobs. Thus, the Yasmin Hotel, well-known in Nablus, because people like to go there for a coffee or a meal, has come to have a monthly loss of 7.000 Usdollars. Instead of having some employees sacked, the employees have arranged things between them and each work a quarter of their normal time. Banks also are facilitating the granting of consumer credits, even if the interest rates are high.

Yesterday evening, the prime minister announced good news. All state employees with salaries of under 1.500 shekels (300 euros), i.e. a total of 40,000 officials, are going to receive their pay within a day or two. Furthermore, all teachers who are helping students to take their exams are going to receive 1,500 shekels, even if they do not fit into this lower-paid category.

CAPJPO-EuroPalestine : Are DARNA’s activities continuing normally, despite the situation?

Youssef Haji : Yesterday, we had our six-monthly general meeting. To my great surprise, even the representatives from village associations were present. It is difficult to imagine the difficulties involved in getting about. The Israeli Army never misses a chance to make life difficult at the check-points and to humiliate Palestinians.

By way of example, a few days ago I met a teacher who normally went to his school, in the village of Bourin, riding on a donkey. The Israeli soldiers at the check-point recently confiscated his donkey asking him to produce a licence to ride a donkey if he wished to get it back. After 12 hours while the donkey remained tethered to the check-point and various trips by this teacher between there and his home, the soldiers finally threatened him with their rifles, struck him and forced him to go home. Since then he has to pay 20 shekels (4 euros) a day for travel to and from his school.

Despite this, everyone carries on with his or her activities. One of the principal preoccupations of the organisations which are members of DARNA with the holidays ahead, is the lack of money to organise holiday camps to allow children to relax a little for periods of ten days or so, in July and August. These camps are normally financed by the government and by NGO’s (mainly UNICEF and Save the Children), but this year they have all turned a deaf ear to any requests.

This interview was made by CAPJPO-EuroPalestine and took place on 2nd June 2006.

CAPJPO-EuroPalestine

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