L’invasion de Naplouse par l’armée israélienne : Anna Baltzer, pacifiste américaine témoigne. Merci à Carole Sandrel pour cette traduction d’un témoignage que le quotidien britannique « The Guardian » a été le seul média grand public à relayer, à notre connaissance.
« Résistance, hypocrisie et marche des Hommes Morts »
Par Anna Baltzer
Ce qui m’a le plus choquée lors de l’invasion de Naplouse ce n’est pas l’assassinat de civils sans armes. Ce n’est pas le blocage des auxiliaires médicaux et des ambulances, ni la détention arbitraire des hommes, ni les maisons occupées et les couvre feux. Ce que je n’oublierai jamais de toute ma vie c’est la résistance acharnée de la population de Naplouse.
J’étais venue en Palestine pour me documenter, travailler sur la violation des droits de l’homme et soutenir la résistance non violente à l’Occupation. Alors que je distribuais du pain et des médicaments avec les travailleurs du Fonds médical contre l’invasion, je me suis demandée si je remplissais vraiment ma mission. N’était-ce pas distribuer de l’aide tout en s’accommandant et en apportant des moyens au couvre-feu ? Une organisatrice israélienne expérimentée en matière de solidarité, du nom de Neta Golan, m’a finalement éclairée. C’est très bien, m’a-t-elle expliqué, de distribuer du pain et des médicaments aux nécessiteux, mais le vrai pouvoir et le véritable but de ce que vous faites c’est autre chose : d’abord et avant tout, vous soutenez les Palestiniens qui bravent le couvre-feu. Ce qui est de la résistance non violente. Et tandis que vous circulez sous la menace arbitraire de vous faire arrêter par l’armée, vous permettez à d’autres d’en faire autant. Si l’armée sait qu’il y a des douzaines ou même des centaines de civils dans les rues, et que plusieurs d’entre eux sont des internationaux, elle ne peut pas tirer sur tout ce qui bouge, ce qu’elle faisait au cours des couvre-feux antérieurs ».
Neta avait raison. Simplement se trouver à l’extérieur était une forme puissante de résistance non violente. Mais les Palestiniens n’ont pas tellement besoin qu’on leur donne du pouvoir – depuis le premier jour de l’invasion, j’ai vu toutes sortes de civils dans les rues, et dans les voitures à travers la ville, défiant l’armée en donnant simplement l’impression de la vie quotidienne. Les Palestiniens ont fait un pas de plus dans le défi. Un jour, quand l’armée m’avait empêchée, moi et Firas de l’UPMRC (Union du Comité de soutien palestinien), d’entrer dans un endroit de la Vieille Ville avec du pain, Firas a attendu dix minutes et a dit : « Anna, viens avec moi ». Il a attrapé autant de sacs qu’il pouvait en porter et a commencé à marcher en dépassant les jeeps. J’ai attrapé six kilos de pain et j’ai couru après lui en dépassant les soldats qui étaient sortis de leurs jeeps et hurlaient « Hé, arrêtez ! » Qu’est-ce que vous faites ? Nous vous avons dit que vous ne pouviez pas entrer ». – Firas a continué de marcher tranquillement et j’ai contourné les soldats. « Nous distribuons du pain aux gens qui ont faim. Qu’est-ce que vous allez faire ? Nous tirer dessus ? ». Ils étaient sans voix et se sont abstenus de tirer. Tandis que nous nous éloignions Firas m’a souri et m’a dit : « La prochaine fois ce sera plus facile ». Evidemment, quand nous sommes revenus avec encore plus de pain, les soldats nous ont dit que nous pouvions passer pour cette fois mais seulement cinq minutes ». « Certainement », avons-nous dit en continuant de marcher, conscients que des gars de dix huit ans essayaient de retirer un peu de pouvoir de la situation.
La résistance était imaginative et omniprésente. Quand parler anglais à voix haute pour rappeler aux soldats que des internationaux étaient dans les parages est devenu fastidieux et casse-pied, une fille palestinienne a suggéré que nous chantions notre chanson favorite, « Je t’aimerai toujours » de Whitney Houston. Alors, nous nous sommes mis à chanter ensemble, en tournant en direction des soldats qui faisaient irruption dans les maisons, furieux que nous troublions le calme de leurs invasions. J’avais espéré que chanter serait aux yeux des soldats une non menace et les humaniserait, pendant que nous achèverions notre tâche.
Quand l’armée a interdit aux auxiliaires médicaux et aux internationaux d’entrer dans la Vieille Ville, ils ont trouvé des affiches et des peintures et les ont rassemblées pour une manifestation impromptue, informés par les medias qui eux aussi avaient été empêchés d’entrer dans la Vieille Ville. Les manifestants se sont assis en poussant des acclamations en face d’un hôpital occupé jusqu’à ce que des jeeps leur tirent des gaz.
La manifestation la plus importante a eu lieu une semaine plus tard en l’honneur de la Journée Internationale de la Femme. L’Union des femmes de Naplouse avait organisé une réunion et une manifestation avec le Comité Public contre le Bouclage, l’UPMRC, l’Union des Comités pour la Santé, et d’autres groupes locaux, pour la ville de Naplouse, afin de réaffirmer leur pouvoir et leurs droits après une semaine d’invasion. Des centaines de Palestiniens, des femmes pour la plupart se sont rassemblés pour marcher en direction de Huwwara – le check point qui entoure la ville à partir du sud – portant des drapeaux et des photos des fils, époux, frères et pères qui sont recherchés ou ont été emprisonnés ou ont été tués par l’armée. Des centaines de femmes ont tenu bon pendant que les soldats équipés de tenues anti-émeutes repoussaient la foule.
Mon collègue Nova a reconnu l’un de ces soldats à l’œuvre, parce que notre contact avec lui avait laissé une drôle d’impression. Mercredi au cours du couvre feu, nous accompagnions un médecin à son travail, quand ce soldat interdit à notre groupe de passer. Il expliqua « Ce type n’est pas médecin. C’est un tueur ». Nous étions stupéfaits ! Et je l’ai prié de s’expliquer immédiatement. « Un Arabe a tué mon ami et cet homme est un Arabe ». J’ai répondu « Désolée pour votre ami, mais ça ne veut pas dire que tous les Arabes sont des tueurs ». Il resta insensible. Il n’était pas seul non plus. Le soldat qui nous repoussait, Firas et moi avait aussi crié sa colère contre les Arabes. Il y a certainement des racistes partout dans le monde, mais c’est particulièrement choquant d’entendre une telle haine de la part d’un jeune à qui on a donné un M16 et presque l’impunité sur la terre du peuple même qu’il méprise. Evidemment la plupart des soldats n’exprimaient pas d’eux-mêmes de telles remarques et se considéraient probablement comme charitables à l’égard des Palestiniens, étant donné les circonstances. Un soldat qui nous a arrêtés pendant une demi-heure se vanta de toute la nourriture et de tous les médicaments, dont il avait permis l’entrée. Il n’arrivait pas à comprendre de quoi pouvaient bien se plaindre les Palestiniens. Je lui ai demandé d’où il venait. – « Tel Aviv » – « Eh bien si des Palestiniens armés envahissaient Tel Aviv, bouclaient toute la population dans les maisons, et ne laissaient que des travailleurs- auxiliaires pour distribuer de la nourriture et des médicaments, vous ne vous plaindriez pas ? » – Il dit que c’était différent. J’ai demandé en quoi. Il détourna la conversation. Je lui demandai combien de temps il allait nous punir, mon collègue et moi, après nous avoir arrêtés dans la rue. Il dit qu’il ne nous punissait pas, que nous devions seulement attendre un peu, ce qui était normal. « Alors si des Palestiniens en armes vous arrêtaient hors de chez vous, vous demandaient votre carte d’identité et vous empêchaient d’aller travailler, vous diriez que c’est normal ? ». Il détourna de nouveau la conversation.
L’occupation et les invasions sont là depuis si longtemps que les soldats en oublient qu’ils sont des occupants illégaux sans autorité légitime dans la région. C’est comme si la Mafia s’emparait de New-York ; c’est peut-être bénéfique d’obéir certaines fois, mais ce n’est sûrement pas la loi. L’occupation elle-même est illégale selon la loi internationale. Et même selon l’accord signé par Israël, Naplouse est en zone A, (soit) les 12-17 pour cent de Cisjordanie où les Israéliens sont interdits selon (les accords) d’Oslo. C’est ce même Oslo II qui fait partie des accords qu’Israël et le reste du monde demandent au Hamas de reconnaître pour que la population palestinienne retrouve la bouée d’un soutien économique qu’on leur a retiré il y a un an. C’est toujours éclairant de changer de pronoms par ici. Israël arme ses jeunes et les envoie dans les villes palestiniennes où ils tuent systématiquement des civils sans armes. Qu’arrive-t-il quand des jeunes palestiniens armés entrent dans une ville israélienne ? Israël viole Oslo II tous les jours, et le gouvernement palestinien ne sera pas reconnu, ni les dollars des taxes ne lui seront rendues jusqu’à ce qu’il accepte complètement le même accord. – (Cet accord, à propos, qui est en retrait de la loi internationale et du respect de tous les droits de l’homme des palestiniens).
On justifie Israël quand il prépare des offensives majeures contre les combattants palestiniens. Mais qu’en est-il des attaques contre les combattants israéliens, et les soldats eux-mêmes ? Il faut noter que les soldats sont les véritables cibles et non les civils israéliens. – Les Brigades des Martyrs d’Al Aqsa attaquent des combattants armés qui occupent illégalement et confisquent leur terre, palestinienne. On dirait que le chasseur et le chassé à Naplouse sont coupables de même crime : attaquer les soldats de l’ennemi. Excepté que le combat armé contre les forces illégales d’occupation est en fait garanti par la loi internationale, tandis que l’occupation israélienne ne l’est pas.
J’ai rencontré certains de ces chassés la veille du jour où j’ai quitté Naplouse, y compris un leader des Brigades des Martyrs d’Al Aqsa que j’appellerai Moussa. Une connaissance nous a conduits, un collègue et moi, là où certains d’entre eux étaient assis et buvaient un jus de fruit dans la Vieille Ville. Ils nous firent bon accueil et nous offrirent un café sucré. Moussa était un homme qui parlait doucement, d’à pein la quarantaine, tandis que la plupart des autres hommes recherchés n’étaient que des teenagers, curieux et excités à l’idée de rencontrer des étrangers. Moussa éleva la voix une seule fois au cours de notre conversation, pour engueuler l’un des garçons qui essayait de me prendre en photo sur son téléphone portable. Il dit que ça risquait d’être extrêmement dangereux si les soldats trouvaient des preuves de notre réunion, si/quand les hommes seraient attrapés ou tués et il refusa ma carte de visite pour la même raison. Au bout d’un certain temps, j’ai demandé à Moussa s’il avait un message pour le peuple d’Amérique. Il m’a remercié pour cette proposition et a commencé à parler : « J’appartiens à la résistance palestinienne armée contre l’occupation. Je suis opposé à la violence contre les civils qu’ils soient palestiniens ou israéliens, musulmans ou juifs. Je déteste me battre, mais quand des soldats envahissent nos maisons, notre terre et nos vies, il est de notre devoir de leur résister, de résister contre le vol de notre eau, de notre autodétermination et de notre dignité. Nous sommes aussi humains que vous. Nous voulons vivre, avoir nos familles, une vie normale. Mais si nous devons combattre jusqu’à la mort pour protéger ce qui est nôtre, notre terre, le futur de nos enfants, nous sommes prêts à le faire. – Je vous invite à regarder les cartes et les statistiques sur ce conflit à travers le temps. Je me désespère de l’assassinat de gens innocents des deux côtés, mais la terrible disproportion des droits sur la terre et sur l’eau, des libertés civiles, et des victimes civiles de part et d’autre est indéniable. La communauté internationale nous appellent terroristes, mais nous accueillerions volontiers toute présence internationale qui témoignerait de ce qui arrive ici et apporterait ses propres conclusions. Est-ce que battre des enfants sans armes, des auxiliaires médicaux, et même des internationaux ce ne serait pas du terrorisme ? Est-ce que profiter d’accalmies dans la violence – quand la presse ne regarde pas – pour accélérer la mainmise des colonies sur les terres et les zones riches en eau n’est pas un crime ? Les Palestiniens ont coexisté harmonieusement avec les Juifs dans le passé, et nous sommes prêts à faire pareil de nouveau. Après tout, les juifs sont nos frères et nos sœurs, un peuple de la foi, comme nous. Comme notre parti, le Fatah, l’a dit maintes fois auparavant, nous sommes prêts à vivre en paix avec Israël si une solution juste et viable est trouvée au problème des frontières, de la distribution de l’eau, des colonies, de Jérusalem et des réfugiés. Ce sont nos conditions et ce sont aussi nos droits. ». Moussa est un mort vivant, mais il continuera à résister aussi longtemps qu’il le pourra, comme tous les gens de Naplouse à leurs façons.
Je transmets le message de Moussa non pas pour défendre la violence, mais parce que je crois que son point de vue a le droit d’être entendu. Les principaux media ne reprendront sans doute pas le discours de Moussa, exactement comme ils n’ont jamais repris aucun des aspects les plus médiatiques de l’invasion.
Ils n’ont pas mentionné la manière dont ces superbes vieilles maisons ont été détruites par des soldats à la recherche de tunnels inexistants. Ils n’ont pas mentionné les murs de la Vieille Ville abattus par les véhicules Hummer israéliens trop larges pour les rues étroites, et les conduites d’eau qui le long des murs se sont éventrées et se sont répandues pendant le couvre feu, coûtant à la ville des tonnes de sa précieuse eau potable. Ils n’ont pas mentionné les bains turcs vieux de 400 ans que les soldats ont utilisés comme bases militaires entre leurs opérations, et qu’ils ont ensuite détruits des toits au plancher. Plusieurs familles vivaient de ce joyau culturel, que nous avons trouvé en ruines, et jouaient aux cartes sur le sol laissé par les soldats près des paillasses où ils devaient dormir. Les media n’ont pas mentionné la maison incendiée de l’intérieur, ou ces familles d’hommes recherchés qui ont été battues et arrêtées, ou ce garçon de 15 ans touché au poignet par une balle en caoutchouc alors qu’il était sorti acheter du pain pour sa famille. Ils n’ont pas mentionné la manière dont les jeeps sont revenues toutes les nuits, même après qu’Israël eût annoncé que l’opération était terminée.
J’aimerais vous parler de tout dans le détail, mais pour être honnête, avec chaque heure qui passe il naît de nouvelles tragédies dont il faudrait parler et auxquelles il faudrait assister. Je sais aussi que ce rapport est déjà trop long, et que la plupart de ces Américains si occupés n’auront pas le temps dans leurs vies quotidiennes de le lire. Si vous l’avez fait jusqu’ici, merci et jusqu’au moment où le monde cessera de passer sous silence les tragédies et les voix palestiniennes, aidez-moi à faire entendre ces histoires.
Anna Baltzer est volontaire à l’International Women’s Peace Service de Cisjordanie et l’auteur du livre « Witnesse in Palestine : Journal of a Jewish American Woman in the Occupied territories ». Son site : www.AnnaInTheMiddleEast.com
Source : The Guardian – 21 Mars 2007
Traduit par Carole SANDREL
CAPJPO-EuroPalestine
The Guardian 21 March, 2007)
Resistance, Hypocrisy,and Dead Men Walking
Anna Baltzer*
What most struck me about the Nablus invasion wasn’t the killing of unarmed civilians. It wasn’t the obstruction of medical workers and ambulances, or the indiscriminate detention of males, or the occupied houses and curfews. What I will remember for the rest of my life is the steadfast resistance of the people of Nablus.
I came to Palestine to document and intervene in human rights abuses and to support non-violent resistance to the Occupation. As I delivered bread and medicine with medical relief workers throughout the invasion, I wondered if I was really fulfilling my mission. Wasn’t handing out aid simply accommodating and enabling the curfew?
An experienced Israeli solidarity organiser named Neta Golan eventually clarified things for me. She explained, « It’s very good to distribute bread and medicine to needy people, but the real power and purpose of what you are doing is something else: First and foremost, you are supporting Palestinians who are breaking curfew.
« That is non-violent resistance. And as you move around in spite of the army’s indiscriminate imposition of house arrest, you empower others to do so as well. If the army knows there are dozens or even hundreds of civilians in the streets, and that several of them are internationals, they cannot shoot anything that moves, which they have done during curfews in the past. »
Neta was right. Simply being outside was a powerful form of non-violent resistance. But the Palestinians didn’t need much empowering – from the first day of the invasion, I saw various civilians on the streets and in cars driving through the city, defying the army simply by trying to carry on some semblance of daily life.
Some Palestinians went a step further in defiance. Once when the army stopped me and Firas from UPMRC (Union of Palestinian Relief Committee) from entering part of the Old City with bread, Firas waited ten minutes and then said, « Anna, come with me ». He grabbed as many bags as he could carry, and began walking past the jeeps. I grabbed twelve pounds of bread and scrambled after him past the soldiers, who had come out of their jeeps and were yelling, « Hey! Stop! What are you doing? We said you can’t enter! ».
Firas kept walking steadily and I turned around to the soldiers. « We’re delivering bread to hungry people. What are you going to do, shoot us? » They were speechless and held their fire.
As we walked away, Firas smiled at me and said, « Next time it will be easier ». Indeed, when we returned with more bread, the soldiers told us we could go this time but only for five minutes.
« Sure », we said and kept walking, knowing the 18-year-olds were trying to salvage some power in the situation.
Resistance was creative and ubiquitous: When speaking English loudly to remind soldiers that internationals were around became tedious and forced, one Palestinian girl suggested that we sing her favourite song, « I Will Always Love You », by Whitney Houston. So we sang together as we came around corners to soldiers breaking into houses, annoyed at us for disturbing the silence of their invasions.
I hoped that singing would be both non-threatening and humanising in the eyes of the soldiers, while still achieving our objective. When the army prevented medical workers and internationals from entering the Old City, they gathered posters and paint and put together an impromptu demonstration, documented by all the media who were also barred from the Old City. The protesters sat yelling cheers in front of an occupied hospital until jeeps gassed them.
The most powerful demonstration came a week later in honour of International Women’s Day. The Women’s Union in Nablus organised a rally and march in conjunction with the Public Committee Against Closure, UPMRC, the Union of Health Committees, and other local groups, for the city of Nablus to reassert their power and rights after a week of invasions.
Hundreds of Palestinians, mostly women, gathered and marched to Huwwara – the checkpoint enclosing the city from the South – carrying flags and pictures of sons, husbands, brothers, and fathers who are wanted or imprisoned, or have been killed by the army. Hundreds of women held their ground as soldiers equipped with riot gear pushed the crowd back.
My colleague Nova recognised one of the pushing soldiers from the invasion because our interaction with him had left such an impression. On Wednesday during curfew we were accompanying a doctor on duty when the soldier forbade our group to pass.
He explained, « That man is not a doctor. He’s a killer ». We were incredulous, and I prompted him to explain further. « An Arab killed my friend, and this man is an Arab ». I replied, « I’m sorry to hear about your friend, but that doesn’t mean that all Arabs are killers ». He was unmoved. He was also not alone. The soldier holding Firas and me back had also shamelessly pronounced his wrath for Arabs.
Certainly there are racists everywhere in the world, but it’s particularly striking to listen to such hatred from a teenager who has been handed an M16 and near impunity in the land of the people he despises.
Of course, most of the soldiers didn’t volunteer such remarks and probably considered themselves charitable to the Palestinians, given the circumstances. One soldier who detained us for half an hour bragged about all the food and medicine he’d allowed through. He couldn’t understand what the Palestinians were still complaining about. I asked him where he was from.
« Tel Aviv »
« So if armed Palestinians invaded Tel Aviv, shut the entire population in their homes, and allowed aid workers to bring around food and medicine, you wouldn’t complain? »
He said that was different. I asked how. He changed the subject. I asked him how long he was going to punish my colleague and me by detaining us on the street. He said he wasn’t punishing us, that we just had to wait a little while, which was normal. I asked:
« So if armed Palestinians stopped you outside your house, demanded your ID, and prevented you from going to work, you would consider that normal? » He changed the subject again.
The occupation and invasions have been happening for so long that soldiers forget they are illegal occupiers with no legitimate authority in the area. It’s as if the Mafia took over New York City; it may be beneficial to obey at certain times, but it’s certainly not the law. The occupation itself is illegal according to international law. But even according to agreements signed by Israel, Nablus is in Area A, the 12-17 percent of the West Bank where Israelis are forbidden according to Oslo II. This is the same Oslo II that is among the agreements Israel and the rest of the world are demanding that Hamas recognise in order for the Palestinian population to regain the lifeline of economic support that was pulled a year ago.
It’s always illuminating to switch the pronouns around. Israel arms teenagers and sends them into Palestinian cities, where they consistently kill unarmed civilians. What happens when Palestinian armed teenagers enter an Israeli city? Israel violates Oslo II every day, but the Palestinian government will not be recognised or returned its own tax dollars until it fully accepts the same agreement.
(The agreement, by the way, falls vastly short of international law and full human rights for Palestinians.) Israel is justified in planning major offensives against Palestinian fighters. What about attacks against Israeli fighters, the soldiers themselves? It’s worth noting that the soldiers are the very targets of the wanted men, not Israeli civilians.
Al Aqsa Martyr’s Brigade plan attacks against armed fighters illegally occupying and confiscating their Palestinian land. It would seem the hunter and hunted in Nablus are guilty of the same crime: attacking the enemy’s soldiers. Except that armed struggle against illegal occupation forces is actually protected under international law, whereas Israel’s occupation is not.
I met some of the hunted the day before I left Nablus, including a leader of Al Aqsa Martyr’s Brigade, whom I’ll call Moussa. An acquaintance led a colleague and me to where a group of them were sitting and drinking juice in the Old City.
They welcomed us and brought us sweet coffee. Moussa was a soft-spoken man not much older than forty, while most of the other wanted men were mere teenagers, curious and excited to meet foreigners. Moussa raised his voice just once during our conversation, to yell at one of the boys for trying to take my picture on his cell phone.
He said it could be extremely dangerous for soldiers to find evidence of our meeting if/when the men were caught or killed, and refused my business card for the same reason.
After some time, I asked Moussa if he had a message to the people of America. He thanked me for the opportunity and began to speak:
« I am from the Palestinian armed resistance to the occupation. I am opposed to violence against any civilians, whether they are Palestinian or Israeli, Muslim or Jewish.
« I hate fighting, but when soldiers invade our homes, our land, and our lives, it is our duty to resist them, to resist the theft of our water, our self determination, and our dignity. We are human just like you. We want to live, to have families, a normal life. But if we must fight to our death to protect what is ours, our land, the future of our children, we are ready to do so.
« I invite you to look at maps and statistics of this conflict over time. I lament the killing of innocent people on both sides, but the tremendous disproportion of land and water rights, civil liberties, and civilian casualties on the two sides is undeniable. The international community calls us terrorists, but we would welcome any objective international presence to bear witness to what is happening here and come to their own conclusions.
« Is beating unarmed children, medical workers, and even internationals not terror? Is taking advantage of lulls in violence – when the press isn’t watching – to accelerate expansion of settlements in land and water rich areas not a crime?
« Palestinians have coexisted harmoniously with Jews in the past, and we are ready to do so again. After all, Jews are our brothers and sisters, people of faith just like us. As our party Fatah has said many times before, we are ready to live in peace with Israel if there can be a just and viable resolution to the issues of borders, distribution of water, settlements, Jerusalem, and the refugees.
« These are our conditions, and they are also our rights. »
Moussa is a dead man walking, but he will continue to resist as long as he can, as will all the people of Nablus in their own ways. I relay Moussa’s message not to defend violence, but because I believe his perspective has a right to be heard.
Different sides of any conflict deserve to have a voice, but the mainstream media is unlikely to pick up Moussa’s speech, just as they haven’t picked up anything but the most sensationalistic aspects of the invasion. They haven’t mentioned the way beautiful old houses were destroyed by soldiers looking for nonexistent tunnels.
They haven’t mentioned the walls of the Old City broken down by Israeli hummers too wide to fit down the narrow streets, and the water pipes along the walls that were busted and sprayed throughout the curfew, costing the city tons of its precious clean water supply.
They haven’t mentioned the 400-year-old Turkish baths that soldiers used as a military base between operations, and then destroyed from top to bottom. Several families were dependent on the cultural jewel, which we found in ruins, playing cards all over the floor left by soldiers next to the benches where they would have slept.
The media haven’t mentioned the house burned from the inside, or the families of wanted men who were beaten and detained, or the 15-year-old boy shot in the wrist with a rubber bullet while he was out buying bread for his family.
They haven’t mentioned the way the jeeps returned every night, even after Israel announced that the operation was over. I would like to tell you about each of them in detail, but to be honest, with every passing hour there are new tragedies to report and attend to.
I also know that this report is already longer than most busy Americans will have time in their daily lives to read. If you did make it this far, thank you, and until the world stops silencing Palestinian tragedies and voices, please help me let these stories be heard.
*Anna Baltzer is a volunteer with the International Women’s Peace Service in the West Bank and author of the book, Witness in Palestine: Journal of a Jewish American Woman in the Occupied Territories. For information about her writing, photography, DVD, and speaking tours, visit her website at www.AnnaInTheMiddleEast.com