La révélation de l’existence d’une bande de jeunes adorateurs d’Hitler semant la terreur dans la région de Tel-Aviv provoque un embarras certain dans la classe politique et les médias israéliens.
Le Haaretz indique dimanche qu’après un mois de silence, la police a finalement levé le huis-clos sur l’affaire : l’arrestation, à Petah Tikva, de 8 adolescents qui avaient constitué une véritable cellule néo-nazi. Ces jeunes ne se contentaient pas de se réunir dans des caves pour célébrer le IIIème Reich avec la panoplie habituelle de fanions, croix gammées et diatribes sur les mérites de la race aryenne.
Les vidéos saisies par la police montrent que cette bande est bien responsable, non seulement d’actes de vandalisme contre au moins une synagogue, mais aussi d’un grand nombre d’attaques physiques, avec blessures sérieuses à la clé, contre des dizaines de « sous-hommes », principalement des ouvriers immigrés d’origine asiatique et des Palestiniens. Une petite partie seulement des victimes auraient porté plainte, soit par méfiance quant à l’efficacité des enquêtes policières, soit parce que ces victimes étaient en situation irrégulière sur le sol israélien lorsqu’elles ont été agressées par les voyous. Les investigations ont également permis de mettre la main sur un arsenal conséquent détenu par la bande, comprenant plusieurs kilos d’explosifs ainsi que des armes à feu, dont un exemplaire du fusil d’assaut règlementaire de l’armée israélienne, le M-16.
Certes, au regard de l’oppression raciste qu’a imposée depuis sa naissance l’Etat israélien aux populations non juives, principalement arabes, des territoires qu’il occupe, les agissements des néo-nazis de Petah Tikva peuvent paraître quelque peu banals.
A ceci près que les énergumènes incriminés, âgés de 17 à 19 ans se présentent dans la situation, quelque peu déconcertante, d’être à la fois nazis (à leurs propres yeux, au minimum) et Juifs !
Les jeunes en question appartiennent pour la plupart à des familles d’origine russe, auxquelles l’Etat israélien, tenu par le respect des critères racistes qu’il a adopté pour autoriser l’immigration durable, a conféré un statut de « Juifs » quand bien même les intéressés n’avaient pas, ou plus, le moindre rapport avec cette religion ou ce sentiment d’appartenance ethnique.
La tristement fameuse « Loi du Retour », qui accorde l’autorisation d’immigrer et d’acquérir la citoyenneté israélienne (et la « nationalité » juive allant avec) à toute personne reconnue « Juive » par les autorités publiques et religieuses israéliennes a progressivement été assouplie, depuis sa première adoption en 1950, afin d’augmenter la population « juive » du pays. Cela a notamment été le cas dans la décennie 1990, lorsque se présenta aux dirigeants sionistes l’opportunité d’importer un gros million d’habitants de l’ex-Union soviétique : une grande partie de ces gens étaient certes intéressés par le fait de quitter un pays pauvre pour se faire « une place au soleil » en Israël, comme les agents sionistes le leur promettaient. Mais l’aspect « juif » de leur émigration éventuelle n’avait guère de sens pour des centaines de milliers d’entre eux, chez lesquels tout lien avec une judaïcité, tant individuelle que familiale, avait disparu depuis longtemps au sein de ce grand pays laïque qu’avait été l’Union Soviétique.
C’est pourquoi, aux fins de maintenir un semblant de cohérence aux fondements raciaux de « l’Etat juif », les dirigeants israéliens amendèrent la Loi du Retour, en décrétant que dorénavant, pouvait être considérée comme « Juive », et donc éligible à l’immigration et à l’octroi automatique de la citoyenneté israélienne, toute personne ayant un de ses quatre grands-parents lui-même reconnu comme « Juif ». Pas question, en effet, d’ouvrir le pays à des non-Juifs, car cela reviendrait à autoriser les premiers ayants droit, les Palestiniens expulsés de leur terre natale, à y revenir, ce à quoi Israël se refuse obstinément comme on le sait.
Les néo-nazis arrêtés appartiendraient à ces catégories de demis, voire quarterons ou octerons de Juifs, se sont empressés de déclarer des officiels israéliens, confrontés à une réalité impossible à assumer : des « Juifs » (désignés comme tels par Israël) qui seraient en même temps des nazis.
Des députés juifs ont réclamé une révision de la Loi du Retour, afin qu’Israël puisse révoquer la citoyenneté des voyous, et se débarrasser de tels éléments « impurs ». Quitte à ce qu’Israël réinvente, ce faisant, le bannissement de Juifs !
Le député palestinien israélien Ahmed Tibi n’a pu de son côté que constater avec colère et amertume « un phénomène monstrueux, où des gens immigrent en Israël et y reçoivent automatiquement la citoyenneté dans la cadre de la Loi du Retour, alors que des citoyens de Nazareth ou de Taibeh n’ont même pas l’autorisation de recevoir la visite de membres de leur propre famille, parce que là, il s’agit d’Arabes ». De fait, le parlement israélien a aggravé l’an dernier la politique raciale du pays, interdisant le mariage entre Palestiniens d’Israël et Palestiniens extérieurs à Israël.
Nous aurions cependant tort de ne voir dans cette histoire qu’un phénomène lointain. Nous venons de vivre en France une campagne électorale où un candidat, Sarkozy, a publiquement promis la création d’un ministère de « l’Identité Nationale », ou plus exactement de « l’Immigration et de l’Identité Nationale ». L’ancienne déportée Simone Veil, membre du club de soutien à Sarkozy, a vaguement protesté, mais il faut croire que c’était pour amuser la galerie, puisqu’elle a continué d’apporter son soutien à Sarkozy. Ensuite, une majorité d’électeurs, en connaissance de cause, ont voté Sarkozy, et celui-ci a immédiatement tenu sa promesse, avec la création dudit ministère, qui mène tout droit au développement des pires politiques racistes et xénophobes.
CAPJPO-EuroPalestine