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Israel : le maccarthysme en marche

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Le journaliste britannique Jonathan Cook, qui vit en Israël, dénonce dans cet article la progression de législations liberticides, qui n’ont rien à envier à ce qu’on appelle le « maccarthysme », du nom de cette chasse aux sorcières lancée aux Etats-Unis dans les années 1950 contre tous les opposants au système.


En Israël, c’est un tour de vis extrêmement sévère qui est en train d’être imposé aux associations de défense des droits de l’homme (traduction CAPJPO-EuroPalestine d’un article publié sur le site Electronic Intifada http://electronicintifada.net/v2/article11092.shtml

Le gouvernement israélien et ses soutiens d’extrême-droite ont lancé une campagne de type maccarthyste contre les associations de défense des droits de l’homme, qu’ils tiennent pour responsables de la vague de critiques, soulevée dans le monde entier, après l’attaque israélienne sur Gaza il y a un an.

Signe de la montée en puissance de la répression des militants et groupes engagés dans la défense des droits de l’homme, l’adoption par le gouvernement, la semaine dernière, d’un projet de loi, prévoyant des peines de prison pour les responsables de ces associations, dans le cadre d’une nouvelle réglementation régissant leur fonctionnement.

Le motif avancé par les promoteurs de cette loi serait que ce sont des militants israéliens qui auraient fourni une bonne partie des preuves sur les crimes de guerre commis par l’armée israélienne pendant l’opération « Plomb Durci », dont le juge Richard Goldstone et sa commission d’enquête parrainée par les Nations-Unies auraient ensuite alimenté leur désormais célèbre rapport.

Aux termes de la proposition de loi, les associations de défense des droits de l’homme recevant une aide financière de l’étranger, de l’Union Européenne par exemple, seraient tenues de désormais déposer leurs statuts en tant qu’organisation politique, et fournir à l’admistration quantité de détails sur leur vie interne, au titre de la « transparence ».

L’opinion publique israélienne semble approuver par avance de telles mesures. Un sondage publié la semaine dernière indique ainsi que pour 57% des Israéliens Juifs, les problèmes de « sécurité nationale » sont plus importants que les droits humains.

Parallèlement, des groupements d’extrême-droite ont lancé une campagne de dénigrament visant spécifiquement Naomi Chazan, responsable israélienne du fonds caritatif juif américain New Israel Fund (NIF), qui finance plusieurs associations israéliennes. Le NIF est ainsi accusé de financer des organisations consultées par Richard Goldstone dans le cadre de la préparation de son rapport.

Des affiches sur les murs de Tel-Aviv et Jérusalem, ainsi qu’une campagne de messages publicitaires dans la presse écrite, montrent une caricature, le front orné d’une corne, légendée « Madame Naomi Goldstone-Chazan ».

« On assiste à la suppression des dernières libertés d’expression et d’organisation en Israël », commente Amal Jamal, chef d’un département de sciences politiques à l’Université de Tel-Aviv, et animateur de l’association Ilam, qui sera concernée au premier chef en cas d’adoption de la loi.Le système politique israélien, ajoute-t-il, est en train de devenir ce qu’il appelle « une démocratie totalitaire ».

C’est un organisme d’un type particulier, autoproclamé « NGO Monitor » (en français, « Le surveillant des ONG ») qui sonne la charge. Il bénéficie du soutien du gouvernement.

D’ailleurs, le projet de loi adopté la semaine dernière en Conseil des Ministres, résulte lui-même d’une conférence donnée en décembre dernier au Parlement par le patron de NGO Monitor, Gerald Steinberg, avec l’appui d’une organisation de colons appelée l’Institut de Strategies Sionistes.

Professeur à l’Université de Bar-Ilan, Steinberg a présenté aux députés et aux membres du gouvernement un rapport décrivant les associations anti-guerre comme autant de Cheval de Troie, et a demandé que des restrictions soient imposées à leurs financements provenant de l’Union Européenne ou du NIF.

« Depuis plus de dix ans, les gouvernements européens ont manipulé la vie politique israélienne et ont favorisé sa diabolisation, en choyant un petit groupe d’ONG », a-t-il notamment déclaré.

Cibles privilégiées de sa tirade, les organisations de défense de la minorité arabe d’Israël, et les organisations juives militant contre l’occupation, leur reprochant d’employer des expressions aussi outrageantes que « Etat d’apartheid », « crimes de guerre », ou « nettoyage ethnique ».

D’après lui, un total de 16 ONG pacifistes israéliennes ont reçu quelque 8 millions de dollars de financements de l’Union Européenne au cours des trois dernières années.

La pression s’organise, au sein du gouvernement. Le mois dernier, le ministre des « Affaires de la Diaspora » et membre du Likoud Yuli Edelstein a indiqué à la presse que le gouvernement « est préoccupé, depuis quelque temps déjà, par le nombre de groupes déguisés en ONG et financés par des agents de l’étranger ».

(…)

Selon le projet, les associations de défense des droits de l’homme, lorsque la loi sera votée, se soumettre aux procédures suivantes : inscription en tant qu’organisations politiques ; fourniture des numéros de cartes d’identité et adresses personnelles de chacun des membres de l’association ; fourniture détaillée de tous les financements obtenus, avec indication précise des projets auxquels les sommes reçues sont destinés ; enfin, obligation d’annoncer, les soutiens financiers étrangers dont bénéficie l’association, chaque fois qu’un de ses militants prend la parole en public ! En cas d’infraction, les dirigeants des ONG concernées seront passibles d’un an de prison.

Hagai Elad, responsable de l’Association israélienne des droits civils, la principale ONG spécialisée dans la défense juridique, parle d’un « climat politique désormais très hostile », et estime que les libertés fondamentales sont désormais attaquées « l’une après l’autre ».

« On est en présence d’une stratégie typiquement maccarthyste, décrivant nos associations comme ennemies de la patrie, et suggérant que nous sommes au service du Hamas et de groupes terroristes », estime-t-il.

Pourtant, les ONG sont déjà soumises à des règlementations strictes en Israël. « Et cela m’amène à poser la question suivante : étant donné que nous manifestons déjà une grande transparence, quelles sont les vraies motivations du projet de loi ? »

Naomi Chazan, ancienne parlementaire étiquettée colombe, est comme on l’a dit au centre de la campagne.

Le quotidien à grand tirage Maariv a publié le mois dernier une tribune du groupe d’extrême-droite Im Tirtzu, accusant Chazan et le NIF de financer des ONG responsables de 90% du matériel documentaire ayant servi à Goldstone et à sa commission à étayer leurs critiques de l’armée israélienne.

Gros mensonge, à lire un contre-rapport, publié la semaine dernière, et qui relève que les citations émanant d’associations financées par le NIF ne forment que 4% du total, plusieurs d’entre elles n’ayant même pas de rapport avec l’opération Plomb Durci.

Une pétition contre le NIF a en outre été initiée par une brochette de généraux de réserve, dont Giora Eiland, ex-directeur du Conseil de Sécurité Nationale, et Doron Almog, ex-commandant de la région sud (Gaza).

Chazan vient également d’être licenciée du Jerusalem Post, un quotidien de langue anglaise avec qui elle avait une collaboration, tandis qu’un texte l’accusant de « servir les intérêts de l’Iran et du Hamas » a été distribué à la presse étrangère par les services du Premier Ministre Netanyahou.

Le NIF a ironiquement fait observer qu’on trouve, parmi les fondateurs d’Im Tirtzu l’association Chrétiens Unis pour Israël, un organisme américain dirigé par le Pasteur John Hagee. Ce nom ne vous dit rien ? Cet homme avait pourtant fait la une de la presse outre-Atlantique en 2008, quand, à l’occasion d’un meeting de soutien au candidat Républicain John McCain, il avait déclaré qu’après tout, « Hitler n’avait fait d’accomplir la volonté de Dieu ».

(traduit de Electronic Intifada)

CAPJPO-EuroPalestine

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