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La réalité derrière les agrotechnologies israéliennes : une bombe lancée par une ONG israélienne

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« Les entreprises d’agrotechnologies israéliennes se positionnent de plus en plus comme une réponse au changement climatique et à la faim dans le monde. Tout en engrangeant des milliards de dollars de profit, elles développent une image eco-friendly. En réalité, elles participent au développement des colonies et au vol des ressources palestiniennes, elles ruinent l’agriculture palestinienne au moyen de pesticides, et collaborent étroitement avec l’armée israélienne, et au blocus de Gaza », démontre le centre de recherche Who Profits From The Occupation (Qui Profite de l‘Occupation) .


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Affiche de BDS Maroc dénonçant la commercialisation de Netafim aux agriculteurs marocains

« Contrairement à l’agriculture qui s’approprient directement les terres, les agrotechnologies jouent un rôle moins visible dans ce phénomène mais néanmoins essentiel à travers la mise en place de tuyaux d’irrigation, de fertilisants, d’herbicides et d’autres techniques, souligne ce centre fondé en 2007 par l’ONG israélienne Women Coalition for Peace.

« Si l’usage des territoires occupés et de leurs populations captives en tant que laboratoire des techniques militaires et de contrôle des masses et individus est bien documenté, on sait moins qu’il en va de même dans le domaine agricole », fait remarquer Who Profits.

La collaboration entre agrotechnologies et militaires n’a de cesse de se développer, avec par exemple l’usage du Dôme de fer en vue d’installer des systèmes d’irrigation intelligents. Les drones sont également mis à profit. Les corporations militaires gagnent donc ainsi accès à de nouveaux marchés via un usage civil de leurs technologies répressives », établit le Rapport 2020 de Who Profits .

LES AGROTECHNOLOGIES DANS LES TERRITOIRES OCCUPÉS DE CISJORDANIE ET DU GOLAN SYRIEN

Historiquement les techniques agricoles ont toujours joué un rôle dans le développement politique et économique d’Israël. Les méthodes d’irrigation goutte à goutte ou de désalinisation de l’eau par exemple sont présentées comme des inventions locales et vendues à l’international, facilitant ainsi les relations diplomatiques du pays avec le Sud notamment et contribuant à détourner l’attention du vol permanent des terres et des ressources palestiniennes et syriennes.

Le secteur a récemment explosé. En 2015 on comptait 280 entreprises, dont 200 exportant leurs technologies, pour un investissement dans ce domaine s’élevant à 90 millions de dollars. En 2017, on dénombre près de 500 entreprises et 190 millions de dollars d’investissement. Les exportations assurent en 2018 un revenu annuel de près de 6 millions de dollars, soit 4% d’augmentation sur l’année. Les premiers importateurs de ces technologies sont l’Union Européenne (30%), suivis de l’Amérique (28%), puis de l’Asie (22%). Ces chiffres sont en constante augmentation. Le système d’irrigation israélien représente à lui seul 30% du marché mondial.

LES LIENS ENTRE LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT ET LES ENTREPRISES COLONIALES

La plupart des instituts en recherche agricole israéliens entretiennent des liens étroits avec l’ONU et la FAO (Food and Agriculture Organisation). D’après le gouvernement israélien, qui investit massivement dans le domaine, ces travaux ne concernent que les territoires israéliens dans leurs frontières internationalement reconnues. Pourtant les exemples se déroulant de l’autre côté de la ligne verte sont légions. La collaboration entre centres basés en Israël (dont des universités) et centres sis dans des colonies illégales est la norme. De même, les centres de recherche et développement financés par le gouvernement travaillent bien souvent des deux côtés de la frontière.

Depuis 2011, le ministère des sciences et technologies octroie des bourses à des centres de recherche et développement basés en Cisjordanie et dans le Golan, afin de compenser l’inéligibilité de ces derniers à des bourses internationales.

LA PRODUCTION AGRICOLE DANS LES TERRITOIRES OCCUPÉS

L’occupation militaire débutée en 1967 a permis à Israël de mettre la main sur les terres très fertiles de la Vallée du Jourdain et du Golan, qui ont dès lors été utilisées pour la production agricole israélienne. Cet usage a favorisé le vol des terres et l’expropriation de leurs habitants, tout en générant d’énormes profits pour l’occupant.
Dès son occupation en 1967, la Vallée du Jourdain a été déclarée zone militaire fermée. Elle est encore considérée ainsi aujourd’hui. Ce statut, combiné à d’autres lois, a permis la saisie des terres et le transfert des titres de propriété au profit de l’Organisation Sioniste Mondiale qui les met à disposition des colons.

Bien que comptant peu d’habitants, les colonies israéliennes situées dans la Vallée du Jourdain, qui sont pour l’essentiel des coopératives agricoles (moshavim et kibnoutzim), contrôlent 86% des terres. Ces colonies, tout comme celles situées autour de la Mer Morte, sont considérés comme Zone de Priorité Nationale par le gouvernement et bénéficient donc de nombreux avantages.
En 2013 la valeur de la production agricole dans la Vallée du Jourdain était estimée à 251 millions de dollars.

Ces colonies illégales produisent l’essentiel des grenades, 22% des amandes et 12,9% des olives exportées vers l’Europe et la Russie. Elles fournissent également 40% des dattes exportées dans le monde. La plupart du temps, ces produits sont trompeusement étiquetés ‘made in Israel’, contrevenant ainsi à la législation en vigueur dans de nombreux pays importateurs.
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Ces développements agricoles contribuent de bien des manières à asphyxier la production palestinienne. Cela passe par l’accaparement des ressources en eau ainsi que par la restriction des mouvements de la population autochtone, la privant ainsi de sa principale source de revenus. Elle se trouve donc contrainte de travailler pour les colons, le plus souvent dans des conditions proches de l’exploitation. Les femmes et les enfants sont les plus vulnérables face à ces pratiques. Ceci a été publiquement dénoncé par Human Rights Watch.
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Les mêmes pratiques ont été observées dans le Golan, que 95% de la population locale a été contrainte de quitter par la force après l’occupation en 1967. Au total, 340 villes et villages ont été rasés à cette occasion. Et 25.000 Syriens continuent néanmoins à résider dans la région, malgré l’annexion unilatérale du territoire par Israël.

Riche en eau, le Golan est une des cibles principales de la production agricole israélienne. Elle y fait pousser des pommes, des poires, des cerises, des avocats et des kiwis et y pratique l’élevage bovin intensif. Pour ce faire, Israël détourne à son profit les cours d’eau, revendant la ressource volée quatre fois plus cher aux fermiers syriens qu’aux colons.

Dans la bande de Gaza, le blocus israélien mis en place en 2007, et les fréquentes offensives militaires aériennes et terrestres ainsi que la dite « zone tampon » le long de la « frontière » ont largement ruiné l’agriculture locale. Les fermiers qui tentent d’accéder à leurs terres dans cette zone se font tirer dessus à balles réelles.
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IMPLICATION COMMERCIALE DES COMPAGNIES D’AGROTECHNOLOGIES

L’agriculture est un secteur-clé de l’économie 6 israélienne, dans lequel investissent à la fois des compagnies privées et le gouvernement, afin d’aider à son développement et accroître sa productivité. En leur fournissant technologies et conseils, les firmes d’agrotechnologies contribuent au développement des entreprises sises dans les colonies illegales et participent à la normalisation du vol des terres.
Les plus importantes compagnies israéliennes sont impliquées dans ce processus. Leurs profits attirent néanmoins des investisseurs étrangers. Ainsi Netafim a été rachetée par un conglomérat mexicain, Adama par une entreprise appartenant au gouvernement chinois et Naandan Jain par des Indiens.

LES AGROTECHNOLOGIES EN TANT QU’ARME: DE L’USAGE DES PESTICIDES À GAZA

En plus des attaques militaires et des obstacles structurels mis en place pour juguler la production agricole gazaouie, il faut aussi évoquer l’usage massif des pesticides pour détruire les récoltes palestiniennes.
En 2018 le ministère de l’agriculture palestinien avançait le chiffre de 140.000 dunums de terres agricoles et de pâture détruites par du glyphosate, de l’oxyfluorfen et du diurom répandus par Israël depuis 2014.
Cet épandage a été réalisé par deux compagnies privées sous mandat gouvernemental, comme l’a révélé l’ONG israélienne Gisha Legal Center for Freedom of Movement.
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D’après le Comité International de la Croix-Rouge, les récoltes situées à moins de 900 mètres de la bordure ont été entièrement détruites. Celles situées au-delà jusqu’à 2200 mètres ont été endommagées. Consommer les produits touchés par cet épandage ou en respirer les émanations peut avoir des conséquences sur la santé.
Bayer-Monsanto, connu pour sa contribution à l’agent orange au Vietnam, participe activement à ces pratiques.
Le ministère israélien a débouté des fermiers palestiniens de leur demande de dédommagement mais a indemnisé pour les mêmes raisons des kibboutz.

RECONVERSION CIVILE DES TECHNOLOGIES MILITAIRES

L’usage des territoires palestiniens et syriens occupés comme laboratoire pour les nouvelles technologies militaires, ensuite vendues comme ‘testées et approuvées’ est bien connu. Ce rapport montre que c’est également le cas concernant l’agro-business.
L’adaptation de technologies militaires à un usage civil, dans le domaine agricole notamment, est un phénomène mondial et ancien. La longue occupation israélienne est le moteur d’une industrie de la « défense » toujours plus profitable. Elle participe de la symbiose entre le secteur privé et l’appareil d’état militaire.

Afin de démontrer les liens toujours plus étroits entre les technologies militaires et agricoles, Who Profits présente quatre cas récents de collaboration entre les deux. Dans chacun de ces exemples, il s’agit de commercialiser des connaissances militaires développées dans le cadre de l’occupation.

CAS N°1: LE DÔME DE FER, D’UN USAGE MILITAIRE À UN USAGE AGRICOLE

Le système d’irrigation NetBeat, développé par Netafim, est présenté comme « le premier système d’irrigation avec un cerveau ». Il permet le contrôle et la gestion en temps réel ainsi que l’analyse des données. Le cerveau en question a été développé par mPrest System, qui officie habituellement dans le domaine militaire, et notamment dans le cadre de l’occupation. mPrest appartient en partie à Rafael Advanced Defense System, propriété d’état israélienne. C’est elle aussi qui est responsable du logiciel intelligent contrôlant le Dôme de fer, grâce à quoi elle a bénéficié d’une publicité à l’international, suscitant l’intérêt de nombreux pays.

CAS N°2: AG-CORMORANT, DE L’ÉVACUATION DE SOLDATS À L’ÉPANDAGE AÉRIEN

En mars 2019, Adama- propriété chinoise- et Tactical Robotics- entreprise d’aéronautique israélienne-, ont annoncé leur collaboration sur un projet de transformation des UAV (unnamed aerial vehicles) en matériel à usage agricole. L’appareil en question est le cormorant, initialement conçu pour l’évacuation de soldats en zone densément peuplées, il trouve désormais un usage pour agricole pour l’épandage dans des zones difficiles d’accès.

CAS N°3: PHENOMICS CONSORTIUM, DES TECHNIQUES DE RÉPRESSION À L’IDENTIFICATION DES PLANTES

Elbit est l’une des entreprises clés collaborant avec l’appareil militaire israélien. Elle est notamment impliquée dans le système de surveillance des populations du mur de séparation et fournit également des UAV utilisés contre la population gazaouie. Elle élargit aujourd’hui ses activités dans le champ de l’agriculture de précision au sein de Phenomenics Consortium, une initiative gouvernementale qui regroupe six entreprises israéliennes ainsi que des centres de recherche académiques.
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Drone Elbit

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Occupation d’une usine d’Elbit en Angleterre

CAS N°4: BIRDEYE 650D, DE LA SURVEILLANCE DES POPULATIONS À LA SURVEILLANCE DES RÉCOLTES

En 2019, la corporation militaire Israel Aerospace Industry, propriété d’état, et la compagnie brésilienne d’agrotechnologies Santos Lab ont passé un accord afin notamment d’adapter les drones d’IAI à un système d’agriculture de précision à grande échelle. Le système en question devrait générer des centaines de millions de bénéfices dans les années à venir.

CONCLUSION :

Comme le montre ce rapport de Who Profits les entreprises d’agrotechnologies israéliennes sont profondément complices de l’occupation et de la colonisation des territoires occupés et de l’étranglement économique de la bande de Gaza.
L’intérêt croissant pour les technologies agricoles offre de nouvelles opportunités économiques aux entreprises israéliennes comme au complexe militaire tout en leur donnant l’occasion de « greenwasher » (« verdir ») leur image. Les gains sont donc également politiques, offrant une nouvelle légitimité aux technologies de répression des populations.

(Traduit par Sarah V. pour CAPJPO-EuroPalestine)

(Rapport 2020 de Who Profits from the Occupation)

CAPJPO-EuroPalestine

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