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La privation d’eau et sa contamination à Gaza: un crime contre l’humanité

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Les participants à la mission Bienvenue en Palestine dans la bande de Gaza au cours de la dernière semaine de l’année 2012 ont pu constater, très directement, l’œuvre de destruction du peuple palestinien conduite par Israël, à travers la privation de 1,8 million d’êtres humains d’une ressource aussi vitale que l’eau et de l’assainissement de celle-ci.

Notes de voyage de nos camarades Dominique Waroquiez et Nicole Soteau.


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Cette photo est un condensé de l’enfer imposé à la population palestinienne. L’enfant au premier plan porte un seau rempli de gravier, et il marche en direction de l’âne attelé à une charrette en arrière-plan. Du fait du blocus à l’importation de matériaux de construction, la collecte de gravier est aujourd’hui une source de revenu dans ce territoire où le chômage est endémique. Mais la collecte se fait dans le lit de cet égoût à ciel ouvert qu’est devenu le Wadi Gaza. Les petits collecteurs de gravier sont exposés à la pire des pollutions, par les voies respiratoires comme par la peau puisqu’ils sont amenés à mettre les pieds et les jambes dans le cloaque. Le tout pour un salaire de famine : 2€ la carriole pleine !

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Omar At-Tawill, pour son malheur, s’est installé il y a quinze ans dans la zone du Wadi Gaza, où il vit avec sa femme et ses cinq enfants. « J’ai honte quand des amis me rendent visite, à cause de l’odeur pestilentielle venant de l’oued. A la nuit tombante, c’est pire, avec l’arrivée de nuées de mouches et de moustiques. Je n’ai jamais pu retenir des amis à dîner, vous comprenez pourquoi », déclare cet homme de 40 ans aux militants d’EWASH.

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Construit en 1962 lorsque la bande de Gaza était sous contrôle égyptien, le pont qui enjambe le Wadi Gaza constitue à peu près la seule route de connexion entre le nord et le sud de la bande de terre. C’est donc une cible de choix pour le terrorisme d’Etat israélien. Détruit une première fois en 2006, reconstruit, il a été à nouveau détruit lors des bombardements de novembre 2012.

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Du fait de l’interdiction, par le blocus israélien et international, de tout développement d’installations correctes de traitement des déchets, c’est le Wadi Gaza qui sert de poubelle. Chaque jour, des dizaines de millions de litres de matières polluées se déversent dans la Méditerranée, quelques kilomètres en aval de ce site.

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« Ils veulent donc notre mort à tous. En attendant, je fais comme les Palestiniens, je résiste comme je peux », semble dire ce martin-pêcheur, au milieu des eaux boueuses.

Ci-dessous les compte-rendus de Dominique Waroquiez et Nicole Soteau concernant la situation de l’eau et de ses conséquences pour les Gazaouis.

SOIF DE JUSTICE !

Dès notre arrivée dans la Bande de Gaza, nous sommes prévenus: ne buvez pas l’eau des robinets et faites attention à l’eau en général: elle n’est absolument pas potable !

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Robinet de l’Hôtel Palestine où nous logeons, près le la mer à Gaza

Les responsables de la coalition EWASH (Emergency Water Sanitation and Hygiène Group, www.ewash.org) qui travaillent avec les communautés locales de Gaza et de Cisjordanie nous en apprennent davantage et ils nous appellent à soutenir leur campagne Soif de justice (www.thirstingforjustice.org).

Gigantesque prison à ciel ouvert, la bande de Gaza est un territoire où plus de 95 % de l’eau douce théoriquement disponible est impropre à la consommation.

En effet, l’étroite nappe phréatique le long de la côte méditerranéenne, est à présent épuisée du fait de pompages excessifs et envahie par le sel marin. Et d’un autre côté, Israël a délibérément privé les Gazaouis de l’accès à leur cours d’eau naturel, le Wadi Gaza : ce dernier prend sa source dans les collines d’Hébron, en Cisjordanie, mais Israël capte l’essentiel de cette ressource avec des barrages de retenues, si bien qu’un mince filet d’eau seulement arrive dans la bande de Gaza.

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Et comme parallèlement l’Etat d’Israël empêche par tous les moyens (bombardements, blocus à l’importation de matériaux) le fonctionnement d’installations de traitement des eaux et des déchets, le Wadi Gaza est devenu la poubelle du centre de Gaza, qui déverse dans la mer tous les jours de 60 à 80 millions de litres de boues polluantes et pestilentielles. Alors que les normes internationales fixent à 50 mg/litre le taux de nitrates acceptable pour la consommation humaine, à Gaza, on en mesure de 100 à 500 mg/litre !

Toujours à propos du Wadi Gaza, il faut ajouter qu’Israël ne se contente pas de l’assécher en amont avec ses barrages, mais qu’il n’hésite pas non plus à reverser dedans ses propres nitrates, en quantités importantes du fait de l’usage intensif d’engrais pour sa propre agriculture.

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Nulle surprise, donc, si un quart des maladies recensées dans la population de Gaza sont des maladies liées à l’eau : maladies diarrhéiques, troubles thyroïdiens, cancers chez les adultes et les enfants, dont un nombre élevé souffrent de ce qu’on appelle « le syndrome du bébé bleu » (un dysfonctionnement de l’oxygénation du sang, imputable pour partie à une exposition excessive aux nitrates).

EWASH nous informe en outre que lors d’une analyse d’échantillons d’eau, la moitié (48%) comportaient des traces de parasites.

La population de Gaza qui en a les moyens achète de l’eau à Israël ou consomme de l’eau ou des sodas des grandes marques internationales telles que Danone, Coca-Cola…mais évidemment ce n’est pas tenable et la population la plus pauvre consomme de l’eau infectée et dont la qualité est mal contrôlée ou carrément polluée, infectée de bactéries… Quant à la désalinisation, elle coûte très cher, 8 dollars au mètre cube, beaucoup trop pour une population pauvre et notamment les réfugiés.

Et puis, à cette stratégie permanente de privation d’eau propre, il faut ajouter les bombardements et leurs conséquences.

En effet, non seulement les bombardements israéliens ont endommagé les terrains aquifères, les canalisations, les puits, des stations d’épurations, de pompage et de stockage (l’équivalent de plusieurs millions de dollars US) mais Israël et les acteurs internationaux ont en plus imposé des restrictions à l’entrée de matériel pour réparer les infrastructures de traitement des eaux usées et des stations d’épuration.

L’épuration est également difficile du fait du manque de carburant lié au blocus. Si on considère l’avant dernière grande attaque, celle de l’hiver 2008-2009, ce sont 30 kilomètres du réseau d’eau en plus de 11 puits gérés par l’autorité palestinienne qui ont été détruits par l’armée israélienne: « les destructions étaient systématiques », indiquait le Rapport Goldstone.

Lors de la dernière attaque en novembre 2012, Israël a bombardé les citernes et attaqué les vendeurs d’eau qui n’osaient plus circuler pour apporter l’eau à la population, un vendeur d’eau et son fils ont ainsi été assassinés.

La situation est encore aggravée par le manque de moyens pour évacuer les fosses septiques et parfois les eaux sales ruissellent à même les rues.

A plusieurs endroits habités, lorsque nous circulons dans la Bande de Gaza, nous respirons une odeur pestilentielle due à la stagnation d’eaux malsaines. Inutile de dire les problèmes que subissent les habitants voisins des zones de rejets d’eaux usées. Le cas du Wadi Gaza, autrefois digne d’une réserve naturelle est exemplaire. Ses eaux ont été détournées et captées par Israël et ses colons, et le Wadi est devenu un véritable égout à ciel ouvert.

Les pompages de l’eau de la nappe côtière dépassent son alimentation et la nappe pourrait être totalement inutilisable et complétement salinisée d’ici 2016-2020 et la situation serait alors irréversible. Actuellement, 30% de la population de Gaza ne sont approvisionnés en eau qu’une fois tous les quatre jours, et 45% une fois tous les trois jours.

EWASH insiste pour que nous relayions ces informations auprès des gouvernements de nos pays respectifs et de l’Union Européenne afin qu’ils contraignent Israël à respecter le droit des Palestiniens à l’eau, mais aussi pour que les Palestiniens puissent développer leurs infrastructures et qu’ils empêchent les violations du droit international par Israël en matière d’eau et de salubrité.

C’est aussi important pour la qualité des eaux de la Méditerranée: plus de la moitié des eaux usées coule quotidiennement vers la Méditerranée vu le manque de matériel pour le traitement de ces eaux (Amnesty International, 2009). Une grande partie de ces eaux polluées proviennent du Wadi Gaza.

Quant à utiliser l’eau de l’aquifère dit « occidental » (les collines d’Hébron, Cisjordanie), elle représente une exigence minimale, car les Palestiniens, qu’ils soient de Gaza ou de Cisjordanie, ont autant de droits sur cette ressource, sinon plus, que les voleurs israéliens.

L’occasion pour les responsables d’EWASH de souligner qu’Israël et ses colons accaparent encore plus d’eau que ne le prévoyaient les accords d’Oslo, pourtant déjà bien généreux pour la partie israélienne : Oslo avait ainsi accordé un royal 80 % à Israël pour l’exploitation de l’aquifère occidental, mais dans la réalité, Israël s’en approprie 94 %.

L’eau, n’est-ce pas un bien élémentaire, nécessaire à tout être humain y compris aux Palestiniens?

Qu’en pensez-vous Madame la baronne Ashton ?

Par Dominique Waroquiez, Gaza, janvier 2013

********************

LE BLOCUS TUE

Le 30 décembre 2012 à 14h00 nous avons rendez avec EWASH, Groupe d’urgence pour l’eau, l’assainissement et l’hygiène dans les territoires Palestiniens occupés. Cette coalition réunit 30 associations humanitaires locales et internationales qui coordonnent des interventions, partagent des informations et agissent juridiquement pour faire reconnaitre les droits des palestiniens.

La politique de blocus et les pratiques des Israéliens limitant l’accès à l’eau aux Palestiniens en contrôlant toutes les sources d’eau douce, les Palestiniens n’ont droit qu’à 20% du potentiel aquifère, en conséquence ils sont obligés d’acheter plus de la moitié de leurs besoins à Israël. Le tout pour une consommation moyenne (Gaza et Cisjordanie confondus) de 70 litres d’eau (on ne parle ici que de quantité, pas de qualité) par personne, alors que celle des Israéliens est de 300 litres par jour (comme en France, où la ressource naturelle est bien supérieure à celle que l’on trouve au Proche-Orient). L’Organisation mondiale de la santé (OMS) fixe pour sa part à 100 litres par jour et par personne la quantité nécessaire pour subvenir convenablement aux besoins domestiques et publics d’une population.

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Plus de 50% des terres de la bande de Gaza ne sont pas cultivées par manque d’eau.

La quasi-totalité de l’aquifère côtier est pollué à cause de la contamination des eaux d’égout. Quant à l’aquifère de montagne il faudrait construire, réparer les infrastructures mais Israël limite l’entrée des matériaux nécessaires. De plus les bombardements de l’opération plomb durci et de novembre dernier ont endommagé plus de 30 km de canalisations et 11 puits.

Dans l’aquifère côtier la pollution est telle, en nitrates et autres, qu’elle est responsable de malformations congénitales et notamment du syndrome du bébé bleu.

Israël refuse d’accorder les autorisations pour construire des réseaux d’assainissement et de traitement des eaux usées.

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Maison de Beit Lahia non reliée au tout à l’égout

Ceci, cumulé avec les restrictions de carburant, fait que les eaux d’égout sont déversées dans la mer méditerranée à raison de 60 à 80 millions de litres.

En vertu du droit international une puissance occupante (Israël) est responsable du bien-être de la population et doit en assurer les besoins vitaux… mais ???

L’Union Européenne a affirmé son attachement aux droits des palestiniens dont le droit à l’eau et à l’assainissement… mais ???

Les représentants d’EWASH nous ont demandé de :
– faire connaitre la situation et la campagne « Thirsting for justice », une pétition photo existe, écrire un message en faveur des droits à l’eau et à l’assainissement des Palestiniens, se prendre en photo avec ce message en incluant « soif de justice » et envoyer votre photo à :
info@thirstingforjustice .org . Cette pétition vise principalement l’union Européenne.

– consulter régulièrement le site internet www.thirstingforjustice.org.

La première urgence est de faire sauter le blocus !

Par Nicole Soteau, Gaza, janvier 2013

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CAPJPO-EuroPalestine

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