Julien Clerc, ne vous déshonorez pas !

Vous dites dans le NouvelObss subir des pressions de la part du mouvement BDS pour ne pas aller chanter à Tel Aviv. Ce mot a une consonance négative. Ce que nous essayons de vous dire, c’est que la musique ne peut servir à couvrir les cris des enfants qu’on emprisonne et qu’on torture, et qu’un artiste qui se respecte ne va pas chanter pour l’occupant.

Vous dites que vous ne voulez pas faire de « politique ». Diriez-vous que les artistes qui sont allés chanter pour l’occupant en France, pendant la seconde guerre mondiale, ont eu raison de le faire, parce qu’il ne faut pas « mêler la musique à la politique » ?

Les artistes ont-ils eu tort de refuser de se produire en Afrique du Sud pendant l’apartheid ?

Votre public n’est pas « beauf ». Il est choqué, dans sa grande majorité, d’apprendre que vous allez refaire une virginité à un Etat qui exerce une terreur et une dépossession permanente sur tout un peuple.

Les bombes au phosphore larguées à plusieurs reprises sur des femmes et des enfants, à la sortie des écoles, tout le monde l’a vu. Pas vous ?
Gaza sous blocus, essayez d’y mettre les pieds, vous verrez comment les hôpitaux, les stades de foot et les écoles ont été détruits. J’y suis allée, et je n’ai jamais vu autant d’adultes et d’enfants amputés sur un aussi petit territoire.

Cela vous laisse indifférent ? Vous voulez vraiment aller cautionner les 700 enfants palestiniens qui sont kidnappés chaque mois à leur domicile en pleine nuit, embarqués menottés avec des chiens pour leur faire peur, puis torturés pendant les interrogatoires, et détenus pendant des jours, voire des semaines parce que suspectés d’avoir lancé une pierre sur un char de cette armée, qui occupe depuis si longtemps leur terre, démolit leurs maisons et leurs villages, déracine leurs oliviers ?

Ceci est relaté par de nombreuses organisations, dont l’UNICEF, Defence Children International, ou encore le Ministère des affaires étrangères britannique. Je peux vous envoyer leurs rapports si vous acceptez d’en prendre connaissance ?

A moins que vous ne considériez cela comme une trop grande « pression », vous l’ambassadeur de bonne volonté auprès des nations-Unies pour les réfugiés, qui refusez de prendre en compte les 5 millions de réfugiés palestiniens ?

Le mot « politique » veut dire « vie de la cité » en grec, et chacun y prend part à sa manière, y compris en laissant d’autres commettre injustices et violences, en silence. Là vous iriez beaucoup plus loin que le silence, en apportant votre voix, votre image, en soutien à une politique qui tourne résolument le dos à la paix.