Ci-dessous un article de Yossi Sarid dénonçant dans Haaretz non seulement l’instrumentalisation du génocide des juifs, mais le traumatisme qui continue d’être imposé aux enfants israéliens dès leur plus jeune âge.
« Nourri à l’Holocauste
Netanyhaou est passé maître dans l’art du Shoah business, en parfait disciple de Menahem Begin, qui fut le premier à faire sortir de sa bouteille sortir le génie de l ‘Holocauste.
Par Yossi Sarid
« Il faut leur faire peur quand ils sont encore jeunes – commencer en classe primaire et même au jardin d’enfant « .
Ironiquement, les champions de la privatisation sont aussi les champions de la nationalisation ; pour paraphraser Isaïe « malheur à ceux qui réunissent le drapeau national et le châle de prière ».
Elle avait 17 ans à l’époque et je venais de rentrer de la Marche pour la vie à Auschwitz Birkenau. Je l’avais prise en stop.
– « Connaissez vous un homme du nom de Bibi ? » m’avait-elle demandé.
– « Evidemment, c’est l’ambassadeur d’Israël aux Nations Unis », avais-je répondu.
– « Je suis vraiment en colère contre lui. Il était debout sur le podium et
l’accaparait pour dire : c’est comme les Nazis, les Palestiniens veulent nous tuer, Arafat est le nouvel Hitler. J’espère que dans le futur nous n’entendront plus trop parler de Bibi ».
Depuis (…) Bibi est ici, et l’Holocauste est le gibet qu’on peut utiliser en n’importe quelle occasion. Il se sert du thème de l‘Holocauste en permanence : si lui, personnellement, ne protège pas l’état d’Israël, tous les citoyens vont finir sur le gibet, en martyrs. Quand donc, pour la dernière fois, Israël a-t-il élu un premier ministre dont le sceptre de l’espoir est enfermé dans le fourreau (de son épée) ?
Netanyahou est passé maître dans l’art du Shoah- business, en parfait disciple de Menahem Begin, qui fut le premier à faire sortir de sa bouteille le génie de l’Holocauste. (…) Au-delà de la mort, il nous a laissé ce legs, vivre dans l’ombre de la mort. Netanyahou respecte ce testament, telle l’incarnation de la Shoah.
Mais désormais il n’est plus seul ; des imitateurs sont apparus. Constatant que la peur est une bonne chose et que c’est payant que d’effrayer, ils ont décidé de devenir ses partenaires en la vendant au public, en capitalisant sur la mémoire de l‘Holocauste.
Les soi-disant nouveaux politiciens actuellement élus à la Knesset, ont rejoint les rangs des marchands de peur. Le demi-million d’israéliens qui ont apporté leur voix à Yesh Atid (i-e : Il y a un Futur) aux dernières élections parlementaires ne pouvaient imaginer à l’époque que ce passé sera, en fait, ce nouveau futur.
Lors d’une récente visite en Hongrie, Yair Lapid a fait un discours typique du style Netanyahou, évitant de parler de ce que l’état juif avait appris en cours sur le Troisième Temple de Jérusalem, mais de ce que ça peut apprendre aux autres, dans le prolongement des cours.
Pour marquer ce 25ème anniversaire de la Marche pour la Vie, qui est un regard en arrière et pas en avant, le ministre de l’Education Shay Piron a fait une visite en Pologne avec des étudiants d’une grande école et des célébrités locales. A son retour en Israël, Piron a fait passer en douce une idée galvanisante : à partir de maintenant, non seulement toute la jeunesse d’Israël depuis l’âge de 17 ans et au-dessus absorbera les radiations mortelles de l’Holocauste, mais les très jeunes enfants y seront aussi exposés ; après tout, une âme d’âge tendre absorbe tout très profondément.
Les enfants qui ne sont pas encore en pleine possession de leur manière de penser auront désormais pour perspective de devenir fous.
– « Qu’as-tu appris aujourd’hui, au jardin d’enfant, mon doux cœur ?
– « Nous avons appris que si nous ne finissons pas nos assiettes un officier de police allemand viendra pour nous rafler ».
Si parmi nos lecteurs il y en a qui ont des enfants et des petits-enfants, je leur conseille fermement de ne pas les envoyer dans ce genre de jardin d’enfants, apparemment sympa, mais qui est surtout une sorte de prison de sécurité maximum.
http://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.554378
(TRADUIT PAR CAROLE SANDREL pour CAPJPO-EuroPalestine)
CAPJPO-EuroPalestine
